Catégorie : Antiquité
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille
Type de projet : fouille programmée (« Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Date : 2010-2012
Responsable de l’opération : Jérôme Besson
Notice et documents : Jérôme Besson
- I – Connaissance du site
- II – Historique des recherches
- II – Résultats des trois campagnes de fouilles 2010-2011-2012
I – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Connaissance du site
Le site de Cantilia est localisé au lieu-dit Chantelle-la-Vieille, sur la commune de Monestier, au sud du département de l’Allier. L’agglomération antique semble s’étendre à proximité d’un affluent de la Sioule, la Bouble. Cette rivière prend sa source dans le Puy-de-Dôme, à l’ouest du massif des Colettes et contourne ce dernier suivant de profonds ravins. La rivière débouche dans une petite plaine au niveau du lieu-dit l’Hermitage sur la commune de Monestier. Ce bassin marque en quelque sorte la transition entre les Combrailles, les Limagnes bourbonnaises et le Bocage.
Deux sources anciennes mentionnent l’existence de l’agglomération de Chantelle-la-Vieille. En effet, une lettre de Sidoine Apollinaire adressée à Vectius, datée de 470-471, évoque l’église de Cantilia: « J’ai visité tout dernièrement l’église de Chantelle à la prière du sénateur Germanicus » (« Nuper rogatu Germanici spectabilis uiri Cantillensem ecclesiam inspexi » (Sidoine Apollinaire, Lettres, livre IV, XIII, Traduction A. Loyen).
La seconde référence à l’agglomération antique de Chantelle-la-Vieille provient de la Table de Peutinger. Cantilia est mentionnée comme un lieu situé sur le passage de la voie antique reliant Augustonemetum à Limonum (Clermont-Ferrand à Poitiers).
À en croire F. Pérot, Chantelle serait attestée sur une monnaie du IVème siècle sous la forme de CANTILIACO VICO (Pérot 1889b : 197). Mais J. Corrocher insiste sur « l’extrême prudence » qu’il convient d’avoir à l’égard de cette hypothèse (Corrocher 1986 : 46).
II – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Historique des recherches
Historique des recherches
Les premières découvertes effectuées à Chantelle-la-Vieille sont connues par les écrits de l’Abbé Boudant (Boudant 1862). Cet érudit, passionné d’histoire et d’archéologie, occupait les fonctions de curé de la paroisse de Chantelle. Il est le premier à faire état de découvertes archéologiques dans les environs de Chantelle.
Les travaux les plus sérieux, s’appuyant sur des découvertes archéologiques concrètes, sont sans nul doute les recherches de H. Delaume (Delaume 1973 ; Delaume 1983 ; Delaume 1984). Après plus de dix ans de prospections, guidé par les agriculteurs locaux, il réussit à identifier l’emplacement de Cantilia près de l’actuel village de Chantelle-la-Vieille.
L. Fanaud est également l’un des premiers à apporter des preuves de l’existence de cette agglomération. Selon lui, « les innombrables vestiges gallo-romains, les restes de voies, découverts à Chantelle-la-Vieille, prouvent que cette bourgade était un nœud routier très important et qu’elle est bien la Cantilia » (Fanaud 1960 : 135).
Plus tard, alors que les travaux de H. Delaume, repris par D. Lallemand ont permis de cerner les limites de l’habitat groupé, et d’identifier une nécropole, l’analyse des collections de mobilier issues de Chantelle-la-Vieille révèle la présence d’habitats datés de La Tène D (Lallemand 2004 : 58). Situés sur un lieu stratégique, à proximité d’un des rares gués de la Bouble, les Bituriges donnaient probablement réponse aux Arvernes de l’oppidum de Bègues, à environ 13 km.
Les opérations archéologiques menées à Cantilia sont rares. La seule intervention récente est l’œuvre de D. Lallemand, qui effectue deux sondages exploratoires pour tenter d’appréhender les niveaux anciens de cette bourgade, en 2003. Ces opérations furent assez décevantes, puisque seul un sondage s’est révélé positif, avec un simple niveau d’épandage contenant du matériel céramique antique.
Historique des recherches sur le site concerné par l’opération archéologique
Suite à des travaux liés à une prospection thématique menée en 2007 et 2008 sur les agglomérations secondaires antiques du département de l’Allier (Besson 2008), des vestiges ont été observés sur le site « 9, rue du Vieux Bourg », à Chantelle-la-Vieille sur la commune de Monestier.
Une visite sur le terrain avec H. Delaume nous a permis de remarquer la présence de vestiges, visibles dans un talus situé à l’arrière d’une maison d’habitation. Il semblerait qu’une partie de la terrasse de la Bouble ait été reculée pour la construction de cette maison. Ces travaux, qui doivent dater au minimum du début du siècle dernier, ont alors probablement détruit une partie du site. Par la suite, après le changement de propriétaire en 2003, le talus surplombant la face nord de la maison a été repoussé de quelques mètres pour assainir les murs nord-est de la maison. Le site a, là encore, subi quelques dommages.
Ainsi, différentes strates contenant du mobilier archéologique ont été observées. La découverte de ces vestiges – datés de l’époque antique – a engendré la naissance d’une problématique axée sur l’identification et la datation de ces structures.
Pour ce faire, une campagne de sondages a été menée durant 5 semaines lors de l’été 2009. Les résultats ont été au-dessus de toute attente avec la mise au jour de substructions gallo-romaines dans un état de conservation remarquable. Le mobilier collecté a également permis l’identification d’une phase d’occupation très longue s’étendant de la période augustéenne au haut Moyen Âge, soit sur une durée d’environ 800 ans.
III – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Résultats des trois campagnes de fouilles 2010-2011-2012
Afin d’aborder dans les meilleures conditions ces différents vestiges, une opération de plus grande ampleur a alors vu le jour en 2010 et s’est poursuivie jusqu’en 2012, pour aboutir à plus de 5 mois cumulés de fouille.
Des niveaux tardo-antiques et alto-médiévaux (IIIème – VIIIème siècle ap. J.-C.)
Les premiers niveaux repérés appartiennent au haut Moyen Âge, dernière occupation préservée dans ce secteur. Il s’agit d’une vaste zone empierrée constituant un solide radier de galets et de fragments de tuiles. Des trous de poteaux ancrés dans ces couches témoignent de la présence d’un ou plusieurs bâtiments dont le plan reste indéterminé. Un foyer domestique et des fosses-cendriers suggèrent qu’il s’agit de structures d’habitat. Ces observations sont corroborées par l’abondance du mobilier céramique collecté dans ces niveaux. L’étude céramologique de ces restes a par ailleurs permis de dater ces vestiges des VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Ainsi, avec un corpus de plus de 7000 fragments de poteries, le site de Cantilia constitue aujourd’hui un site de référence pour la période.
L’occupation du Haut-Empire (Ier-IIIème siècle ap. J.-C.)
Sous ces niveaux, apparaissent les premiers murs gallo-romains, parfois conservés sur plus de 1,50 m de hauteur. Dès le IIe siècle, ils ferment des espaces qui semblent relativement sommaires. Les murs sont construits sans réelle fondation, avec des roches locales et relativement peu de mortier de chaux. Leur exceptionnel état de conservation n’est pas tant dû à leur solidité, qu’au colmatage du secteur par d’épais niveaux de remblais déposés entre le IIIe et le VIe siècles de notre ère. Ces travaux de remblaiement traduisent une certaine reprise du secteur durant l’Antiquité tardive.
Ces espaces bâtis sont desservis dès le Haut-Empire par des petits axes de circulation. Ces venelles grossièrement empierrées sont par ailleurs entretenues durant plusieurs siècles, indiquant ainsi l’importance de la structuration de ce secteur de l’agglomération. La présence et la position particulière de ces ruelles, ainsi que le caractère peu soigné des constructions mises au jour, laissent présager que nous nous situons à l’arrière de bâtiments d’habitation, probablement disposés le long de la voie principale (approximativement sous la route actuelle). Cette hypothèse est confirmée par la découverte, au sud-ouest de la fouille, de l’angle d’une pièce dotée d’un sol en béton appartenant vraisemblablement à une habitation, aujourd’hui quasi entièrement détruite par les aménagements des derniers siècles. Un autre indice tend à suggérer la proximité d’habitations dans le secteur. Il s’agit de la découverte d’au moins deux tombes de nourrissons. A l’époque antique, ces inhumations revêtent un statut particulier et sont aménagées au plus près des foyers. A l’instar de Cantilia, il n’est alors pas rare de les retrouver contre les murs des maisons. L’une d’entre elles est particulièrement bien conservée. Sa fouille a permis de déceler que le nourrisson avait été inhumé au sein d’un petit coffre en bois clouté. Disposé le long d’un mur, ce modeste cercueil a ensuite été recouvert d’offrandes, dont seules les céramiques (trois vases) nous sont parvenues. Contemporaine de ces bâtiments, une cave a été dégagée. Mesurant une surface au sol de plus de 12 m², elle est conservée sur une profondeur de 1,60 m. Les parois étaient probablement cuvelées à l’aide de bois, comme en témoignent des clous fichés dans le substrat, ainsi que des éléments retrouvés carbonisés. En effet, de nombreux indices indiquent que le bâtiment qui surmontait la cave a subi un fort incendie. Sous l’effet des flammes, le plancher en bois qui soutenait un sol en béton (du rez-de-chaussée) a cédé et s’est effondré dans la cave. Au-dessus, ont été retrouvés de très nombreux fragments d’enduits peints brûlés, des restes de torchis des cloisons du bâtiment, ainsi que des éléments architecturaux en calcaire, complètement fragmentés sous l’effet de la chaleur. Si cette cave faisait probablement partie d’une demeure située au-devant de la zone fouillée, la salle qui la surmontait interpelle par son décorum.
