Gergovie – 2005 – Fouille du rempart

Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2005 – Fouille du rempart »)

Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne

Responsable de l’opération : Thomas Pertelwieser, assisté de Iris Ott

Notice et documents : Lucien Andrieu et Thomas Pertelwieser

Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2005

  • I – Le bastion ouest
  • II – L’entrée et la porte
  • III – Sondage dans le rempart sud

La fouille de 2005 (« Gergovie – 2005 – Fouille du rempart ») a permis de dégager la porte Ouest dans son intégralité. Le résultat principal est que la quasi-totalité du site a été dégagé au cours des fouilles de Brogan et Desforges en 1937 à 1938, chose qui était impossible de prévoir avant les opérations de 2004 et 2005Afin de pouvoir documenter toutes les structures de la porte Ouest, les réfections modernes sur les parties hautes des murs ont été enlevées dans tous les secteurs de la fouille.

Gergovie - 2005 - Fouille du rempart. La fouille de 2005 a permis de dégager la porte ouest dans son intégralité
La fouille de 2005 a permis de dégager la porte ouest dans son intégralité (T. Pertelwieser / ARAFA)

I – Le bastion ouest

La partie ouest de la pièce du bastion Ouest est le seul secteur qui livre des niveaux archéologiques préservés, c’est la seule qui ne fut pas entièrement fouillée.

Ces niveaux comprennent essentiellement des couches de remblais qui ont servi au nivellement du substrat.

Gergovie - 2005 - Fouille du rempart. Bastion ouest
Bastion ouest (T. Pertelwieser / ARAFA)

Le mobilier collecté dans ces niveaux, relativement homogène bien que peu abondant, nous donne un terminus post quem pour la construction de cette porte. Même s’il n’est pas abondant, ce mobilier permet de donner de proposer une datation aux années 20-5 av. J.-C. pour la construction de la porte. Cette proposition de datation, que l’on pourra difficilement préciser, compte tenu du caractère ténu des niveaux archéologiques conservés, permet toutefois de repousser confirmer la datation ancienne du rempart antérieur en pierres sèches.

Le mur d’environ 90 cm de largeur est conservé sur 7 assises de pierres au maximum.

De gros blocs de basalte ont servi à remblayer la pièce jusqu’au niveau de la base des murs ouest et nord. Ces couches de remblai passent sous les murs ouest et nord mais s’appuient contre le parement interne du mur sud. Il semble toutefois que ces trois murs sont contemporains (comme en témoigne les chaînages d’angle observé) et résultent d’une même phase de construction.

Gergovie - 2005 - Fouille du rempart. Le puits situé sous le mur maçonné
Le puits situé sous le mur maçonné (T. Pertelwieser / ARAFA)

L’enlèvement de ce remblai a révélé la présence d’un muret en pierre sèche, orienté vers le nord-est et de son éboulis. Seul le parement Nord-Ouest de ce muret est conservé sur une seule assise de pierres. L’extrémité sud du mur est complètement détruite. À son autre extrémité, il passe sous le mur nord de la pièce.

Sous ce niveau une découverte inattendue a été faite à la fin de la campagne de fouille. En partie engagé sous les murs Sud et Ouest de la pièce, a été mis en évidence l’ouverture d’un puits ou d’une citerne. En plan, cette structure est de forme circulaire. Sa construction fait appel à la pierre pour la partie dégagée du cuvelage. Elle n’a fait l’objet, compte tenu de la date de sa découverte, que d’une fouille superficielle sur une hauteur de 90 cm.

Le mobilier céramique présent dans ces couches, notamment un petit lot homogène de vaisselle d’importation (sigillée italique et gobelet à parois fines), permet de donner un terminus post quem aux années 20 av. J.-C. pour cette phase de construction.

Le mobilier du remblai contient également plusieurs éléments métalliques qui peuvent appuyer cette identification à une phase de construction.

