Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Monument funéraire ou plate-forme de crémation ?

Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Monument funéraire ou plate-forme de crémation ? : publié dans les Chroniques ARAFA n° 2 – 2023

Lionel Izac-Imbert

Le tumulus de Celles découvert en 1902 à Neussargues (Cantal) par Jean Pagès-Allary, pose – depuis sa découverte – un certain nombre de questionnements quant à sa fonction exacte.

La fouille a été menée de manière assez méthodique, les publications ou les archives1 permettent de disposer d’une documentation de qualité. Les données disponibles ont été re-questionnées dans la cadre d’une opération de reprise des travaux de terrain en 2000.

Les problématiques principales touchaient principalement à la question chronologique, à l’identification du processus de crémation ou à des données architecturales.

I – Les données de la fouille ancienne : une tombe à incinération sous tumulus d’un « notable arverne » ?

Joseph Déchelette imagine le processus de crémation1 dès la publication dans l’Anthropologie2. On dispose de sa description : à la base blocs de basalte arrondis, recouverts de pierres plates (phonolithe) sur lesquelles repose une couche de cendre mélangée de charbons. Au-dessus de ce lit se trouve une couche d’argile non cuite qui supporte des pierres plates (phonolithe) formant toiture. Le tout est caché par de l’éboulis et de la terre arable sur laquelle s’est développée la végétation actuelle (chêne). […] La voûte du tumulus s’est effondrée sous l’action des agents extérieurs : racines des arbres et eaux d’infiltration. […] De forme ovoïde, les dimensions du tumulus sont : grand axe 25 mètres, petit axe 20 mètres, hauteur au centre 1m,80.3

Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Figure 1 : vue des fouilles anciennes avec Jean Pagès-Allary, vers 1902. Archives musée d’art et d’archéologie d’Aurillac
Figure 1 : vue des fouilles anciennes avec Jean Pagès-Allary, vers 1902. Archives musée d’art et d’archéologie d’Aurillac

De l’examen de cette coupe, il ressort clairement que le cadavre a été incinéré sur le tumulus même, ainsi que cela a été constaté ailleurs, à diverses reprises. La combustion a dû être ici extrêmement intense, car des blocs de basalte sont entrés en fusion, ce qui nécessitait une température de 800 degrés environ. On doit donc admettre que l’incinération n’a pas été opérée à l’aide d’un simple bûcher établi en plein air, mais que le foyer crématoire avait été installé dans une sorte de four muni d’un dispositif quelconque de tirage artificiel. (ibid.).

Un premier inventaire des découvertes1 est établi :

  • fer : lance, bouclier, couteaux, serpette, scies, lime, plane, compas, ciseaux, tranchet, emporte-pièce, gouge, perçoirs à douille, marteaux, poinçons, faucille, boucle rivetée ;
  • bronze : anneaux ;
  • céramique : terrines, vases à liquide, vases ovoïdes peints, fusaïoles et pesons de métier à tisser ;
  • lithique : moulin à bras en basalte, fragments de gneiss poli, silex et pierres à affûter.

Déchelette donne des comparaisons avec La Tène, Bibracte ou Stradonice et conclut : travail du bois et peut être aussi celui du cuir. Il propose une datation à La Tène III, à une époque peu antérieure à la conquête romaine. Pagès-Allary attribue la panoplie d’outils à un sellier bourrelier de l’époque gauloise2. Jean-Paul Guillaumet (CNRS)3 privilégie l’hypothèse du travail des matières dures animales.

Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Figure 2 : exemple d’outillage en fer découvert en 1902. DAO : J. Jouannet, d’après une illustration de J.-P. Guillaumet 

Figure 2 : exemple d’outillage en fer découvert en 1902. DAO : J. Jouannet, d’après une illustration de J.-P. Guillaumet 

II – Une architecture funéraire ?

La reprise de travaux de terrain, à partir de 20011, lève le voile sur certaines incertitudes.

L’analyse de la topographie confirme la présence d’un dôme naturel en pied de falaise, dans l’axe menant de la vallée de l’Alagnon en direction du plateau du Cézallier, dont les concepteurs ont tiré profit pour mettre en relief le monument.

L’édification, entre la fin du Ve s. et le début du IVe s. av. J.-C., se caractérise par l’architecture de pierres sèches soignée de la plate-forme centrale qui adopte une forme rectangulaire (11,20 m. x 12,55 m. x 0,95 m. conservés). Les fondations sont ajustées à l’aide de blocs de grand gabarit. Au Nord, une carrière de ballastière l’a détruit.

Elle est dotée d’une chape horizontale de blocs qui a subi l’action du feu avec de nombreux fragments d’argile brûlée. Elle a fourni la majorité des objets (vases, éléments d’armement, panoplie d’outils en fer, une meule rotative). Cette phase est datée par la céramique et la panoplie guerrière du IIIe s. av. J.-C.

On note une plateforme de taille plus réduite (6 m. x 2,15 m. x 0,98 m.) conservée au sud, au pied de laquelle deux objets en fer ont été découverts : un poinçon à cuir et une broche à rôtir2 dont le bon état de conservation trahit un passage au feu.

Enfin, une plateforme inférieure prend la forme d’un arc de cercle (16,40 m. x 1,95 m. x 1,15 m.) en guise de structure périphérique de circulation.

Pagés-Allary mentionne des fragments d’ivoire brûlé3 mais ces éléments n’ont pas été conservés. Toutefois, l’interprétation comme lieu de cérémonie funèbre s’accorde avec la mise en place d’un bûcher qui se surimpose à un monument plus ancien.

Le statut du défunt incinéré, inscrit entre sphère guerrière et artisanale, évoque le domaine de la vénerie qui s’accorde bien avec l’assemblage de mobilier mis au jour au sein du tumulus de Celles.

Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Figure 3 : plan général du monument. Relevé : Magali Cabarrou 

Figure 3 : plan général du monument. Relevé : Magali Cabarrou 
Le « Tumulus » de Celles (Cantal). Figure 4 : schéma interprétatif. Document: L. Izac

Figure 4 : schéma interprétatif. Document: L. Izac

III – Une plateforme de crémation ?

Lors des fouilles anciennes la mention de blocs de « torchis brûlés » avait été notée en grande quantité notamment à la base et dans l’environnement immédiat des dépôts d’objets mis au jour en 1902.

Une analyse des nombreux éléments mis au jour lors de la reprise de la fouille a été confiée à Claire-Anne de Chazelles (CNRS).