Enfin, évoquons maintenant les vestiges les plus anciens mis au jour dans ce quartier gallo-romain. Il s’agit de trois fours aménagés avant que le secteur ne soit bâti. Malgré un bon état de conservation, le premier n’est pas daté. Ses dimensions réduites laissent suggérer qu’il s’agit d’un four de potier. Le second est très mal conservé – abîmé notamment par les murs construits postérieurement –, mais il peut être rattaché à une période s’étendant du second quart du Ier siècle au début du IIe siècle de notre ère. Ce dernier est installé contre un four déjà existant, qui constitue une des découvertes-phares du site de Cantilia.
Un dépôt funéraire atypique dans un four à chaux augustéen
Il s’agit d’un four à chaux de grandes dimensions, mesurant 2,80 m de diamètre pour 1,80 m de profondeur. De forme circulaire, ses parois sont uniquement constituées d’argile cuite. Au nord, un alandier donne accès à un cratère en argile, où s’effectuait la combustion. Les dimensions du four, des blocs de calcaire brûlés et des résidus de chaux contre les parois, indiquent qu’il s’agit d’un four de chaufournier.
Il existe en outre de nombreuses similitudes entre cette structure et deux autres fours connus régionalement à Varennes-sur-Allier (Lallemand 2005) et Monteignet-sur-l’Andelot (Besson et alii 2018).
A l’instar de Varennes, le four de Cantilia est daté de la période augustéenne (0-20 ap. J.-C.), ce qui constitue un développement précoce de l’artisanat de la chaux dans nos régions. Il témoigne également d’une importante politique de construction au début du Ier siècle de notre ère dans l’agglomération, peut-être pour l’édification de bâtiments publics.
Enfin, si le four en lui-même constitue une découverte remarquable pour le site de Cantilia, nous soulignerons qu’il contient également un dépôt funéraire tout à fait exceptionnel. En effet, sous un épais niveau de dépotoir daté du milieu du Ier siècle de notre ère, a été dégagé un ensemble de restes osseux. Ces restes correspondent au dépôt d’un homme, d’une femme, d’une carcasse de cheval et de quatre chiens. Les individus sont soigneusement disposés contre les parois et au centre du four. Cette structuration du dépôt montre qu’il s’agit d’un acte volontaire.
La femme, d’environ 60 ans, est inhumée sur le côté gauche. Elle est parée d’une perle en verre, et de deux fibules datées de l’époque augustéenne.
A côté d’elle, un chien est disposé contre la paroi sud.
Toujours le long de la paroi, une carcasse a été déposée. Il s’agit des restes d’un cheval mâle d’environ 13 ans, dont il manque les pattes, la mandibule et le postérieur.
A l’entrée du four, face à l’alandier, l’individu de sexe masculin est inhumé sur le côté gauche. Son bras droit présente une torsion volontaire, de sorte que sa main repose sur des fragments de céramique. Devant ses genoux, un crâne de chien a été retrouvé. Enfin, deux autres canidés sont disposés tête-bêche au centre du four.
Le dépôt est indubitablement organisé de telle façon qu’il suit la paroi circulaire du four.
Cette mise en scène témoigne de l’existence de rites funéraires complexes, qui trouvent pour partie écho sur des sites plus anciens de Gaule septentrionale. Si ce type de dépôt dans un four à chaux reste inédit, il n’est effectivement pas sans rappeler les inhumations de Wettolsheim (Ve-VIe siècle av. J.-C., Méniel 1988) et de Varennes-sur-Seine (La Tène ancienne, Méniel 2005), également associées à des chevaux et/ou des chiens. Nous noterons cependant l’important écart chronologique qui existe entre ces parallèles.
A Cantilia, comme le confirme le mobilier recueilli et une datation C14 obtenue sur un ossement, le four semble bien dater de la période augustéenne. Cette structure revêt donc deux singularités majeures, avec la précocité même du four à chaux – qui, avec Varennes-sur-Allier, en fait l’un des plus anciens de la région – et la pérennité de pratiques funéraires d’origine celtique.
Bibliographie
Besson et alii 2018 : Besson (J.), Ducreux (A.), Garcia (N.), Gonon (I.), Guillon (R.), Jaouen (G.), Legagneux (M.), Lorenzo-Martinez (M.), Médard (F.), Pasquier (D.), Petit (M.), Schaad (D.) – L’évolution d’un habitat rural de l’époque gauloise à l’Antiquité tardive au cœur de la Limagne bourbonnaise, à Bassat, Monteignet-sur-l’Andelot, Rapport final d’opération, 2018, Clermont-Ferrand, SRA Auvergne – Rhône-Alpes – SAPDA – APRR, 3 volumes, 1040 p.
Besson 2012 : Besson (J.), avec la collaboration de S. Chabert, J. Debard, A. Ducreux, S. Goudemez, A. Merlet, Monestier (03), Chantelle-la-Vieille, 9 rue du Vieux Bourg, Rapport de fouille archéologique programmée (campagne 2011), DRAC, SRA Auvergne, 2012, 1 volume.
Besson 2011 : Besson (J.), avec la collaboration de S. Chabert, M. Dacko, A. Ducreux, S. Goudemez, L. Pruneyrolles, A. Sérange et J. Viriot, Monestier (03), Chantelle-la-Vieille, 9 rue du Vieux Bourg, Rapport de fouille archéologique programmée (campagne 2010), DRAC, SRA Auvergne, 2011, 2 volumes.
Besson 2009 : Besson (J.), avec la collaboration de Chabert (S.) et Ducreux (A.) – Monestier (03), Chantelle-la-Vieille, 9 rue du Vieux Bourg, Rapport de sondages archéologiques, DRAC, SRA Auvergne, 2009, ill.
Besson 2008 : Besson (J.) – Les agglomérations secondaires à l’époque romaine dans le département de l’Allier, Rapport de prospection thématique, DRAC, SRA Auvergne, 2008, ill., 62 p. et fiches de site.
Boudant 1862 : Boudant (M. l’Abbé) – Histoire de Chantelle, Monographies des Villes et Villages de France, Paris, Le Livre d’Histoire, 1862, nouv. éd. en 2004, 262 p.
Corrocher 1986 : Corrocher (J.) – Contribution à l’étude du peuplement du Bourbonnais à l’époque romaine, Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais, 63, 1986, ill., p. 41-80.
Delaume 1973 : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille, 1973, p. 49-51.
Delaume 1983 : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille à l’époque gallo-romaine, Le Pays Gannatois, 62, 1983, p. 8-12.
Delaume 1984a : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille à l’époque gallo-romaine, Le Pays Gannatois, 63, 1984, p. 7-12.
Delaume 1984b : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille à l’époque gallo-romaine, Le Pays Gannatois, 64, 1984, p. 2-6.
Fanaud 1960 : Fanaud (L.) – Voies romaines et vieux chemins en Bourbonnais, Moulins, 1960, p. 134-137, 232-234 et 296-298.
Lallemand 2004 : Lallemand (D.) – Recherches sur les sites de l’âge du Fer dans le département de l’Allier, Rapport de Prospection Thématique 2003, Clermont-Ferrand, 2004, SRA Auvergne, p. 58.
Lallemand 2005 : Lallemand (D.) – Varennes-sur-Allier (Allier), Rue du 4 septembre, rue Gambetta, Rapport de sondage archéologique, INRAP, Clermont-Ferrand, 2005, SRA Auvergne, np.
Méniel 1998 : Méniel (P.) – Un cheval sous une sépulture gauloise à Wettolsheim « Ricoh » (Haut-Rhin). Cahiers Alsaciens d’Archéologie, d’Art et d’Histoire, 31, 1998, p. 70-73.
Méniel 2005 : Méniel (P.) – La sépulture humaine et le dépôt d’animaux de Varennes-sur-Seine « Le Marais de Villeroy » (Seine-et-Marne). XXVIe Colloque AFEAF de Saint-Denis, Revue Archéologique du Centre de la France, 26e suppl., 2005, p. 181-191.
Pérot 1889 : Pérot (F.) – Les monétaires mérovingiens restitués au Bourbonnais, Annales Bourbonnaises, III, 1889, p. 197.
Sidoine Apollinaire, Lettres, Tome II, Livre IV, XIII, Collection des Universités de France, Paris, Les Belles Lettres, 1970. Texte établi et traduit par A. Loyen.
Les pèlerins de Chamalières
Les pèlerins de Chamalières : article publié dans « L’Archéologue Archéologie Nouvelle n° 95 avril – mai 2008 » qui nous a aimablement autorisé à le reproduire
Le musée Bargoin abrite la plus importante collection de sculptures en bois gallo-romaines qui ait été conservée à ce jour. Ce ne sont pas des effigies divines, mais des milliers d’ex-voto mis au jour, de1968 à 1971, au lieu-dit « Source des Roches » à Chamalières, à la limite ouest de Clermont-Ferrand (Augustodunum).
Le nombre impressionnant de tablettes de bois représentant les organes internes attestent le caractère médical de ces offrandes. Les sculptures les plus belles sont les images des fidèles eux-mêmes, figurés en pied ou en buste. La majorité d’entre elles sont de petites stèles au visage peu détaillé ; les hommes sont vêtus de la pèlerine, plus rarement d’un manteau et d’une tunique courte, les femmes d’une tunique longue recouverte d’un manteau drapé ou agrafé. Les personnes sont représentées debout, de face, dans une attitude un peu rigide, les pieds posés sur un petit socle. Ces ex-voto devaient être primitivement disposés en position verticale autour des bassins, fichés dans le sol ou posés sur leur socle.