II – Gergovie – 2005 – Fouille du rempart. L’entrée et la porte

Dans le secteur de la porte, la fouille « Gergovie – 2005 – Fouille du rempart » a livré des vestiges qui peuvent indiquer l’existence d’une construction précédente à la porte gallo-romaine. À l’origine, le rempart en pierre sèche semble avoir continué à l’emplacement de la porte et un alignement des possibles creusements de poteaux verticaux pourrait correspondre à une telle construction. L’enlèvement de la couche végétale et des déblais des anciennes fouilles a révélé la présence d’un éboulis de blocs de basalte qui s’étend vers le Sud (en direction de la pente) et vers le Nord contre la base de la façade externe du bastion Ouest. Sous cet éboulis la structure en pierres se présente dans son état original.

Gergovie - 2005 - Fouille du rempart. Le puits situé sous le mur maçonné
Le puits situé sous le mur maçonné (T. Pertelwieser / ARAFA)


Il s’agit d’une structure irrégulière, sans organisation intérieure. Son bord Nord est complètement désorganisé alors que les faces Sud et Est possèdent un parement externe très irrégulier bâti en pierres sèches de taille variable. Ce parement est préservé sur jusqu’à 3 assises de pierres. L’axe du parement est parallèle à l’axe de l’ancien d’accès depuis le bas et tourne vers le nord-est en direction de la porte. L’ancien accès présente, comme cela avait été remarqué par nos prédécesseurs, une surface constituée d’une couche de petits galets basaltiques, dernier vestige d’un empierrement originellement plus conséquent. Une fine couche de terre végétale la sépare du rocher.

Gergovie - 2005 - Fouille du rempart.
(T. Pertelwieser / ARAFA)

Dans ce secteur de la pente, la roche présente plusieurs marches dont l’origine naturelle est probable. À l’extrême limite du plateau, à proximité du bord Ouest du chemin d’accès et à 0.90 m du parement de la structure massive en pierres, une petite structure en creux a été dégagée. Il peut s’agir d’un trou de poteau. Son remplissage a livré un clou enfer. Toutes les couches situées à cet emplacement (structure en pierres incluse) ont livré un mobilier très fragmenté et très érodé avec quelques contaminations par des éléments modernes (verre de bouteille, chaîne de tronçonneuse’). Sous la structure en pierre a été mis en évidence une fine couche de terre contenant un grand nombre de fines inclusions de mortier de chaux. Ce niveau, qui repose lui-même sur un paléosol surmontant le substrat, peut être interprété comme correspondant au niveau de construction de la porte maçonnée. Le mobilier, qui est très peu abondant, ne permet toutefois pas de proposer une datation pour la mise en place de ces couches Contrairement à nos espérances, il n’a pas été possible de constater si le rempart ancien possédait une entrée ou porte à cet emplacement. La découverte de trois fosses ou trous de poteaux alignés dans cet espace en 2004laissait pourtant espérer la mise en évidence d’une construction à poteaux porteurs. Aucune autre structure analogue n’a été découverte cette année. La structure massive en pierres sèches située en avant du bastion ouest ne peut être identifiée aux restes d’un rempart ruiné. Il s’agit probablement du stockage des pierres résultant du démontage du rempart protohistorique au moment de l’édification de la porte maçonnée. Son parement externe résulte probablement d’une activité d’épierrage. Le chemin qui traverse cet espace et passe en partie sur les vestiges de la porte ouest a été utilisé jusqu’au début du 20e siècle. Cette porte correspond donc à un ré habillage d’une partie du rempart probablement au cours de la période augustéenne

Deux creusements de forme rectangulaire de 80 cm sur 40 cm ont étés dégagés (Est) et de 100 cm sur 40 cm (Ouest).

Leur position correspond aux extrémités de la base du seuil découverte en 2004. Il pourra donc s’agir des empreints de grands poteaux en bois disposés verticalement et aux angles extérieurs de l’entrée : dispositif de porterie en bois.