Tous les fragments recueillis appartiennent à un matériau préparé à base de terre et d’eau, avec un possible ajout de fibres végétales. La présence récurrente d’une surface grossièrement modelée confirme que ce matériau a été utilisé à l’état plastique, étendu puis régularisé manuellement.

En corrélant les informations relatives à ce matériau et celles qui témoignent de son support, et en écartant diverses possibilités habituellement envisagées à l’issue d’une étude de ce type de vestiges, une seule proposition peut être avancée.

D’une part, le matériau très dense, lourd en raison de la faible proportion de fibres végétales et au contraire de la forte présence de grains et petits graviers minéraux, n’est pas du tout adapté à la réalisation de structures verticales sur armature de clayonnage et encore moins au revêtement de panneaux pleins en bois.

D’autre part, la rareté des négatifs de petites branches et particulièrement d’éléments croisés confirme cette impression. Quant aux empreintes de grosses branches écorcées, elles sont le plus souvent isolées bien qu’il existe quelques exemples montrant leur association avec des branches plus fines ou refendues. Enfin, les négatifs anguleux, de même que les formes plutôt prismatiques des fragments, correspondent bien à l’hypothèse d’empreintes de pierres et de cailloux.

Le fait que les surfaces lissées manuellement soient fréquemment en relation avec une face perpendiculaire, soit plane mais irrégulière soit conservant le négatif d’une grosse branche, indique que le matériau a par endroits été appliqué contre une « bordure » qui a permis de le contenir tout en respectant un niveau.

L’hypothèse la plus vraisemblable consiste à interpréter ces fragments comme les vestiges d’une chape horizontale, d’une épaisseur moyenne de 6 à 10 cm, recouvrant un radier de moellons et de cailloux assez serrés. Selon cette interprétation, le matériau plastique se serait insinué entre les blocs avant de pouvoir former une couche superficielle assez épaisse. Les traces de branches pourraient correspondre à la bordure évoquée et les empreintes de branches plus fines à d’éventuels éléments servant d’entretoises pour maintenir un cadre, par exemple, dans lequel le matériau serait contenu. Les faces planes irrégulières pourraient pour leur part attester aussi la présence de blocs participant à la contention du matériau humide ou simplement témoigner de son infiltration entre les pierres du radier.

La cuisson très poussée du matériau est une question cruciale qui conditionne l’interprétation non seulement de la chape mais de la structure entière. Les données semblent montrer que ce revêtement complétait l’aménagement de la partie sommitale du monument en pierres et rien n’indique, objectivement, qu’il ait été recouvert par des structures en bois. Cela dit, on ne peut pas faire l’économie de cette possibilité dans la mesure où le sommet de la construction n’a pas été retrouvé en place, privant ainsi les archéologues de précieuses indications. Il est probable que l’incendie de superstructures en bois d’une certaine importance aurait pu favoriser la cuisson de la chape à l’égal d’une sole de four. Pour expliquer ce degré de cuisson et, bizarrement, l’absence de gradient depuis la surface vers le bas de la chape, il convient d’envisager deux solutions : soit des feux nombreux et répétés, se répartissant sur toute l’aire sommitale, soit un feu gigantesque et maintenu en activité pendant un certain temps.

Conclusion

L’ensemble de ces résultats invite donc à envisager une voie d’explication du monument en tant que plateforme architecturée ayant accueilli un processus de crémation puis de dépôts funéraires. Objet d’étude singulier ce dispositif particulier s’intègre donc dans une série de monuments funéraires et para-funéraires protohistoriques encore mal documentés et dont l’originalité tient notamment au soin apporté à son architecture monumentale.

Bibliographie

Guillaumet 1983

Guillaumet (J.-P.). – Le matériel du tumulus de Celles (Cantal), in Collis J., Duval A., Périchon R. (éd.). Le deuxième âge du Fer en Auvergne et en Forez et ses relations avec les régions voisines. 4e colloque régional annuel consacré à l’âge du Fer en France non-méditerranéenne, Clermont-Ferrand, 1980, Université de Sheffield ; Centre d’études foréziennes, p. 189-211, 17 fig., 1 pl. h.t. (IV b), 1983

PagèsAllary 1905

Pagès-Allary (J.). – Nouvelles observations sur le tumulus de Celles (Cantal), L’Anthropologie, t. XVI, 1905. Paris: Masson, 1905, p. 117-118.

PagèsAllary, Déchelette, Lauby 1903

Pagès-Allary (J.), Déchelette (J.), Lauby (A.). – Le Tumulus arverne de Celles, près Neussargues (Cantal), L’Anthropologie, 14, 1903, p. 35‑416

1 Opérations de relevés, sondages, fouille programmée autorisées par la Direction régionale des affaires culturelles d’Auvergne, service régional de l’archéologie, avec le soutien de la Fédération des associations archéologiques du Cantal et de l’Association pour la Recherche sur l’Age du Fer en Auvergne.

2 Cet objet peut être également identifié comme manche de simpulum ou tisonnier.

3 Les premiers croquis font apparaître des os longs (fémur ?). (ibid.)

1 Le mobilier a fait l’objet d’un don au musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) en juillet 1905 suite à une exposition au musée du Petit Palais à Paris.

2 Pagès-Allary 1905.

3 Guillaumet 1983.

2 Pagés-Allary, Déchelette, Lauby 1903.

3 Original, archives musée d’art et d’archéologie d’Aurillac.

1 Archives du Musée de d’Art et d’Archéologie d’Aurillac, du Musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, du musée de la Haute-Auvergne de Saint-Flour.

L’occupation du sol dans le massif du Cézallier à l’âge du Bronze et au 1er âge du Fer

L’occupation du sol dans le massif du Cézallier à l’âge du Bronze et au 1er âge du Fer : publié dans les Chroniques ARAFA n° 2 – 2023

Fabien Delrieu

Le versant oriental du massif du Cézallier possède plusieurs nécropoles tumulaires ayant bénéficié de fouilles récentes et donc d’une documentation de qualité (Lair, La Pénide ou encore La Croix de Baptiste). De plus une demi-douzaine de sites de hauteur protohistoriques, généralement fortifiés, sont également localisés dans la même fenêtre. La majorité d’entre eux a bénéficié de relevés topographiques récents, et pour certains, de sondages et de fouilles qui ont révélé de manière récurrente la présence d’occupations attribuables au IXème S. av. J.-C. Enfin quelques sites d’habitats non fortifiés et ouverts complètent le panel des sites protohistoriques dans cet espace. Un programme de recherche, en cours, permet de recenser, de cartographier l’ensemble de ces structures attribuables le plus souvent à l’âge du Bronze et dont certaines font par la suite l’objet de sondages puis de fouille. Enfin, ce secteur présente aussi de nombreuses zones humides (lacs, tourbières) à proximité immédiate des sites protohistoriques. L’étude (en cours) des séquences de sédiments enregistrées dans ces milieux humides permet d’élargir les données sur l’anthropisation locale et l’évolution des paysages.