Durant le Ier siècle de notre ère, cet important sanctuaire de source attirait des foules de pèlerins venus chercher la guérison près de divinités locales. Les statues qu’ils y déposèrent sont pour la plupart en hêtre, mais aussi en chêne, sapin, frêne, bouleau ou châtaignier, et appartiennent à des catégories variées.
Gergovie – 2002 – Fouille du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2002 – Fouille du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Iris Ott et Lionel Orengo
Notice et documents : Lucien Andrieu et Thomas Pertelwieser
Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2002
C’est la première (« Gergovie – 2002 – Fouille du rempart ») d’une série de trois opérations de fouille programmée sur les fortifications de l’oppidum. L’objectif cette année était de fouiller une partie de rempart qui ne l’avait jamais été jusqu’ici.
Après l’évacuation des couches de remplissage, le rempart apparaît maintenant très nettement. Sa largeur à la base est d’environ 2 m.
L’intérieur est fait d’un blocage compact de pierres de taille variable (5 – 20 cm) mélangées avec très peu de terre.
La couche noire organique (à gauche) est un sol de circulation il contient du mobilier daté du Ier siècle avant J.- C. et s’appuie contre la base du mur longitudinal.
L’ultime phase de construction datée, au plus tard, autour du Ier siècle avant J.- C.
Cette fortification semble avoir été en fonctionnement jusqu’au début de l’époque augustéenne puis abandonnée autour du changement d’ère.
On peut remarquer la parfaite conservation du parement interne sur 75 cm de hauteur dans l’alvéole de droite
La couche constituant le talus sur lequel repose le mur a été fouillée, elle renfermait du mobilier (180 fragments de céramique et de nombreux clous) de la fin de l’âge du Fer (milieu du Ier siècle avant J.- C. au 3e quart de ce siècle).
Cette couche paraît être liée à la construction des murs, elle peut avoir constitué une sorte de remblai sur lequel ils auraient été édifiés.
Au fond de l’alvéole gauche on distingue une “ouverture”. Celle-ci a été pratiquée au moment de la construction du mur. Elle mesure 2 m de large vers l’intérieur et 1,70 m vers l’extérieur. Après une durée d’utilisation qu’il est impossible de déterminer, le passage a été condamné et l’ouverture comblée par un “bouchon” de pierres soigneusement parementé sur ses deux faces.
La fonction de cette ouverture est limitée du fait de sa topographie (située au-dessus de l’aplomb rocheux taillé) et de sa petitesse. Elle pouvait faciliter d’éventuels travaux d’entretien le long de la muraille et/ou l’accès à la terrasse à l’aide d’une échelle.
Les murs transversaux reposent sur la même couche archéologique que le mur longitudinal sur lequel ils s’appuient.
Leur base suit le pendage ancien du talus. Ceci permet de repousser l’hypothèse que ces murs aient été construits pour constituer des caissons internes ou celle de servir de contrefort au mur longitudinal.
Il pourrait s’agir, comme l’a suggéré Brogan en 1936, de rampes d’accès pour circuler sur le sommet du mur.
Au premier plan le niveau géologique est atteint. On distingue une rangée de pierres qui délimitait la première phase de construction visible en face de l’ouverture dans le mur. Cette dernière couche contenait du mobilier de l’âge du bronze final et de la fin du premier âge du fer. Elle a livré une fibule (Hallstatt D3)
Un des objectifs était aussi de savoir ce qu’il en était exactement du deuxième “mur” au bord de la terrasse. Il a été intégralement dégagé.
Son épaisseur est de 0,90 m. Sa construction ressemble à celle du rempart mais aucun matériel archéologique ne permet de le dater. Le parement interne du mur situé en bas de la terrasse.
Il est conservé sur 3 assises. Le parement externe qui manquait en 2001 a été découvert. Il ne subsiste plus qu’une seule assise.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie
Gergovie – 2003 – Fouille du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2003 – Fouille du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Iris Ott et Damien Séris
Notice et documents : Lucien Andrieu et Thomas Pertelwieser
Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2003
I – Gergovie – 2003 – Fouille du rempart. Mur du fond de la terrasse
L’objectif principal de la fouille de 2003 est de comprendre les modes de construction et la datation des anciennes phases.
Aucune indication stratigraphique sur la datation de ce mur n’est présente.
Bien que plus étroit que le mur longitudinal du rempart, il est construit de la même façon. Il s’agit vraisemblablement de constructions contemporaines donneront des informations capitales sur la datation des phases anciennes.
II – La terrasse
Une incinération romaine est dégagée sur la terrasse, dans la dernière couche d’éboulis du rempart.
Elle est datée entre 30 et 80 après J.-C. À ce moment-là, le dernier état du rempart est éboulé, son caractère défensif n’existe plus.
Le parement interne du rempart est bien conservé, la couche archéologique a livré des clous de chaussures et des tessons identiques à ceux découverts en 2002 dans l’autre partie.
Les fragments les plus récents datent de la période 25 avant /15 après J.-C. Une bonne longueur du rempart est maintenant découverte
Les pierres sont numérotées et après un relevé très précis le démontage d’ une partie du rempart commence.
Le mobilier des murs transversaux permet de dater leur construction qui ne peut être antérieure au dernier quart du Ier siècle av. J.-C.
Une interprétation claire ne peut être faite de la fonction de ces murs, ils ne se justifient pas comme contrefort, car on n’a constaté aucune menace d’écroulement côté plateau. On a plutôt l’impression d’une construction en forme de rampe pour monter sur le rempart.
Le niveau de leur base et leur mode de construction permettent de penser qu’ils peuvent appartenir au même état stratigraphique que le mur longitudinal. Seul le dégagement complet de la couche passant sous ce mur permettra d’éclaircir la datation de la construction de cette dernière phase du rempart.
Les pierres ont été stockées pour une reconstruction future.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Iris Ott
Notice et documents : Lucien Andrieu et Thomas Pertelwieser
- Phase I. (~3000 / 750 av. J.-C. Fin du Néolithique – fin de l’Âge du Bronze)
- Phase II. Première étape de construction : 650/580 av. J.-C. (HA D1)
- Phase II. Deuxième étape de construction : fortification 1 ; 650/580 av. J.-C. (HA D1)
- Phase II. Troisième étape de construction : fortification 1 ; 650/510 av. J.-C. (HA D1)
- Fonctionnement : fortification 1 ; 510/480 av. J.-C. (HA D3)
- Destruction : fortification 1 : 500/375 av. J.-C. (HA D/LT A)
- Phase III. Occupation et utilisation de la terrasse : 75/25 av. J.-C.
- Phase IV. Construction du long mur de rempart et de celui de la terrasse : fortification 2 ; 60/15 av. J.-C.
- Construction des murets transversaux : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
- Utilisation et fonctionnement : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
- Réfection et fermeture de la poterne : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
- Utilisation et fonctionnement : fortification 2 ; 60/15 av. J.-C.
- Destruction et abandon : fortification 2 ; 25 av. / 15 ap. J.-C.
- Phase V. Incinération : 20/60 ap. J.-C.
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart. Phase I. (~3000 / 750 av. J.-C. Fin du Néolithique – fin de l’Âge du Bronze)
Le remblai du rempart a permis la conservation d’une couche d’humus contenant du mobilier daté de la fin du Néolithique jusqu’à la fin de l’âge du Bronze.
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart. Phase II. Première étape de construction : 650/580 av. J.-C. (HA D1)
L’édification de la grande terrasse a sûrement marqué le début des travaux sur la première fortification.
La terrasse fut creusée profondément dans la pente naturelle de manière à former un replat horizontal d’une largeur maximale de 15 m et un escarpement rocheux qui est encore préservé sur 2,50 m de hauteur. La partie haute de ce front de taille est fortement érodée. La hauteur originale jusqu’au niveau du replat du plateau et de la base du rempart pouvait être élevée jusqu’à 4,40 m. Les déblais constituent la base de matériaux de construction du rempart.
À l’extrémité du bord du plateau des aménagements initiaux à la construction du rempart sont observables.
La couche d’occupation ancienne fut nivelée.
À environ 3 m de l’escarpement deux trous de poteau ont été observés. Ils sont parallèles à l’axe du rempart et distants de 1,10 m. Leurs creusements sont fortement érodés, leurs diamètres (40 et 35 cm) et leur profondeur (15 cm) ne sont donc que des indices. Surtout leur position proche à l’arête d’érosion du rempart ne permettait pas d’observer des régularités, car de possibles autres vestiges ont tout simplement été pulvérisés par l’érosion. Ces trous de poteau sont les seuls indices de l’emplacement du parement externe du rempart 1.
Sur le même niveau, à 1,5 m de l’emplacement du parement supposé, un dépôt de deux vases céramiques aux 2/3 conservés fut pratiqué. Cette trouvaille peut être interprétée comme sacrifice ou dépôt lié à la construction du rempart 1.
Des faits similaires sont assez fréquents pour des fortifications, comme la découverte de 4(!) dépôts d’outils en fer à Linz-Gründberg (Autriche, fouille de O.H. Urban), deux dépôts (os d’animaux, meules) ont été dégagés cette année sur le Mont Lassois en Bourgogne (fouille T. Pertlwieser).
Directement au sud de ce dépôt se trouve un alignement de blocs de basalte sur 3,10 m de longueur dans l’axe du rempart. D’autres blocs sont aménagés sur le bord ouest du dépôt. Il pourra s’agir soit d’une sorte d’encadrement de la déposition soit – et c’est plus vraisemblable – d’un reste d’un renforcement interne du parement externe.
Deuxième étape de construction : fortification 1 ; 650/580 av. J.-C. (HA D1)
La deuxième étape est marquée par une première couche de déblai, qui se compose de la terre organique, similaire à la couche d’occupation. En effet il est vraisemblable qu’il s’agit de la même terre, qui était aplanie en dessous de la base du rempart et déversée dans la rampe. Au-dessus se trouve une deuxième couche de déblai.