Il y a deux creusements de chaque coté du seuil
Il y a deux creusements de chaque coté du seuil (T. Pertelwieser / ARAFA)

Deux autres creusements ont aussi été dégagés à l’extrémité de la sortie de la porte.
Ces vestiges sont toutefois très clairement moins bien préservés. À l’Est, il correspond à un emplacement vide de forme carrée de 75 cm par 65 cm, qui a dû à l’origine servir à l’installation soit d’un poteau soit d’un élément architectural en pierre. La structure Ouest est dans un état de conservation encore plus médiocre. On peut toutefois observer l’empreinte sur un côté soit d’un poteau ou soit d’une pierre taillée ;

À partir de ces éléments, une construction à double porte (externe et interne) peut être restituée. Tous ces aménagements ne sont pas datables pour l’instant et restent difficiles à interpréter. L’étude du mobilier laténien et gallo-romain du secteur de la Porte Ouest démontre la provenance de la grande majorité des trouvailles dans la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. Il est un peu surprenant de constater que les mobiliers du Ier siècle ap. J.-C. et postérieur sont quasiment inexistants. Une fouille sur une grande surface pourra donner les informations nécessaires afin de pouvoir répondre à ces questions.

III – Gergovie – 2005 – Fouille du rempart. Sondage dans le rempart sud

Ce sondage pratiqué en bordure sud plateau a révélé une importante stratigraphie qui valide, au moins d’un point de vue formel, les observations faites sur le talus sud-est.

Sondage du rempart sud
Sondage du rempart sud (T. Pertelwieser / ARAFA)

Toutefois le mobilier collecté dans les niveaux correspondant lors de « Gergovie – 2005 – Fouille du rempart » donne une datation très surprenante comprise, selon le cas, entre les années 50av. J.-C. et le plein Ier siècle ap. J.-C.

Description des niveaux archéologiques, par ordre stratigraphique.

  • Fine couche de terre avec des petites inclusions de basalte, d’environ 15 cm d’épaisseur, située directement au-dessus du substrat géologique. Cette couche a livré un mobilier homogène, datable vers le milieu du Ier av. J.-C.
  • Couche de terre mélangée avec des pierres basaltiques de tailles allant jusqu’à 10 cm. Épaisseur : environ 25 cm. La couche contient du mobilier homogène, datable au début du Ier siècle. ap. J.-C. Par rapport sa structure inhomogène la couche doit être interprétée comme correspondant à un remblai.
  • Blocage de pierres en basalte ayant des diamètres allant jusqu’au 40 cm avec de cassures fraîches et étroites. La couche possède une épaisseur maximale de 70 cm, et elle se décline vers le sud en forme d’une ‘ rampe ‘.
  • Ce niveau a livré du mobilier datable du dernier quart du Ier siècle av. J.-C.
  • Remblais de terre et de pierres basaltiques, composé de terre végétale relativement homogène. Épaisseur de la couche : 40 cm maximum. Elle est inclinée vers le sud de 30° environ. Le mobilier nous donne un terminus post quem à la transition du Ier/IIème siècle ap. J.-C.
  • Parement interne (sud) d’un mur en pierres sèches orienté Est – Ouest, situé sur le bord du plateau. Le mur est préservé sur 60 cm de hauteur. Le parement est bâti très irrégulièrement en pierres de basalte de différent volume. En comparaison avec les parements du rempart en pierres sèches, il donne une impression relativement chaotique.
  • Éboulis du mur, constitué de pierres de même module.
  • Remblais de terre et des pierres de 50 cm d’épaisseur, s’appuyant contre le parement interne du mur
  • Remblais de terre et de pierres de 60 cm d’épaisseur.
  • Terre végétale.
  • Surface actuelle.

L’interprétation de cette stratigraphie, et surtout de son association avec des éléments mobiliers très tardifs, est à ce stade de l’analyse difficile à faire. Il semble que ce secteur a connu des transformations importantes à la période gallo-romaine.

Nous proposons pour les campagnes à venir d’étendre le décapage sur ce secteur pour essayer de comprendre quelle est l’origine à ce phénomène : reconstruction du mur à la période gallo – romaine, perturbation antique’

La découverte d’éléments postérieurs au début du Ier siècle ap. J.-C. en position primaire sous ce qui est censé correspondre au mur qui borde le plateau pose problème. Peut-être faut-il mettre en relation ce phénomène avec l’utilisation de la terrasse (et d’une partie du rempart) comme lieu de sépultures pour la période du milieu du Ier siècle ap. J.-C. C’est en tout cas ce que semble indiquer la découverte fait en 2003 sur la partie sud-est du rempart.

Pour en savoir plus

Sur le site de l’ARAFA :

Liens externes :

  • Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
  • Site web du musée de Gergovie