Le plateau volcanique qui s’étend de la vallée de l’Alagnon, à l’est, aux plus hautes terres du massif du Cézallier, à l’ouest, prend la forme d’un vaste plan incliné de 15 kilomètres de long environ permettant, sans pendage marqué, de passer de 700 mètres d’altitude à plus de 1300 mètres à l’entrée des hautes terres constituant le centre du massif.

Ce plateau à la faible déclivité est jalonné, sur toute sa longueur, par des groupes de tumulus constituant des alignements continus (fig. 1). Les données collectées lors des fouilles des nécropoles de Lair puis de la Croix de Baptiste attestent un fonctionnement de ces ensembles funéraires se développant entre le XVIIIème et le Vème S. av. J.-C.

L’implantation de ces groupes de tumulus correspond de manière intime aux voies de circulation naturelles permettant l’accès aux hautes terres depuis les vallées adjacentes. La présence d’un milieu ouvert, avec une forte présence des graminées, dans ces zones dès le début de l’âge du Bronze et durant toute la séquence de fonctionnement des nécropoles tumulaires permet d’envisager la mise en place d’une importante activité de transhumance se développant pendant toute ou partie de l’âge du Bronze et du 1er âge du Fer.

Figure 1 : Cartographie des tumulus protohistoriques relevés sur le plateau de Molèdes/Laurie (DAO F. Muller)
Figure 1 : Cartographie des tumulus protohistoriques relevés sur le plateau de Molèdes/Laurie (DAO F. Muller)

Les données concernant l’âge du Bronze et le début du 1er âge du Fer sur le versant oriental du massif du Cézallier sont toujours en cours d’acquisition. Elles vont venir encore affiner la compréhension des modes d’occupation de cette moyenne montagne volcanique pour ces séquences chronologiques. Cependant, un certain nombre de constats peuvent déjà être posés et plusieurs pistes de réflexion se sont faites jour, elles devront être poursuivies :

  • Une importante activité de transhumance a pu se développer dès le XVIIIème S. av. J.-C. sur ce versant et perdurer jusqu’à la fin du Vème S. av. J.-C.
  • Les troupeaux pouvaient être acheminés dans les estives du centre du massif en utilisant des voies de plateaux jalonnées de nécropoles tumulaires. Ces dernières fonctionnent sur le temps long (au moins 13 siècles).
  • De manière générale, la circulation des hommes et des troupeaux à l’âge du Bronze dans ce secteur semble privilégier les cheminements sur les plateaux de faible déclivité plutôt que dans les fonds de vallées, étroits et très encaissés.
  • Les périodes représentées de manière systématique sur les sites de hauteur comme le IXème S. av. J.-C. ou plus tard le Hallstatt final sont, pour l’heure, absentes ou très peu représentées au sein des nécropoles tumulaires.
  • L’inverse se vérifie également et semble indiquer que les hautes terres ont été occupées en continu mais selon des schémas différents suivant les périodes. Semblent alterner d’importantes séquences d’habitats saisonnier liés à la transhumance et la mise en place d’habitats fortifiés permanents comme au IXème S. av. J.-C.
  • À la fin du IXème S. av. J.-C. on note un abandon généralisé des sites d’habitats fortifiés couplé à une érosion marquée des sols. Il est probable que ces éléments, liés à la grande péjoration climatique qui touche l’ouest de l’Europe, marque la reprise potentielle de cette importante activité de transhumance. Cet état de fait semble attesté par la présence d’inhumations à épées au sein de ces nécropoles tumulaires au début du VIIème S. av. J.-C. Cette évolution semble marquer la réactivation de ces axes desservant les hautes terres du centre du massif.
Figure 2 : Cliché d’un des tumulus les plus volumineux du versant oriental du massif du Cézallier localisé sur le sommet du Charouliac à Laurie (Cliché : F. Delrieu)
Figure 2 : Cliché d’un des tumulus les plus volumineux du versant oriental du massif du Cézallier localisé sur le sommet du Charouliac à Laurie (Cliché : F. Delrieu)

Sites fortifiés et occupations de hauteur en Auvergne

Type de projet : Projet collectif de recherche (PCR) Sites fortifiés et occupations de hauteur en Auvergne de l’âge du Bronze final à la fin des âges du Fer

Date : 2007

Responsable : Patrick Pion

Notice et documents : Patrick Pion, R. Lauranson, M.-C Kurzaj

Rapport : Rapport d’activité 2007

  • I – Résumé du rapport d’activité 2007 (2e année)
  • II – Sommaire du rapport PCR 2007
  • III – Résultats principaux
  • IV – Prospectives 2008

I – Résumé du rapport d’activité 2007 (2e année)

Les objectifs généraux et problématiques de ce Projet Collectif de Recherche étant détaillés dans le rapport d’activité 2006, le lecteur voudra bien s’y reporter. On ne développera ici qu’une brève synthèse des travaux réalisés en 2007.

II – Sommaire du rapport PCR 2007

Documentation : dépouillements systématiques

  • Résultats du dépouillement systématique des albums photographiques du MAN par départements (J.P. Guillaumet ; P. Pion)

État des enquêtes par départements

Allier

  • Principaux résultats de la fouille de Hérisson (D. Lallemand)
  • Bilan documentaire et évaluation des recherches anciennes sur l’éperon barré de Bègues / Les Charmes (P. Pion)
  • Inventaire exhaustif des sites de hauteur et installations fortifiée du département de l’Allier (D. Lallemand)

Puy de Dôme

  • Découverte et Prospection de sites de hauteur inédits en Combrailles (G. Massounie)
  • Occupation protohistorique du château du Broc (R. Liabeuf)
  • Toponymie historique du plateau de Gergovie (A. Rousset ; M. Rousset ; Y. Deberge)
  • Résultats de l’application d’un SIG à l’analyse des covisibiltés entre oppida et plaine de la grande Limagne (S. Mesnart)
  • Résultats principaux des fouilles 2007 : Gondole
  • Résultats principaux des fouilles 2007 : Corent (P.-Y.Milcent ; M. Poux)
  • Résultats principaux des fouilles 2007 : Gergovie (M. Garcia ; Y. Deberge)