La deuxième plate-forme de pierres est la mieux conservée de ces états. Son extrémité nord est délimitée par une face interne, qui est partiellement préservée sur deux assises de blocs
basaltiques. La distance entre cette face interne et la position supposée du parement externe est 7 m environ.
Deux possibles trous de poteau ont été observés. Ils sont parallèles à l’axe de la face interne. Il est remarquable que les positions des trous de poteau observés au niveau de la 1ere étape de construction et le poteau IF 10148 se trouvent dans un angle droit et que la distance entre ceux de la 2 ème étape (2,30 m) correspond quasiment au double de ceux de la 1ere étape (1,10 à 1,15 m).
Un socle de pierres situé sur la plate-forme à son extrémité nord délimite la 2ème étape et établit un contact direct avec la 3 ème.
Troisième étape de construction : fortification 1 ; 650/510 av. J.-C. (HA D1)
Au-dessus de la couche de remblai se trouve la troisième plate-forme en pierres. A sa base elle est en contact direct avec le socle basaltique. Les traces de trois possibles trous de poteau ont été observées. Leurs emplacements ne se trouvent pas en relation régulière avec ceux des étapes précédentes. Il est à noter qu’il s’agit dans ce cas plutôt d’espaces vides entre les blocs de basalte de la plate-forme, qui ne peuvent pas être attribués aux vestiges de construction avec certitude.
Au-dessus de ce niveau se trouvent les restes d’une autre couche de remblai d’une consistance plus organique par comparaison avec les autres. Il pourra s’agir dans ce cas-là d’un reste peu épais de la surface originale du rempart 1. L’inclinaison de cette couche peut servir à calculer la hauteur originale de la construction. Sa projection prolongée vers l’emplacement du parement externe démontre une hauteur minimale du rempart 1 de 2,30 m.
Fonctionnement : fortification 1 ; 510/480 av. J.-C. (HA D3)
La phase de fonctionnement du rempart 1 se présente à l’emplacement du talus par une couche d’occupation de consistance organique et située contre la face interne du rempart. En 2002 cette couche a livré une fibule du HA D3. La couche peut être interprétée comme sol de circulation contemporain au fonctionnement du rempart 1.
Sur la terrasse, une couche d’altération du substrat s’est formée postérieurement à son édification.
Sur ce niveau, préservé par les éboulis, se trouvent les restes d’une couche d’ancien humus. Sa surface correspond à un sol de circulation.
Destruction : fortification 1 : 500/375 av. J.-C. (HA D/LT A)
À l’emplacement du talus, la phase d’abandon ou respectivement de destruction du rempart 1 est uniquement observable par des structures qui sont liées à la construction du rempart 2.
Sur la terrasse, la couche d’éboulis est composée de blocs de basalte d’une taille identique à ceux des plates-formes du talus. Il est remarquable que la quantité de matériaux éboulés, qui se trouve sur la terrasse, correspond parfaitement au volume manquant sur le talus, entre la position supposée du parement externe et les structures conservées.
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart. Phase III. Occupation et utilisation de la terrasse : 75/25 av. J.-C.
Situés entre les éboulis du rempart 1 et de la deuxième fortification les seuls vestiges des interventions humaines datables autour de la Guerre des Gaules ont été observés sur la terrasse. Il s’agit d’un horizon de terre organique, contenant les restes d’une fosse avec un diamètre de 1 m environ. L’aspect du matériel, aux cassures par comparaisons fraîches, laisse supposer un horizon d’utilisation de la terrasse.
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart. Phase IV. Construction du long mur de rempart et de celui de la terrasse : fortification 2 ; 60/15 av. J.-C.
À l’emplacement du talus, la construction du rempart 2 est marquée par l’interface de construction, qui recoupe les couches de remblai du rempart 1. Une perturbation du blocage de pierres est liée à cette intervention. Deux couches de remblai reposent sur ce niveau et servent comme aplanissement pour la construction des structures par-dessus.
La construction des vestiges structurels du rempart 2 semble avoir été effectuée en deux étapes. La première, correspondante à la phase IVa1, est l’édification du mur longitudinal. Il est maçonné en technique de pierre sèche, les parements sont construits avec des blocs de basalte non taillés, d’un diamètre variable de 15 à 50 cm au plus.
La grande majorité des pierres a un diamètre de 20 à 30 cm. Le fourrage consiste en un remplissage avec des pierres plutôt petites de 10 à 20 cm. L’état de conservation du mur longitudinal montre une dégradation de l’ouest à l’est.
A l’extrémité ouest, son parement interne est préservé sur 0,95 m de hauteur (8 – 10 assises de pierres), à l’Est sur seulement 0,30 à 0,40 m (2 – 3 assises). Dans la coupe Est du sondage 1 il ne reste aucune trace du mur longitudinal, ce que peut être une conséquence de la construction de la route ou respectivement du petit parking, qui se trouve dans l’angle sud-est du plateau. Le parement externe n’est que préservé sur une assise de pierres, et il se trouve en position d’écroulement. Le mur a une largeur de 2,10 à 2,20 m. Dans les carrés F à H, le mur est interrompu par une petite ouverture ou poterne. Elle mesure 2 m au nord et 1,7 m au sud et donc est légèrement tronconique. Comme sa position ne laisse aucun accès au contrebas du rempart sur la terrasse, il est à supposer qu’il s’agissait d’un accès au côté externe du mur longitudinal, afin de permettre de travaux de construction ou réparation.
Sur l’arrêt de la terrasse, un petit muret parallèle à l’axe du rempart a été édifié. Sa maçonnerie correspond à celle du mur longitudinal. Sa largeur est relativement irrégulière et varie de 0,90 à 1,40 m. Il est préservé sur 0,60 m de hauteur maximale (3 à 4 assises de pierres), le parement externe n’est préservé que sur une assise.
Construction des murets transversaux : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
La deuxième étape de construction du rempart 2 correspond à l’édification de murets transversaux contre la face interne du mur longitudinal. Les vestiges de trois de ces murets furent dégagés pendent les fouilles. Ils sont distants les uns des autres de 4,10 m (muret K à L) et 4,90 m (muret L à M). Leur mode de construction correspond à celui du mur longitudinal et leurs bases reposent sur le même niveau de construction.
Le muret K est préservé sur 3,70 m de longueur et sur 0,95 m de hauteur, sa largeur maximale est 1,70 m.
Le muret L a des dimensions comparables : 3,00 m de longueur, 0,50 m de hauteur et 1,70 m de largeur.
Le muret M n’est qu’un reliquat de son parement ouest, il fut presque complètement détruit suite aux fouilles des années 30.
L’état de conservation commun de murets K et L montre une dégradation forte vers l’intérieur du plateau.
À l’extrémité sud les murs ne sont que préservés sur une seule assise de pierres.
C’est peut-être une conséquence de la destruction partielle du talus pendant la construction de la route du plateau.
Les bases des murets ainsi que les assises des pierres des parements présentent une légère inclinaison vers le nord, en suivant le pendage de la rampe du rempart 1 en dessus.
Utilisation et fonctionnement : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
Une fine couche de terre organique, située à la base de la poterne et contre les parements de ses angles peut correspondre à un sol de circulation de la phase IVb.
Elle peut présenter un fonctionnement relativement court de cet état.
Réfection et fermeture de la poterne : fortification 2 : 60/15 av. J.-C.
La poterne fut refermée peut-être directement après l’achèvement de travaux de construction.
Le parement externe de cette fermeture est préservé sur une assise de pierres. Le parement interne est constitué en de grandes pierres plates, trouvées en position d’éboulement.
L’espace entre ces parements fut rempli avec un fourrage de pierres de plus grand volume comparé au mur longitudinal.
Utilisation et fonctionnement : fortification 2 ; 60/15 av. J.-C.
Situées dans les alvéoles des murets transversaux, des couches de terre organique sont posées contre leurs parements et contre celui du mur longitudinal. L’une se trouve à l’ouest du muret K, une autre entre les murets K et L et une troisième entre L et M. Ils correspondent à un niveau de circulation de la phase IVd. Cette interprétation est renforcée par la trouvaille de plusieurs clous de chaussures romaines, dont plusieurs exemplaires dites à la croix, et un nombre de clous de maçonnerie.
Destruction et abandon : fortification 2 ; 25 av. / 15ap. J.-C.
L’abandon du rempart 2 est marqué sur le talus par une interface de destruction, qui correspond au bord de démolition du mur longitudinal et des murets transversaux. Au côté externe du rempart se trouve une couche d’éboulis, constituée des pierres écroulées du mur longitudinal. Au côté interne le seul éboulis identifiable est une couche qui correspond au comblement écroulé de la fermeture de la poterne. Les alvéoles entre les murets transversaux sont remplies avec des couches mélangées de terre et des pierres. Ce niveau ensuite fut recouvert avec un dense blocage de grands blocs basaltiques, qui remplit complètement les alvéoles et se disperse aussi au-dessus des bords supérieurs des murs.
Sur la terrasse les couches d’éboulis correspondent à l’éboulement du rempart 2. La couche d’éboulis du mur sur l’arrêt de la terrasse est positionnée de façon équivalente.
Le mobilier de ces niveaux est relativement homogène, l’abandon du rempart 2 semble avoir été un processus intentionnel effectué rapidement.
Gergovie – 2004 – L’histoire d’une portion du rempart. Phase V. Incinération : 20/60 ap. J.-C.
La trouvaille d’un reste d’au moins une incinération démontre une utilisation de la terrasse postérieure au fonctionnement des fortifications.