Haute-Loire

  • Prospections et interventions sur l’oppidum de La Rochelambert/Marcillac à St-Paulien (M.C. Kurzaj ; E. Nectoux)
  • Examen des collections anciennes de l’oppidum du Mont Mallorum à Bas-en-Basset (R. Lauranson)
  • Étude du matériel protohistorique des sondages récents du chateau de Polignac (M.C. Kurzaj)
  • Contrôles au sol de l’éperon barré de Genier-Mongon, le Razat (B. Dousteyssier ; F. Delrieu)

Cantal

  • Occupations et fréquentations protohistoriques sur la planèze de Pierrefort (prospections F. Surmely ; P. Pion)
  • Chastel-sur-Murat : étude des collections anciennes et ré-interprétation du site (P. Pion ; L. Izac-Imbert)
  • Repérages et documentation de sites à partir de collections associatives ou privée : musées d’Antignac, de Massiac (P. Pion ; R. Liabeuf)
  • Contrôles au sol de l’éperon barré du Martinet à Molèdes (B. Dousteyssier ; F. Delrieu)
  • Contrôles de sites connus : Camp de César à La Bessette, Escoalier à Mauriac et Bort-les-Orgues
  • Nouveaux signalements : éperon barré du Gour Noir (H. Pigeire)
  • Nouveaux signalements : Labro à Ferrières-St-Mary (F. Delrieu ; B. Dousteyssier)

III – Résultats principaux

Hors fouilles programmées, les acquis principaux de 2007 concernent d’une part la datation des occupations de plusieurs sites de hauteur, d’autre part leurs fonction et complémentarités éventuelles.

Sur le premier point, l’un des traits les plus remarquables est la fréquence des occupations Bronze/Ier Fer sur beaucoup des sites « datés » (par ailleurs encore bien peu nombreux), tandis que contre toute attente on note souvent l’absence ou la fugacité des vestiges attribuables au Second âge du Fer et notamment à sa fin, pour des sites dont certains pourtant furent qualifiés d’oppida (Polignac, Le Bru, Carlat – en cours-). On ne peut en effet évoquer des problèmes de conservation ou de taphonomie, car ce matériel tardif est généralement mieux conservé, et volumineux au point d’occulter souvent les occupations plus anciennes.

La problématique des fonctions et complémentarités éventuelles est renouvelée quant à elle par deux études approfondies.

Chastel-sur-Murat (P. Pion ; L. Izac-Imbert) a fait l’objet d’un conséquent travail de recollement des planches originales de Pagès avec les copies d’originaux, planches publiées et le matériel conservé au musée d’Aurillac, ce qui a permis de relocaliser au moins approximativement un certain nombre de découvertes. Il ressort du faciès mobilier une fréquentation à la LTC2 et LTD1 (II s – début du Ier s. BC) avec un vraisemblable hiatus à LT D2 avant les occupations plus tardives romaines et médiévales. La surprise réside dans les catégories de mobilier représentées, trop sélectives pour correspondre à un habitat, et encore moins à un oppidum, en dépit du qualificatif de « petite Bibracte » qui lui fut donné. Il s’agit d’un site à fonctions rituelles lato sensu, d’un type toutefois radicalement différent des sanctuaires connus au cœur du territoire arverne aussi bien qu’en Bourgogne ou Gaule Belgique (absence totale des armes et des amphores notamment). Il conviendra donc d’approfondir l’enquête pour mieux identifier les pratiques dont il fut le siège.

Le bassin de Clermont-Ferrand, le plus intensivement exploré archéologiquement, a fait l’objet d’une étude expérimentale à grande échelle en mobilisant les potentialités d’un SIG, pour aborder les sites dans le paysage, en termes de visibilités et covisibilités (S. Mesnart, mémoire de master 2 de Paris X). Il en ressort notamment que les champs visuels couverts par Corent et Gergovie sont largement complémentaires, le premier contrôlant spécifiquement le secteur d’Aulnat et la partie aval du cours de l’Allier, tandis que Corent maîtrise seul le cours en amont du verrou. Gondole quant à lui est visible des deux sites mais son champ visuel est inexistant et son implantation répond manifestement à d’autres critères que le contrôle territorial.

IV – Prospectives 2008

Pour le Puy de Dôme, plusieurs opérations du programme initial pour 2007 n’ont pu être réalisées, du fait de la surcharge de travail des archéologues de l’INRAP qui participent au PCR sans avoir pu bénéficier de jours PASS à lui consacrer. C’est notamment le cas pour l’inventaire du département Puy-de-Dôme, qui demande un investissement en temps assez lourd et doit impérativement être terminée en 2008.

Concernant les prospections, il est clair que la carte actuelle des sites présente des vides étonnants qui doivent être testés systématiquement. Le cas de la Combraille, comme celui de la planèze de Pierrefort, est à cet égard exemplaire puisqu’aucun site n’y était signalé à ce jour sur la carte archéologique. On envisage donc d’ouvrir une autre fenêtre dans des zones vierges (Mauriac ou la Chataigneraie pour le Cantal, Haut-Allier pour la Haute-Loire, en fonction des disponibilités des chercheurs. Mais le problème crucial demeure évidemment la datation de ces sites, pour lesquels la seule typologie des aménagements, quand ils existent, est insuffisante. Il est certain que pour cela on ne pourra faire l’économie de sondages sur un échantillon de sites qu’il conviendra de cibler précisément.

Détails des structures observées lors de missions de prospections aériennes. 1 – Rempart supposé du site des Charmes ; 2 – Rempart de l’ oppidum du second âge du Fer ; 3 – Enclos ; 4 – Fanum , bâtiments annexes et fosses (?) ; 5 – Fossés ; 6 et 7 – Talus anciens ?
Détails des structures observées lors de missions de prospections aériennes. 1 – Rempart supposé du site des Charmes ; 2 – Rempart de l’ oppidum du second âge du Fer ; 3 – Enclos ; 4 – Fanum , bâtiments annexes et fosses (?) ; 5 – Fossés ; 6 et 7 – Talus anciens ?
Carte des sites de hauteur de Combrailles, Sud-est (Puy-de-Dôme)
Carte des sites de hauteur de Combrailles, Sud-est (Puy-de-Dôme)
Balles de fronde romaines en plomb, certaines inscrites (MAN)
Balles de fronde romaines en plomb, certaines inscrites (MAN)
Enceinte de Puy-Chabannes, Gelles (63)
Enceinte de Puy-Chabannes, Gelles (63)
Gergovie / Corent / Gondole (63)
Gergovie / Corent / Gondole (63)
Saint-Paulien, Marcillac / La Rochelambert (43)
Saint-Paulien, Marcillac / La Rochelambert (43)
Mont-Mallorum (Bas-en-Basset, 43)
Mont-Mallorum (Bas-en-Basset, 43)
Localisation du site de Labro (matérialisé par une étoile) sur un fond de carte IGN.
Localisation du site de Labro (matérialisé par une étoile) sur un fond de carte IGN.
Photographie verticale IGN drapée avec le relief – GÉOPORTAIL 2007
Vue prise de l’est
Photographie verticale IGN drapée avec le relief – GÉOPORTAIL 2007
Vue prise de l’est
Bracelets en verre et fibules, Chastel-sur-Murat (15)
Bracelets en verre et fibules, Chastel-sur-Murat (15)
Ferrières St-Mary, Labro (15)
Ferrières St-Mary, Labro (15)

Chronologie du mobilier archéologique

Chronologie du mobilier archéologique du second âge du Fer en Auvergne. Volume 2 : La Tène ancienne en Basse Auvergne Synthèse des données

Christine Mennessier-Jouannet (UMR 8546) et Jean-Claude Lefèvre (UMR 5138)



En 2017 est paru le premier volume d’une vaste somme mise en forme par un collectif de chercheurs qui se sont partagés la tâche d’étudier, comparer, classer et ordonner les mobiliers archéologiques du second âge du Fer, soit une période de temps allant du début du Ve s. à la fin du Ier s. avant notre ère. Cette démarche a abouti à la mise en évidence de treize étapes chronologiques (Mennessier-Jouannet et Deberge 2017).

Dans ce deuxième volume, nous présenterons une synthèse des données acquises sur le cadre de vie, les contextes d’habitation et ceux du domaine funéraire prévalant au début de cette séquence appelée La Tène ancienne. La question de l’acquisition d’une datation précise pour ces ensembles est au cœur de notre propos : elle se rapporte aux deux premiers siècles de cette vaste séquence, à savoir les Ve et IVe s. avant notre ère, en débordant sur le IIIe s.

1 – Une préoccupation majeure : la datation des structures archéologiques par celle de leur mobilier

Dater le matériel issu des fouilles est la démarche préalable et indispensable qui permet, dans un deuxième temps, de comparer les sites entre eux, ainsi que les contextes environnementaux, économiques ou sociaux tout autant que culturels.

Mais, dater avec précision reste une démarche difficile, tributaire des différents niveaux de connaissance et des aléas des découvertes archéologiques à l’échelle des différentes régions, autant de France que, de façon plus large, de l’Europe continentale et du monde méditerranéen. L’obtention des datations en archéologie protohistorique (là où il n’existe pas de textes directs écrits par chaque culture et pour son propre usage) s’est longtemps appuyée sur les comparaisons permises par l’évolution typologique et morphologique des productions de poterie, de métallurgie ou de verrerie etc. Chaque type d’objets vivant et évoluant au rythme de ses avancées technologiques ou des effets de modes et de mimétisme. On obtenait ainsi des schémas évolutifs des productions de l’activité humaine qu’il était nécessaire de raccorder à un même déroulé du temps, autrement dit à une même chronologie. Pour cela, tout d’abord, l’Europe continentale a utilisé les datations offertes par du mobilier d’importation de Grèce ou d’Etrurie, retrouvé en position stratigraphique bien caractérisée sur ses propres sites (par exemple, la céramique attique, les amphores…). Ces productions datées par des textes ont servi de support pour fournir des cadres chronologiques fiables : ainsi, nous savons que Massalia a été fondée vers 600 avant notre ère. Les premières amphores qu’elle produit datent des alentours de 550 et ces récipients ne migrent, – par voies commerciales-, pas avant 525 et plutôt à partir du Ve s. vers le nord de la France. Par conséquent, trouver deux tessons d’amphore massaliète sur un site à Aulnat dans le Puy-de-Dôme indique que le mobilier trouvé en connexion avec eux date également du Ve s. au plus tôt.

Par ailleurs, seuls les habitats et les sépultures des plus riches sont les mieux dotées en armements, parures et divers ustensiles en métal (généralement en alliage cuivreux et en fer, mais aussi en métal précieux) et ces habitats ou sépultures détiennent aussi la majeure part des importations. Ainsi, les référentiels de datation chrono-culturels ont été bâtis à partir du mobilier métallique et fonctionnent très bien dans ce cadre. Le problème est qu’ils sont difficilement adaptables à des régions entières où les sites protohistoriques, et notamment ceux de la période laténienne que nous étudions, sont des habitats ruraux exempts de matériel métallique ou si rare et fragmenté qu’il est difficilement exploitable. Ainsi, en Basse Auvergne et notamment dans la plaine de La Limagne, les premiers ensembles archéologiques offrant une céramique diversifiée et abondante dans les mêmes contextes que du mobilier métallique (armement et parure) datent de la première moitié du IIIe s., à la toute fin de la période d’étude. Il s’agit de la fouille du chemin 8 du site de La Grande Borne, commune de Clermont-Ferrand (fouille de John Collis).

2 – Une méthode indépendante de toute connexion avec l’archéologie : la datation par le 14C

L’établissement d’une chronologie fondée sur des critères autres que la seule évolution des formes et des techniques de fabrication était indispensable. Jusqu’à une date récente, le recours aux datations par le radiocarbone était peu usité par les protohistoriens travaillant sur le second âge du Fer, tant il était admis qu’elles étaient inutiles en raison de ce qui est appelé “le plateau de l’âge du Fer” de la courbe de calibration (Fig. 1). En effet, ce plateau induit, au moment de la correction de l’âge 14C, une très importante incertitude atteignant plusieurs siècles (Fig. 2)

Après une forte rupture de la courbe de référence au IXe s. (fenêtre de réponse optimale), un premier palier s’étend du VIIIe à la fin du Ve s. Un décrochement tout aussi net s’effectue alors qui couvre le IVe s. (autre fenêtre optimale qui concerne notre étude). La courbe connaît ensuite un nouveau plat marqué par de multiples oscillations que l’on peut distinguer en deux séquences. Ainsi, du point de vue des possibilités offertes par le radiocarbone pour une étude centrée sur La Tène ancienne, seule une fenêtre nette, mais brève, peut être mise à profit pour dater en chronologie absolue les ensembles de mobilier couvrant la deuxième moitié du VIe s. (Hallstatt D2-D3) et les Ve, IVe et première moitié du IIIe s. (La Tène A1 et A2 et La Tène B1 et B2).