La tombe fut creusée dans la dernière couche d’éboulis du rempart. Elle est fortement érodée et bouleversée. Le fond d’un vase se trouve in situ. Il contient des fragments d’os humains brûlés et un petit objet en fer non identifiable. Dans les environs proches, il y avait de très nombreux fragments de céramiques appartenant à plusieurs vases ainsi que des os brûlés. Sa position stratigraphique prouve qu’à une date située entre 30 et 60 ap. J.-C., le rempart 2 était déjà éboulé. A ce moment, le caractère défensif de l’angle sud-est du plateau n’existe plus.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie
Gergovie – 2005 – Fouille du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2005 – Fouille du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Iris Ott
Notice et documents : Lucien Andrieu et Thomas Pertelwieser
Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2005
- I – Le bastion ouest
- II – L’entrée et la porte
- III – Sondage dans le rempart sud
La fouille de 2005 (« Gergovie – 2005 – Fouille du rempart ») a permis de dégager la porte Ouest dans son intégralité. Le résultat principal est que la quasi-totalité du site a été dégagé au cours des fouilles de Brogan et Desforges en 1937 à 1938, chose qui était impossible de prévoir avant les opérations de 2004 et 2005Afin de pouvoir documenter toutes les structures de la porte Ouest, les réfections modernes sur les parties hautes des murs ont été enlevées dans tous les secteurs de la fouille.
I – Le bastion ouest
La partie ouest de la pièce du bastion Ouest est le seul secteur qui livre des niveaux archéologiques préservés, c’est la seule qui ne fut pas entièrement fouillée.
Ces niveaux comprennent essentiellement des couches de remblais qui ont servi au nivellement du substrat.
Le mobilier collecté dans ces niveaux, relativement homogène bien que peu abondant, nous donne un terminus post quem pour la construction de cette porte. Même s’il n’est pas abondant, ce mobilier permet de donner de proposer une datation aux années 20-5 av. J.-C. pour la construction de la porte. Cette proposition de datation, que l’on pourra difficilement préciser, compte tenu du caractère ténu des niveaux archéologiques conservés, permet toutefois de repousser confirmer la datation ancienne du rempart antérieur en pierres sèches.
Le mur d’environ 90 cm de largeur est conservé sur 7 assises de pierres au maximum.
De gros blocs de basalte ont servi à remblayer la pièce jusqu’au niveau de la base des murs ouest et nord. Ces couches de remblai passent sous les murs ouest et nord mais s’appuient contre le parement interne du mur sud. Il semble toutefois que ces trois murs sont contemporains (comme en témoigne les chaînages d’angle observé) et résultent d’une même phase de construction.
L’enlèvement de ce remblai a révélé la présence d’un muret en pierre sèche, orienté vers le nord-est et de son éboulis. Seul le parement Nord-Ouest de ce muret est conservé sur une seule assise de pierres. L’extrémité sud du mur est complètement détruite. À son autre extrémité, il passe sous le mur nord de la pièce.
Sous ce niveau une découverte inattendue a été faite à la fin de la campagne de fouille. En partie engagé sous les murs Sud et Ouest de la pièce, a été mis en évidence l’ouverture d’un puits ou d’une citerne. En plan, cette structure est de forme circulaire. Sa construction fait appel à la pierre pour la partie dégagée du cuvelage. Elle n’a fait l’objet, compte tenu de la date de sa découverte, que d’une fouille superficielle sur une hauteur de 90 cm.
Le mobilier céramique présent dans ces couches, notamment un petit lot homogène de vaisselle d’importation (sigillée italique et gobelet à parois fines), permet de donner un terminus post quem aux années 20 av. J.-C. pour cette phase de construction.
Le mobilier du remblai contient également plusieurs éléments métalliques qui peuvent appuyer cette identification à une phase de construction.
II – Gergovie – 2005 – Fouille du rempart. L’entrée et la porte
Dans le secteur de la porte, la fouille « Gergovie – 2005 – Fouille du rempart » a livré des vestiges qui peuvent indiquer l’existence d’une construction précédente à la porte gallo-romaine. À l’origine, le rempart en pierre sèche semble avoir continué à l’emplacement de la porte et un alignement des possibles creusements de poteaux verticaux pourrait correspondre à une telle construction. L’enlèvement de la couche végétale et des déblais des anciennes fouilles a révélé la présence d’un éboulis de blocs de basalte qui s’étend vers le Sud (en direction de la pente) et vers le Nord contre la base de la façade externe du bastion Ouest. Sous cet éboulis la structure en pierres se présente dans son état original.
Il s’agit d’une structure irrégulière, sans organisation intérieure. Son bord Nord est complètement désorganisé alors que les faces Sud et Est possèdent un parement externe très irrégulier bâti en pierres sèches de taille variable. Ce parement est préservé sur jusqu’à 3 assises de pierres. L’axe du parement est parallèle à l’axe de l’ancien d’accès depuis le bas et tourne vers le nord-est en direction de la porte. L’ancien accès présente, comme cela avait été remarqué par nos prédécesseurs, une surface constituée d’une couche de petits galets basaltiques, dernier vestige d’un empierrement originellement plus conséquent. Une fine couche de terre végétale la sépare du rocher.
Dans ce secteur de la pente, la roche présente plusieurs marches dont l’origine naturelle est probable. À l’extrême limite du plateau, à proximité du bord Ouest du chemin d’accès et à 0.90 m du parement de la structure massive en pierres, une petite structure en creux a été dégagée. Il peut s’agir d’un trou de poteau. Son remplissage a livré un clou enfer. Toutes les couches situées à cet emplacement (structure en pierres incluse) ont livré un mobilier très fragmenté et très érodé avec quelques contaminations par des éléments modernes (verre de bouteille, chaîne de tronçonneuse’). Sous la structure en pierre a été mis en évidence une fine couche de terre contenant un grand nombre de fines inclusions de mortier de chaux. Ce niveau, qui repose lui-même sur un paléosol surmontant le substrat, peut être interprété comme correspondant au niveau de construction de la porte maçonnée. Le mobilier, qui est très peu abondant, ne permet toutefois pas de proposer une datation pour la mise en place de ces couches Contrairement à nos espérances, il n’a pas été possible de constater si le rempart ancien possédait une entrée ou porte à cet emplacement. La découverte de trois fosses ou trous de poteaux alignés dans cet espace en 2004laissait pourtant espérer la mise en évidence d’une construction à poteaux porteurs. Aucune autre structure analogue n’a été découverte cette année. La structure massive en pierres sèches située en avant du bastion ouest ne peut être identifiée aux restes d’un rempart ruiné. Il s’agit probablement du stockage des pierres résultant du démontage du rempart protohistorique au moment de l’édification de la porte maçonnée. Son parement externe résulte probablement d’une activité d’épierrage. Le chemin qui traverse cet espace et passe en partie sur les vestiges de la porte ouest a été utilisé jusqu’au début du 20e siècle. Cette porte correspond donc à un ré habillage d’une partie du rempart probablement au cours de la période augustéenne
Deux creusements de forme rectangulaire de 80 cm sur 40 cm ont étés dégagés (Est) et de 100 cm sur 40 cm (Ouest).
Leur position correspond aux extrémités de la base du seuil découverte en 2004. Il pourra donc s’agir des empreints de grands poteaux en bois disposés verticalement et aux angles extérieurs de l’entrée : dispositif de porterie en bois.
Deux autres creusements ont aussi été dégagés à l’extrémité de la sortie de la porte.
Ces vestiges sont toutefois très clairement moins bien préservés. À l’Est, il correspond à un emplacement vide de forme carrée de 75 cm par 65 cm, qui a dû à l’origine servir à l’installation soit d’un poteau soit d’un élément architectural en pierre. La structure Ouest est dans un état de conservation encore plus médiocre. On peut toutefois observer l’empreinte sur un côté soit d’un poteau ou soit d’une pierre taillée ;
À partir de ces éléments, une construction à double porte (externe et interne) peut être restituée. Tous ces aménagements ne sont pas datables pour l’instant et restent difficiles à interpréter. L’étude du mobilier laténien et gallo-romain du secteur de la Porte Ouest démontre la provenance de la grande majorité des trouvailles dans la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. Il est un peu surprenant de constater que les mobiliers du Ier siècle ap. J.-C. et postérieur sont quasiment inexistants. Une fouille sur une grande surface pourra donner les informations nécessaires afin de pouvoir répondre à ces questions.
III – Gergovie – 2005 – Fouille du rempart. Sondage dans le rempart sud
Ce sondage pratiqué en bordure sud plateau a révélé une importante stratigraphie qui valide, au moins d’un point de vue formel, les observations faites sur le talus sud-est.
Toutefois le mobilier collecté dans les niveaux correspondant lors de « Gergovie – 2005 – Fouille du rempart » donne une datation très surprenante comprise, selon le cas, entre les années 50av. J.-C. et le plein Ier siècle ap. J.-C.
Description des niveaux archéologiques, par ordre stratigraphique.
- Fine couche de terre avec des petites inclusions de basalte, d’environ 15 cm d’épaisseur, située directement au-dessus du substrat géologique. Cette couche a livré un mobilier homogène, datable vers le milieu du Ier av. J.-C.
- Couche de terre mélangée avec des pierres basaltiques de tailles allant jusqu’à 10 cm. Épaisseur : environ 25 cm. La couche contient du mobilier homogène, datable au début du Ier siècle. ap. J.-C. Par rapport sa structure inhomogène la couche doit être interprétée comme correspondant à un remblai.
- Blocage de pierres en basalte ayant des diamètres allant jusqu’au 40 cm avec de cassures fraîches et étroites. La couche possède une épaisseur maximale de 70 cm, et elle se décline vers le sud en forme d’une ‘ rampe ‘.