L’opportunité fournie par cette lucarne dans la courbe de calibration a été vue comme la possibilité d’adosser nos propositions de chronologie relative (les étapes de la périodisation proposée pour l’Auvergne) à un référentiel reconnu en chronologie absolue. Cette étape franchie, il restera encore la nécessité de faire le lien avec les sériations chrono-culturelles en vigueur pour l’Europe de l’Ouest (chronologie allemande).

Concrètement, les dates à partir d’ossements (animaux ou humains) ont été privilégiées sur les charbons de bois (sauf dans un cas, l’anille d’une meule rotative conservée dans son logement et gardant le diamètre complet d’une branche d’ormeau). Ce choix, nous permet d’éviter les imprécisions variables de vieillissement dû à l’effet “vieux bois” d’un charbon de bois. En effet la pousse du cerne est annuelle et on ne connaît pas sa position parmi les cernes du bois, donc son âge de croissance. Le renouvellement du collagène d’un ossement étant de quelques années, sa datation est proche de la date de l’évènement que l’on souhaite dater. Les graines souvent brûlées, favorisant ainsi leur conservation, sont des éléments des plus représentatifs puisque leur durée de vie encore plus restreinte, en général annuelle.

Opportunités de datation (ordonnées) offertes par la courbe de calibration (abcisses) couvrant le premier millénaire avant notre ère (indication en valeur absolue comptée avant J.-C). Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre
F ig. 1 : Opportunités de datation (ordonnées) offertes par la courbe de calibration (abcisses) couvrant le premier millénaire avant notre ère (indication en valeur absolue comptée avant J.-C). Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre
Deux simulations de résultats et de leur précision en chronologie absolue en fonction des fluctuations plus ou moins fortes de la courbe de calibration. L’exemple du haut illustre l’imprécision due au plateau du Ier âge du Fer et l’exemple du bas met en évidence la réponse resserrée due à la verticalité de la courbe de calibration. Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre
Fig. 2 : Deux simulations de résultats et de leur précision en chronologie absolue en fonction des fluctuations plus ou moins fortes de la courbe de calibration. L’exemple du haut illustre l’imprécision due au plateau du Ier âge du Fer et l’exemple du bas met en évidence la réponse resserrée due à la verticalité de la courbe de calibration. Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre

3 – Les premiers résultats et les démarches en cours

Plusieurs tests de datation par le radiocarbone ont été effectués dans les années 1990 pour valider l’expérience d’un premier test fait sur le site de Lijay dans la Loire par Michel Vaginay et Vincent Guichard, test parfaitement concluant. Trois dates furent alors lancées : La Moutade et Dallet dans le Puy-de-Dôme (2017, notices n°12 et 19) et Gannat dans l’Allier (2017, notice n°13). Au vu des réponses positives (Fig. 3), la démarche fut élargie à tous les ensembles de référence des cinq premières étapes sélectionnées pour l’Auvergne, soit un total de 23 datations. Les résultats ont été publiés individuellement avec leur notice correspondante (Mennessier-Jouannet et Deberge 2017). Ils bénéficient donc des critères qui ont prévalu pour la sélection des ensembles présentés dans l’ouvrage : ils sont issus de niveaux stratigraphiques bien individualisés à la fouille et contenant un mobilier abondant et aussi diversifié que possible pour la grande majorité d’entre eux. Le regroupement de ces résultats classés dans l’ordre chronologique met en évidence une nette diagonalisation des données laissant apparaître que la séquence longue de deux siècles et demi (de la fin du VIe au milieu du IIIe s.) pouvait être séquencée beaucoup plus finement. D’autre part, le recours au radiocarbone validait certaines données issues de la chronologie relative, notamment en ce qui concerne l’étape 2.

Lors de la mise en chantier du volume 2 sur La chronologie du mobilier archéologique du second âge du Fer en Auvergne : La Tène ancienne en Basse Auvergne. Synthèse des résultats, il est apparu d’une façon générale que le nombre total de datations pour chaque étape n’était pas suffisant pour valider l’ensemble, mais aussi que le corpus de documentation des deux premières étapes demandait à être complété par d’autres ensembles de mobilier. Ceux-ci proviennent des travaux en archéologie préventive qui, depuis 2017 ont enrichi ou complété nos données. En chronologie relative, les résultats publiés en 2017 s’en trouvent renforcés. Dans la logique de notre démarche, une nouvelle série de radiocarbone a été mise en œuvre et, avec le soutien financier de l’Etat, est en ce moment à l’étude au Centre de Datation par le Radiocarbone de Lyon (CNRS et UMR Arar). Ainsi, 29 nouvelles dates compléteront la trentaine de dates que nous possédons déjà.

Rappelons le handicap constant auquel nous sommes confrontés pour caler notre chronologie relative par rapport aux systèmes de datation élaborés sur la base du mobilier métallique, que ce soit le système de Hatt et Roualet pour l’Est de la France ou le système de Reinecke et ses développements pour l’Allemagne du Sud, la Suisse et auquel une vaste partie de la France se rattache. En effet, il n’y a pas de mobilier métallique sur les sites ruraux de Limagne pour cette période ancienne, mais en revanche les nécropoles que nous supposons de la même période regroupent des inhumations qui portent une parure ou un armement ou des objets de toilette uniquement en métal. Cette pratique est commune à un vaste domaine géographique qui couvre le domaine nord-alpin. Deux fouilles récentes, l’une sur la commune de Pont-du-Château l’autre sur celle des Martres d’Artière ont fait l’objet d’une dizaine de datations par le radiocarbone, qui ont fourni des résultats tout à fait convenables en ce sens qu’ils s’inscrivent dans la fourchette chronologique qui nous intéressent. Cependant, le choix des auteurs s’est porté sur des sépultures sans mobilier pour des raisons spécifiques à leur problématique (tombes monumentalisées). En conséquence, a été adjointe à la série de dates provenant de structures d’habitat, une série d’échantillons provenant des sépultures les mieux datées couvrant la même séquence chronologique (tout au moins, nous le supposons).

L’ensemble de ces données chronologique sera ensuite repris et complété par le recours à l’analyse bayésienne pour laquelle le laboratoire de Radiocarbone de Lyon, auteur de la grande majorité des Radiocarbones de l’étude, est partie prenante en la personne de Jean-Claude Lefêvre. L’étude a pour support le logiciel Chronomodel mis en forme par Philippe Lanos, laboratoire de Geosciences à l’Université de Rennes. Sur la base d’un essai préliminaire, l’étape 1 voit une proposition de scission en deux ensembles et l’étape 3 se dégage et s’individualise par rapport aux étapes 4 et 5.

La multiplication des données chronologiques fournies par les différentes méthodes de datation absolue et celles obtenues par les fouilles et l’analyse des mobiliers soulèvent la question de leur traitement conjoint suivant des méthodes fiables et reproductibles. C’est pour répondre à cette question que depuis les années 90 des archéologues, des archéomètres et des statisticiens ont développé des logiciels de modélisation chronologique utilisant des statistiques dites bayésiennes. Celle-ci repose sur le théorème de Thomas Bayes (1702–1761), permettant de déduire la probabilité temporelle d’un événement à partir de celles d’autres événements déjà évalués.

Les statistiques bayésiennes ont été appliquées pour la calibration des datations carbone 14 : conversion des âges C14 brut exprimés en BP en date calendaire via la courbe de calibration. Les différents programmes de calibrations Calib, Oxcal, etc. utilisent ce type de statistiques. Plusieurs logiciels de modélisations chronologiques ont été développés depuis une vingtaine d’années BCal (Buck et al, 1999), OxCal (Bronk et Ramsey, 2005,2009) et à partir des années 2000 RenDateModel puis Chronomodel de Philippe Lanos.

Classement graphique des principaux résultats des datations absolues par le radiocarbone mis en correspondance avec les étapes chronologiques issues du programme collectif de recherche publié en 2017 (Mennessier-Jouannet et Deberge 2017). Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre
Fig. 3 : Classement graphique des principaux résultats des datations absolues par le radiocarbone mis en correspondance avec les étapes chronologiques issues du programme collectif de recherche publié en 2017 (Mennessier-Jouannet et Deberge 2017). Document : C. Mennessier-Jouannet et J.-C. Lefèvre

Ces logiciels permettent d’intégrer dans un même calcul des données temporelles telles que datation radiocarbone, thermoluminescence, archéomagnétisme, typochronologies, ainsi que des contraintes stratigraphiques ou des Terminus ante et post quem. Il est alors possible d’améliorer la précision et la fiabilité de chacune des datations. Ainsi, en utilisant l’ensemble varié de ces données, la modélisation peut déterminer la chronologie, sous forme d’intervalle d’âge donné à deux sigmas de confiance (95 % de probabilité) soit pour un fait événementiel soit pour un phasage culturel ou pour une occupation de site. Dans la présente étude, les amphores massaliètes du site d’Aulnat, îlot des Martyrs (2017 notice n°2), les importations méditerranéennes de Cournon, Les Pointes Hautes (notice en cours) ou Orcet, rue des Vergers (notice en cours), les fibules du site d’Artonne, La Mothe (2017 notice n°7) sont autant de descripteurs qui entreront en ligne de compte pour paramétrer des terminus post quem. La date proposée sera variable en fonction de chaque type de mobilier : par exemple, la date de -525 sera proposée pour les amphores massaliètes, en choisissant le terme le plus ancien possible d’arrivée de ce matériel en Gaule continentale.

En conclusion, de cette tentative de datation absolue des phases anciennes de la périodisation d’Auvergne, il ressort (et cela n’était pas dit d’avance) que le recours au radiocarbone pour dater des contextes depuis le Ha D2-3/ LT A1 jusqu’à La Tène B2 (horizon des fibules de Duchcov et post-Duchcov) peut être pertinent et qu’il existe un créneau utilisable à cet effet.

Mais aussi, la création, par le biais des radiocarbones, d’un référentiel commun à tous les ensembles de mobiliers métalliques ou céramiques de cette période de la fin du premier âge du Fer et de La Tène ancienne permettra de raccrocher les sites ruraux plus nombreux mais plus modestes, au même système chrono-culturel que celui déjà en vigueur pour les mobiliers métalliques accompagnant les sépultures, se rapportant aussi à des strates différentes de la société gauloise.


Bibliographie

Blaizot et al. 2002 : Blaizot F., Milcent P.-Y., De Goër de Hervé, A., Macabéo G., Moulherat Chr., Plantevin C., Oberlin Chr. et Surmely F. – L’ensemble funéraire Bronze final et La Tène ancienne de Champ-Lamet à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme), Société Préhistorique Française, Travaux 3, 2002, 164 p., 34 fig., 47 pl.

Blaizot, Dousteyssier et Milcent 2017 : Blaizot F., Dousteyssier B. et Milcent P.-Y. – Les ensembles funéraires du Bronze final et de La Tène ancienne des Martres d’Artière (Puy-de-Dôme), Gallia, 64e supplément, CNRS éd., Paris 2017, 199 p.

Mennessier-Jouannet et Deberge 2017 : Mennessier-Jouannet C. et Deberge Y. – Chronologie du mobilier archéologique du second âge du Fer en Auvergne, 65e supplément de la R.A.C.F, 653 p. et 490 fig.

Les dolmens de la Planèze de Saint-Flour (15)

Les dolmens de la Planèze de Saint-Flour (bilan de l’opération et perspectives). Campagne de prospection thématique 2021

Florent Chateauneuf


La Planèze de Saint-Flour se situe dans la partie orientale du département du Cantal. Elle est circonscrite au nord par la vallée de l’Alagnon, au sud par celle de la Truyère, à l’est par le bassin de Saint-Flour et à l’ouest par les Monts du Cantal. Elle forme un vaste plateau basaltique peu vallonné, dont l’altitude moyenne s’établit autour de 1 000 m. La Planèze et ses reliefs limitrophes renferment l’une des plus fortes concentrations mégalithiques de l’Auvergne (Surmely et Liabeuf 1998).

L’intérêt pour les dolmens de la Planèze se développe à partir du XIXe s. Les chercheurs locaux produisent les premiers comptes rendus de fouille (Delort 1878), dressent les premiers inventaires (Lalande 1873 ; Delort 1885) et diffusent leurs résultats au travers des premiers congrès nationaux. C’est ainsi que le Dictionnaire archéologique de la Gaule (1875) fait état d’une quinzaine de dolmens dans le département, dont sept situés sur la Planèze ou dans ses environs. Quelques années plus tard, l’Inventaire des monuments mégalithiques de la France, dressé par Henri Martin (Martin 1880), en compte désormais une douzaine sur la Planèze. Néanmoins, les informations fournies sont bien souvent de courtes descriptions et manquent de précisions.