- Ce niveau a livré du mobilier datable du dernier quart du Ier siècle av. J.-C.
- Remblais de terre et de pierres basaltiques, composé de terre végétale relativement homogène. Épaisseur de la couche : 40 cm maximum. Elle est inclinée vers le sud de 30° environ. Le mobilier nous donne un terminus post quem à la transition du Ier/IIème siècle ap. J.-C.
- Parement interne (sud) d’un mur en pierres sèches orienté Est – Ouest, situé sur le bord du plateau. Le mur est préservé sur 60 cm de hauteur. Le parement est bâti très irrégulièrement en pierres de basalte de différent volume. En comparaison avec les parements du rempart en pierres sèches, il donne une impression relativement chaotique.
- Éboulis du mur, constitué de pierres de même module.
- Remblais de terre et des pierres de 50 cm d’épaisseur, s’appuyant contre le parement interne du mur
- Remblais de terre et de pierres de 60 cm d’épaisseur.
- Terre végétale.
- Surface actuelle.
L’interprétation de cette stratigraphie, et surtout de son association avec des éléments mobiliers très tardifs, est à ce stade de l’analyse difficile à faire. Il semble que ce secteur a connu des transformations importantes à la période gallo-romaine.
Nous proposons pour les campagnes à venir d’étendre le décapage sur ce secteur pour essayer de comprendre quelle est l’origine à ce phénomène : reconstruction du mur à la période gallo – romaine, perturbation antique’
La découverte d’éléments postérieurs au début du Ier siècle ap. J.-C. en position primaire sous ce qui est censé correspondre au mur qui borde le plateau pose problème. Peut-être faut-il mettre en relation ce phénomène avec l’utilisation de la terrasse (et d’une partie du rempart) comme lieu de sépultures pour la période du milieu du Ier siècle ap. J.-C. C’est en tout cas ce que semble indiquer la découverte fait en 2003 sur la partie sud-est du rempart.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie
Gergovie – 2006 – Fouille du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2006 – Fouille du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Yann Deberge
Notice et documents : Lucien Andrieu, Thomas Pertelwieser, Yann Deberge et Emilie Andrieu
Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2006
- I – Rempart sud-ouest
- II – La porte Ouest
- Phase1 : Implantation d’une carrière
- Phase 2 : Occupation domestique et artisanale
- Phase 3 : Zone dépotoir, nivellement de la carrière, installation du mur
- Phase 4 : Formation d’une couche d’humus
- Phase 5 : Installation de la porte gallo-romaine
I – Gergovie – 2006 – Fouille du rempart. Rempart sud-ouest
La structure la plus ancienne mise en évidence dans ce secteur correspond à une vaste carrière qui a entaillé profondément le rocher basaltique.
Cette structure s’étend, du sud au nord, sur 13,5 m de largeur, depuis la base du parement interne du rempart vers l’intérieur du plateau. La dimension est-ouest est inconnue ; les limites de ce creusement se trouvent à l’extérieur du chantier. La profondeur maximale du creusement est de 2,7 m depuis la surface du sol actuel.
Le fond de cet aménagement est parfaitement plat et semble correspondre à un plan de faille naturelle dans le rocher. Ses parois sont plus irrégulières et présentent fréquemment un profil en escalier qui résulte d’une extraction pratiquée en suivant les failles verticales et horizontales apparues dans la coulée de basalte au moment de son refroidissement.
Le comblement de la structure est constitué, en très grande majorité, de couches chargées en débris et éclats de basalte produits lors de l’utilisation de la carrière. Il s’agit d’une succession de strates de faible épaisseur, souvent très homogènes, qui se distinguent les unes des autres par la seule orientation et la taille des éclats et plaquettes de basalte qu’elles contiennent.
On a récolté peu de mobilier dans ce comblement : quelques tessons protohistoriques et quelques tessons de la Tène finale (c’est à dire entre -120 et – 70) (terminus post quem).
Une tombe a été creusée jusqu’au niveau géologique dans ce comblement. Au fond se trouvait un squelette, le seul mobilier qui l’accompagnait était un pot décoré en céramique fine tournée. Ce pot semble dater de la la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. et probablement dans la période augustéenne. Le mobilier du comblement de la fosse donne un terminus post quem LTD2b (c’est à dire entre -50 et -30 anavant J.-C.) pour l’installation de la tombe.
On note aussi, au fond de la carrière le dépôt intentionnel d’un cadavre de chien et d’un jeune ovin.
Le rempart a été dégagé sur 18 m de long. Son mode de construction est semblable à celui déjà observé les années précédentes au sud-est du plateau.
L’état originel du rempart a une largeur de 2,5 m est est conservé sur une hauteur de 70 cm . Il est fait de pierres de basalte roulés récoltées en surface.
Au dessus une phase de renforcement du rempart avec des pierres formées de grandes dalles de basalte aux arrêtes vives qui proviennent très certainement de la carrière adjacente( US 21045 de couleur rouge sur la photo). Une partie est tombée (US 21006 de couleur verte sur la photo)
La construction n’est pas soignée et a l’air de s’être faite dans la précipitation
« C’est surtout la structure même du mur, découvert sur une vingtaine de mètres, qui nous renseigne le plus. Il a visiblement été construit dans l’urgence. »
Le rempart semble avoir été prolongé vers l’ouest dans la partie qui correspond à une fouille ancienne (US 21075 couleur jaune sur la photo). Le mur est ici conservé sur une hauteur de 1,5 m et sa construction est beaucoup plus soignée.
Par la suite un blocage de gros cailloux de basalte s’appuie contre le parement interne du rempart qui est alors presque entièrement recouvert. Il constitue ainsi une rampe massive.
Aucun tesson ne permet de dater les premiers états de construction mais 96 fragments de céramiques et une fibule permettent de dater les derniers états de fonctionnement à l’époque Augustéenne (terminus post quem).
On peut remarquer que les pierres sont empilées sans aucune recherche (certaines sont verticales, d’autres obliques).
On distingue aussi des joints verticaux séparés par environ 1m, c’est la largeur de travail d’un homme. Chacun devait travailler individuellement sans se préoccuper, certainement par manque de temps, d’une bonne jonction avec la partie construite par son voisin.
Ceci corrobore parfaitement le texte de César (Guerre des Gaules-livre VII – chapitre 48) :
« … Cependant, ceux des Gaulois qui s’étaient assemblés de l’autre côté de la ville, ainsi que nous l’avons expliqué plus haut, pour y faire des travaux de défense, … »
Ainsi, la date de construction du rempart sud-est en pierre sèches qui, après les fouilles 2003, nous semblait plutôt se situer aux environs de -30 avant J.-C. doit être rectifiée. Elle est bien contemporaine de la guerre des Gaules. Nous ne saurons jamais si elle avait commencé en -54 ou un peu avant, ou même en -52 dès que l’on a su que César se dirigeait vers Gergovie.
Le travail nous semble colossal aujourd’hui mais la motivation aidant et la main d’œuvre étant nombreuse, un rempart de plus de 2m de haut peut être construit dans la journée.
II – Gergovie – 2006 – Fouille du rempart. La porte Ouest
Phase1 : Implantation d’une carrière
Le premier événement important survenu dans ce secteur du site est l’implantation d’une vaste carrière qui a servi à l’extraction de blocs de basalte de grandes dimensions.
Cette structure correspond à creusement pour lequel on a pu suivre l’extension sur une dizaine de mètres du nord au sud et environ 11 mètres d’ouest en est. Si le bord nord et une partie du bord est ont pu être dégagés, les limites ouest et sud sont situées hors de l’emprise de la fouille de 2006. On ne connaît donc pas l’extension totale de cet aménagement qui peut, si l’on se base sur les observations faites dans le sondage sud-ouest où une structure du même type a été dégagée, se développer sur près de 20 m de largeur.
Le comblement s’est fait au fur et à mesure de l’avancée du front de taille avec les déchets d’exploitation.
Le mobilier récolté permet de proposer une datation du comblement à la Tène D2 (soit environ 55-30 avant J.-C) .
Gergovie – 2006 – Fouille du rempart. Phase 2 : Occupation domestique et artisanale
C’est à un stade relativement avancé du comblement de la carrière (la dépression est comblée sur la moitié de sa hauteur), que sont installées plusieurs structures qui témoignent d’une occupation à vocation domestique et artisanale. Une citerne, un bâtiment ainsi que plusieurs murs en pierres sèches sont implantés dans ou en bordure de cette dépression encore nettement perceptible dans la topographie.
Les constructeurs ont aménagé une terrasse pour niveler la partie sud de la construction. Cet aménagement se présente sous la forme d’un amas de blocs de basalte retenu par deux lignes parementées sur ses côtés sud-ouest et sud-est, la construction n’étant pas alignée sur le nord.
Cet aménagement repose directement sur le remblais de carrière qui a été ponctuellement recreusé pour permettre son installation. Le côté nord-ouest de cette construction est matérialisé par une tranchée de palissade creusée dans le substrat basaltique.
A environ 1 m à l’est du parement sud-est du bâtiment ont été dégagés les restes d’un autre mur en pierre sèche assez fortement endommagé par les aménagements postérieurs (les fouilles récentes notamment). Cette construction relative massive (1,4 m de largeur) se développe vers le nord parallèlement à la ligne de parement du bâtiment.
L’espace laissé libre entre le mur et le parement sud-est du bâtiment nous paraît avoir servi d’accès depuis le nord vers la citerne. A cet emplacement, la carrière présente un creusement en pente douce vers le sud qui aboutit juste à hauteur des arases du puits telles qu’elles étaient conservées. Contre la parois nord de la carrière ont été mis en place quelques de blocs de basalte qui semblent avoir eu pour fonction de constituer un emmarchement.
Par la suite cet accès a été fermé d’un blocage de blocs de basalte parementés au sud. Cela peut indiquer l’abandon de la structure de puisage.
La datation de ces aménagements est surtout faite par le mobilier de comblement de la citerne. Pas de sigillée et parois fines augustéennes. On peut proposer une datation antérieure à la période augustéenne (55-30 av J.-C.) avec abandon à la fin de la Tène D2b.
Gergovie – 2006 – Fouille du rempart. Phase 3 : Zone dépotoir, nivellement de la carrière, installation du mur
Cette phase correspond à une occupation de l’espace qui voit successivement l’utilisation de la dépression de la carrière comme zone dépotoir, le nivellement de la carrière pour l’installation d’un mur en pierres sèches puis sa destruction.
Un comblement d’une couche de 50 cm riche en mobilier est déposée au sommet de la carrière encore assez nettement marquée.
Dans un second temps, le reste de la dépression de la carrière fait l’objet d’un comblement massif sur lequel est construit un mur de basalte d’une largeur supérieure à l m qui vient s’appuyer sur ce qui peut correspondre aux restes de la fortification protohistorique, ou du moins d’un état tardif de celle-ci.
Le mobilier recueilli permet de dater cette phase à la période augustéenne.
Le niveau dépotoir appartient plutôt au début du règne d’Auguste (gobelets d’Aco, faible fréquence des sigillées, absence des productions de Lezoux, fibule à disque médian) et peut être mis en regard du dernier état de la phase 2. Les couches sommitales s’accorderaient plus avec une datation à la fin du règne d’Auguste ou au début de la période tibérienne mais qui ne dépasserait pas la deuxième décennie du Ier s. ap. J.-C., compte tenu de l’absence de nombreux marqueurs céramologiques.
Phase 4 : Formation d’une couche d’humus
Nous proposons de l’identifier à un niveau d’abandon postérieur à la destruction et au remblaiement des aménagements en pierres sèches.
Phase 5 : Installation de la porte gallo-romaine
Cette phase correspond à l’installation de l’ensemble de maçonneries constituant le dispositif d’entrée gallo-romain. Nous ne présenterons pas de façon détaillée, dans ce rapport, cet ensemble maçonné et nous renvoyons le lecteur aux rapports des années 2004 et 2005.
Aucune couche d’occupation n’a pu être associée à cet état maçonné. Il est probable qu’une grande partie des élévations conservées ne correspondent, en réalité, qu’aux fondations des bâtiments. En témoigne l’aspect extérieur de ces murs qui présentent, en partie basse, de larges « bourrelets » de mortier et un appareillage peu soigné ainsi que le manque de seuils d’entrées.
Sur l’ensemble du mobilier collecté depuis 2004 (tous contextes confondus) sur ce secteur on notera l’absence d’éléments très tardifs, puisque seul un tesson appartient aux productions de la Graufesenque datées des années 10/20 ap. J.-C. à la fin du Ier s. ap. J.-C., 20 tessons appartiennent aux phases anciennes de Lezoux (fin Auguste-Tibère) alors que la majorité des éléments correspond aux productions arétines (110 restes) et ne sont pas postérieures au règne d’Auguste ou de Tibère.
Compte tenu du phasage proposé et de l’absence d’éléments mobiliers gallo-romains réellement tardifs, la construction de cet aménagement est probablement à situer entre la fin de la période augustéenne et le milieu du Ier s. ap. J.-C.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie
Gergovie – 2007 – Fouille du rempart
Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2007 – Fouille du rempart »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser
Notice et documents : Lucien Andrieu, Thomas Pertelwieser
- I – La porte ouest
- II – Rempart sud-ouest
I – La porte ouest
Le but de la fouille « Gergovie – 2007 – Fouille du rempart » était de mieux caractériser l’environnement de la fortification.
Le bâtiment partiellement dégagé en 2006, a été perçu dans sa totalité cette année. Son côté sud-est est implanté juste en limite nord de la carrière.
Le côté nord-est est matérialisé par une tranchée de palissade creusée dans le substrat basaltique, suivie par plusieurs trous de poteau.
Sur le côté sud-est le bâtiment s’appuie directement sur le gros mur de pierre sèche qui pourrait être le reste de l’ancienne porte avec un dispositif à « ailes rentrantes » connus ailleurs en gaule.
Au nord de cet ensemble plusieurs autres structures peuvent témoigner de l’existence d’un aménagement bâti.
On note la présence d’une citerne rectangulaire d’une contenance de 4,5 m3 qui n’a été comblée qu’à l’époque augustéenne en une seule fois. On a découvert au fond trois fibules.
Quatre fosses ont été dégagées lors de la fouille « Gergovie – 2007 – Fouille du rempart » :
- la première a livré une table basaltique et des micro-déchets, des battitures qui caractérisent le forgeage à chaud du fer. On a découvert des blocs de tuyères à proximité. On peut en déduire que cette fosse a accueilli un forgeron.
- la plus grande des fosses a une fonction indéterminée, ce peut être une fosse d’extraction ou un atelier semi-enterré.
- la troisième fosse peu profonde (0.3 m au maximum et de 4 m de diamètre) a un comblement constitué d’un sédiment limono-argileux brun sombre.
Cette couche est perforée par une pointe de trait de catapulte, fichée en terre selon un angle de 70° et orienté au sud.. Cet objet s’est enfoncé de tout son long dans ce sédiment meuble et s’est arrêté sur le niveau empierré sous-jacent. Sa position, au moment de la découverte, est strictement identique à celles des pointes de traits retrouvées sur le site de la fontaine Loulié, au Puy d’Issolu, lieu intensément bombardé par l’armée de César en 51 av. J.-C. (Girault 2007). Prise d’ information faite auprès de diverses troupes de reconstitution utilisant fréquemment ce type d’armement, l’angle de la pointe ainsi que la profondeur d’enfouissement, correspondent très précisément à ceux que l’on obtient en réalisant un tir parabolique, méthode qui permet d’atteindre la portée maximale qui est comprise, d’après les essais effectués, entre 400 et 500 m.
Cet objet, qui s’intègre parfaitement dans la série de ceux retrouvés sur les sites de la Guerre des Gaule, signale une position bombardée par l’artillerie romaine probablement au moment du siège de 52 av. J.-C. au pied de Gergovie. Si cette hypothèse se trouve confirmée (par la mise au jour d’autres objets du même type), cet objet retrouvé en position primaire fournit un terminus ante quem pour les vestiges sous-jacents. Dans tous les cas, sa découverte conforte l’attribution à La Tène D2 des vestiges associés à la phase 2.
Un radier de sol constitué par un niveau à plat de petits blocs de basalte est présent à l’est de l’ensemble bâti précédemment décrit. Cet aménagement, relativement peu épais (5 cm), occupe une emprise d’environ 80 m². Il est limité : au sud, par une ligne de trous de poteaux ; à l’ouest, par l’ensemble bâti associé à la tranchée de palissade. La limite est n’est pas établie de façon certaine. Le sondage pratiqué dans la partie sud de l’aménagement, montre que ce sol, repose soit le substrat basaltique, soit les remblais installés au cours de la phase 1. Ce sol est recoupé par des fosses. Une concentration de torchis ou terre cuite écrasé in situ mêlée à plusieurs éléments métalliques (fer) a été dégagé à la surface de ce radier. Elle correspond soit aux restes d’un foyer très mal préservé, soit à ceux d’une paroi de construction effondrée. Le mobilier présent à la surface de ce sol est assez peu abondant et relativement usé, ce qui confirme l’identification à un espace de circulation. La présence d’une monnaie appartenant au type EPAD au guerrier à la surface de cet aménagement et l’absence de mobilier augustéen confirme l’hypothèse d’une utilisation autour dans le troisième quart du Ier s. av. J.-C.
L’interprétation de cet aménagement amène plusieurs interrogations. S’il correspond à l’évidence à un espace de circulation, la question de savoir s’il s’agit d’un sol extérieur ou d’un sol de bâtiment. La première hypothèse s’accorde avec celle d’une porte à cet emplacement déduite de la présence du mur massif 20157. S’oppose à cela la présence de plusieurs fosses (dont un atelier de forge) et d’une palissade qui se développe perpendiculairement à ce même mur 20157. Ces éléments indiqueraient plutôt un espace couvert de type atelier (présence de la forge). Ces deux interprétations ne s’excluent pas totalement puisqu’il est assez fréquemment, sur les oppida, de voir des constructions privées (habitations, ateliers) empiéter sur des espaces publics de type voie ou place (Condé-sur-Suippe, Corent…) ou encore sur des ouvrages défensifs (Bibracte). On peut envisager que l’installation de cet atelier de forge ait été effectuée sur un espace initialement destiné à la voierie. Cette proposition, très provisoire, reste à vérifier par les travaux à venir.
Vient ensuite la fermeture vers l’accès à la citerne circulaire et le nivellement du sol. Peuvent également être rattachés à cette phase plusieurs aménagements qui attestent définitivement de la présence d’un bâtiment immédiatement à l’est de l’ensemble construit mis en évidence pour l’état précédent. Cette construction s’appuie partiellement sur les aménagements plus anciens. Cet ensemble détermine une construction rectangulaire large de 7 m et longue de 12 m, ce qui correspond assez précisément à la taille de la construction dégagé pour le premier état.
Ce bâtiment est associé, dans sa partie interne, à une couche d’occupation d’une dizaine de centimètres d’épaisseur qui livre un mobilier relativement abondant mais fragmenté (environ 1 500 fragments pour 18 kg) où figurent en bonne place les éléments en fer (335 fragments pour 2 kg) ainsi que les scories (384 fragments pour 7,4 kg). La présence de ces vestiges mobiliers permet d’envisager que la fonction de cet espace reste inchangée (atelier de forge). La présence d’une monnaie à la légende VERCA immédiatement à la base du mur permet de fixer un TPQ pour l’installation de ce bâtiment. Ce type de monnaie est considéré comme datant du début de la période augustéenne. La présence d’un radier de sol (une voie ?) à l’est du bâtiment est fortement probable mais reste à démontrer par le démontage plus systématique de l’aménagement supérieur, à entreprendre en 2008. La datation tardive proposée pour cet aménagement (période augustéenne) repose sur la collecte des éléments mobiliers présents en surface (juste sous le niveau de décapage). Le nettoyage de cet aménagement a clairement montré la présence de recharges avec l’existence d’au moins un état antérieur à celui le plus largement dégagé en 2007. Ce niveau plus ancien, se présente sous la forme d’un radier, nettement plus structuré que celui dégagé en partie supérieure, fait d’éclats de basalte et d’éléments mobiliers (amphores, scories, faunes) disposés à plat. L’installation du bâtiment, entérine de façon définitive le glissement de l’accès au plateau vers l’est. Cette hypothèse s’accorde avec le décalage net vers l’est observé entre le mur appartenant au premier dispositif d’entrée et la porte maçonnée gallo-romaine.
La citerne rectangulaire est ensuite comblée en une seule fois et viens ensuite l’installation de la porte gallo-romaine maçonnée.
II – Gergovie – 2007 – Fouille du rempart. Rempart sud-ouest
La fouille « Gergovie – 2007 – Fouille du rempart » a permis d’établir un premier phasage des structures du secteur.
phase 1a : Installation d’une carrière au bord sud-ouest du plateau. Cette carrière a profondément entaillé le rocher basaltique (2.7 m de profondeur et 8.5 m de largeur)
phase 1b : Abandon et remplissage assez rapide de la carrière
phase 2a : Construction du rempart de 2.5 m de largeur en pierres sèches, le bord extérieur repose sur le rocher tandis que le bord intérieur semble installé en partie sur des remblais. La fouille « Gergovie – 2007 – Fouille du rempart » a permis de dégager complètement le rempart sur une longueur de 18 m.
phase 2b : Niveau d’utilisation du rempart matérialisé par une couche de terre humique (non encore fouillée).
phase 3a et 3b : Réactivation de la carrière.
phase 3c : Inhumation humaine et dépôts d’animaux (un agneau complet, un jeune bovin et un pied de canidé) au fond de la carrière.
phase 3d : Abandon et remplissage très rapide de la carrière.
phase 3e : Le deuxième état de la fortification correspond à une phase de renforcement du rempart qui passe par un rehaussement ou reconstruction partielle du mur en pierres sèches.
Cette réfection consiste principalement en l’installation d’un nouveau parement interne réalisés à l’aide de blocs de grande dimension (jusqu’à plus de 60 cm de long). Ces pierres présentent des arêtes vives ce qui indique qu’il s’agit de blocs frais probablement directement issus de l’exploitation de la carrière située aux pieds du rempart.
Si le parement interne est installé à l’aplomb du mur préexistant, le parement externe est placé en retrait du parement de l’ état précédent et repose, pour toute sa longueur dégagée, sur le fourrage du premier état. Il n’est aujourd’hui préservé que sur 2 assises. Il est possible qu’avant cette réfection, le mur d’origine ait été démonté partiellement et aplani pour pouvoir recevoir la nouvelle construction.
Le parement interne n’est préservé que dans la partie est de la fouille, sur 6 m de longueur. Cette face interne déborde du parement le plus ancien, vers l’intérieur, et forme un surplomb de 30 cm maximum.
Il est ponctuellement préservé jusqu’à 4 assises.
Cette réfection conduit à la constitution d’un mur nettement plus modeste qu’antérieurement puisque la distance de parement à parement n’est plus que de 2 m au lieu des 2,5 m de largeur observés pour le premier état. Pour soutenir certains blocs qui paraissent avoir eu tendance à basculer vers l’intérieur du site, de grandes dalles rocheuses ont été posées en position inclinée contre la face interne de la première construction. Ce blocage a été repéré jusqu’à la tranchée pratiquée dans les années 1930 qui a complètement détruit cet aménagement.
En fait, ce soubassement de dalles fait partie d’une construction en pierres massives beaucoup plus importante, qui s’étend en arrière de ce deuxième état de la fortification. Là, une vaste rampe constituée d’un blocage massif, dense et compact de blocs de basalte, vient s’appuyer sur toute la hauteur du parement interne de l’état 1 du rempart. Cette rampe est inclinée vers le nord et s’étend, depuis le parement interne, sur 6 m de profondeur. Aux emplacements où elle est la mieux préservée, on voit nettement une organisation des blocs disposés de façon à ménager une surface assez nette et homogène.
La taille des pierres varie de 25 à 90 cm de diamètre. Ces pierres montrent fréquemment les indices d’une extraction directe depuis la carrière, comme par exemple des arêtes vives ou des surfaces « fraîches » non oxydées. Elles correspondent, de par leur taille et leur forme, aux traces d’exploitation visibles dans la carrière. Le démontage de la rampe a permis d’observer sur un bon nombre de pierres des traces d’outils qu’on retrouve également au fond de la carrière. Il s’agit d’impacts circulaires de 2 à 3 cm de diamètre, qui se trouvent le plus souvent à l’emplacement des failles verticales ou horizontales du rocher basaltique. Ces traces évoquent un outil de type pic ou burin.
L’ensemble des structures appartenant à la phase 3 peut témoigner d’une réalisation faite dans l’urgence. L’installation d’une carrière directement contre la partie interne du rempart est un cas de figure unique qui ne connaît pas de comparaison en Europe. Généralement, les terrasses ou les fossés qui sont mis à profit pour récupérer des matériaux nécessaires à la construction de la fortification sont situés à l’extérieur des remparts.
De plus, le deuxième état du rempart présente un aspect beaucoup moins soigné que le premier état de la fortification avec un parement interne maintenu par des blocs placés obliquement et l’installation d’une rampe massive. La construction du parement externe en retrait du parement d’origine est également atypique et témoigne d’un souci d’économiser du temps et des matériaux. Sur la très grande majorité des fortifications protohistoriques, les réfections les plus récentes englobent les états les plus anciens et réutilisent ainsi la masse initiale. Tous ces indices tendent à montrer que cette réfection, qui comprend l’installation d’un mur aux dimensions plus réduites qui rehausse toutefois la fortification et la mise en place d’une rampe massive immédiatement en arrière du rempart, a été réalisée dans l’urgence. Elle a nécessité la réactivation de la carrière anciennement comblée et située immédiatement en arrière du rempart. La limite nord de la rampe correspond assez précisément à la limite sud du recreusement visible dans le comblement de la carrière. Si on imagine un travail réalisé par une équipe assez nombreuse, l’extraction puis la
construction de l’ensemble a pu être réalisé dans un laps de temps relativement court.
phase 3f : Niveau d’utilisation du rempart.
phase 4 : Abandon de la fortification.
phase 5 : Fouilles anciennes et modernes.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
2015 – 2021 – Les fouilles de P. Jud
Type de projet : fouille programmée (« 2015 – 2021 – Les fouilles de P. Jud »)
Conduite du projet : ASG (association du site de gergovie)
Responsable de l’opération : Peter Jud
Notice et documents : Lucien Andrieu, Peter Jud et Xavier Lauer
Les fouilles « 2015 – 2021 – Les fouilles de P. Jud » ont permis de découvrir un ensemble urbain très cohérent.
Dès le début de l’occupation, vers 70 avant notre ère, un fossé de drainage traverse le secteur (n° 3 du plan). Il s’agit de la structure la plus ancienne reconnue à ce jour.
Puis, un mur de fortification formé de grands blocs basaltiques et large de 2,70 m est construit (5). Ce mur est orienté perpendiculairement au rempart, qui borde le plateau. Il appartient à l’aménagement de la porte principale de la ville.
Dans le corridor formé par les deux ailes rentrantes du rempart, une tour massive en bois à plusieurs étages bloque l’entrée, surplombant la chaussée et les portes (6). Cette voie, large de plusieurs mètres, se dirige vers le centre de la ville (4). Elle est encore par endroit recouverte d’un dallage à la romaine. Immédiatement derrière la porte, une plateforme rectangulaire constituée de larges dalles supporte un vaste bâtiment sur poteaux, identifié comme une halle publique (7).
Cet ensemble urbain d’une qualité surprenante, construit essentiellement en pierre sèche, se développe entre les années 60 et 20 avant notre ère. Dans la phase terminale de l’occupation du secteur, marquée déjà par l’abandon progressif de la ville, un quartier artisanal s’installe. Un ensemble de bâtiments légers construits en bois, s’organise autour d’une petite cour. Pour cette dernière phase, ont été reconnu des ateliers métallurgiques, un puits et une citerne.
L’équipe des fouilleurs dirigée par Peter Jud est composée d’étudiants en archéologie des universités de Paris Sorbonne, de Clermont-Ferrand et Montpellier, ainsi que de bénévoles français et étrangers.
Au centre du plateau un immense dallage a été découvert il mesure au moins 125m de long pour 25m de large !
Cela donne une surface de plus de 3000 mètres carrés. Cette place pouvait dont contenir environ 3000 personnes (en comptant comme la police 1 personne par mètre carré) ou 9000 personnes ( en comptant 3 individus au mettre carré) et même 20000 personnes (à la Mecque il y a 7 pèlerins par mettre carré).
Le travail colossal qu’il a fallu fournir pour l’établir démontre l’importance du site.
C’est pourrait être un espace public, la suite des fouilles permettra de mieux comprendre
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)