La première moitié du XXe s. est marquée par une longue pause dans la recherche. Il faut attendre la fin des années 1960 pour qu’un intérêt nouveau se fasse jour. Le Groupe d’Etude des Mégalithes d’Auvergne (GEMA) se constitue avec pour objectif de procéder à un nouvel inventaire des mégalithes de la région. Leurs travaux vont particulièrement concerner le secteur de la Planèze : ils dressent une liste de 10 dolmens conservés, tandis qu’au moins trois auraient été détruits. A cette occasion, plusieurs dolmens font l’objet d’interventions archéologiques : sondages ou tamisage des déblais. C’est ainsi que le dolmen de la Pierre Levée 2 est fouillé à Villedieu en septembre 1969 (Barbier 1972). La même année, suite à une fouille clandestine, le dolmen de Touls (Coltines) fait l’objet d’un tamisage principalement localisé dans la chambre : des vestiges chronologiquement variés témoignent d’une fréquentation du dolmen sur une longue durée (Masseix 1973). Toujours en 1969, des sondages et tamisages de déblais anciens sont menés sur le dolmen de la Tombe du Capitaine à Villedieu (Barbier 1974). Enfin, le dolmen de Mons est fouillé à partir de 1970 (Barbier 1970-1971).

Entre cette courte période d’activité et aujourd’hui, les opérations archéologiques sur les dolmens de la Planèze sont demeurées peu nombreuses. Il convient néanmoins de signaler les fouilles menées sur le dolmen de Védernat à Roffiac (Lagasquie 2003) et sur le dolmen de la Table du Loup à Sériers (Vergély 2006), qui ont abouti à la restauration des monuments. A l’occasion de la fouille de ce dernier, le tumulus fortement arasé a été entièrement décapé, révélant une architecture vraisemblablement mixte. Ainsi, le tumulus comprenait un apport de terre, des aménagements lithiques (muret de pierre sèche et blocs de calage) et des structures en creux (fosses et fossé d’implantation). Une nouvelle fois, un abondant mobilier céramique (près de 8000 tessons) permet de documenter une très longue fréquentation du site : depuis le Néolithique récent jusqu’au Moyen Âge. Enfin, dans un registre différent, il reste à signaler les travaux dirigés par Fr. Surmely dans les années 1990 et 2000, ayant pour point de mire les logiques d’implantation et d’approvisionnement en matériaux de construction (Surmely et al. 1996 ; Surmely, Vautier et Miras 2005).

Malgré cela, les dolmens de la Planèze de Saint-Flour demeurent encore sous documentés. Ce déficit d’information a été constaté à plusieurs reprises au fil des publications les plus récentes (Surmely et Liabeuf 1998 ; Surmely, Vautier et Miras 2005). Cette situation touche à la fois l’architecture mégalithique et les techniques de construction, l’évolution dans le temps des modes de fonctionnement ou les modifications successives apportées au monument. En outre, du fait de leur simplicité relative et de leurs faibles dimensions, les dolmens de la Planèze sont généralement rattachés à la sphère méditerranéenne par le groupe dit Caussenards et au Néolithique final (Chevalier 1984). Néanmoins, une attribution plus ancienne (Néolithique récent) a été proposée pour la construction du dolmen de la Table du Loup à Sériers (Vergély 2006). De plus, leur utilisation funéraire semble se poursuivre au cours l’âge du Bronze (dolmen de la Table du Loup : Vergely 2006) et du Premier âge du Fer (dolmens de Mons : Barbier 1970-1971 et de la Pierre Levée 2 : Barbier 1972). Leur fréquentation perdure tout au long des périodes historiques. Enfin, l’association fréquente en un même lieu de dolmens et de tumulus non mégalithiques plus récents interroge sur la pérennité du lieu funéraire et sur l’ancrage dans un territoire. Pour tout cela, la poursuite de l’étude des dolmens de la Planèze de Saint-Flour est donc rendue pertinente.

Carte de localisation des sites pré et protohistoriques de la commune de Joursac (Cantal). Document : F. Chateauneuf
Fig. 1 : Carte de localisation des sites pré et protohistoriques de la commune de Joursac (Cantal). Document : F. Chateauneuf

L’opération de prospection thématique menée sur la Planèze durant l’année 2021 se place dans la continuité des travaux précédents et s’est fixée pour objectif de renouveler les données concernant les dolmens. La réalisation d’un bilan documentaire et iconographique pour chacun des sites a été la première étape de l’opération. Cette phase d’étude préliminaire a pris la forme de journées de travail consacrées à la consultation des documents disponibles au Service régional de l’archéologie, à la Bibliothèque du patrimoine de Clermont-Ferrand, au Musée de la Haute Auvergne à Saint-Flour et au Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac. Les données ainsi recueillies révèlent l’étendue chronologique de la fréquentation des dolmens, mais aussi la rareté du mobilier contemporain de leurs premières utilisations. Par exemple, la quasi-absence de matériel ostéologique effectivement conservé contredit sa relative abondance dans les comptes rendus de fouilles. L’inventaire des dolmens a pu être mis à jour et les données de localisation précisées in situ (Fig. 1).

Les architectures mégalithiques ont fait l’objet d’une description précise et une nouvelle documentation iconographique a été produite : couverture photographique (Fig. 2), vues en plan et en élévation (Fig. 3), coupes topographiques, relevés photogrammétriques. Un bilan sanitaire a été réalisé, permettant de noter l’évolution des sites sur le long terme et de relever les diverses menaces pesant encore sur la conservation des vestiges architecturaux ou sédimentaires. Dans ce cadre, une estimation du potentiel archéologique de chacun des sites a été produite, basée sur les comptes rendus d’explorations anciennes et sur nos observations in situ.

Enfin, des prospections ont été menées pour tenter d’identifier l’emplacement des dolmens détruits ou perdus et signalés dans les publications anciennes, sans succès. De vastes secteurs restent cependant encore à explorer.

La campagne de 2022 sera consacrée à un approfondissement de la collecte des données concernant les dolmens de la Planèze. Elle permettra de mettre en perspective les acquis et lacunes en matière de chronologie des occupations, de connaissance des pratiques architecturales et des rituels funéraires, de compréhension des logiques d’insertion des monuments dans le paysage. Cet objectif sera réalisé par un retour aux collections conservées dans les différents lieux de dépôts et données de terrain. Enfin, la rédaction d’une synthèse fera ressortir les principales problématiques à développer pour une meilleure compréhension des dolmens de la Planèze, dans le contexte du mégalithisme régional.

Vues du dolmen de Recoules (Joursac). A – Vue générale du dolmen et de son environnement depuis le sud-ouest. B – Vue depuis le sud. C – Vue depuis le nord-ouest. D – Vue depuis le nord-est. E — Vue depuis le sud-ouest. F – Vue du tertre (les blocs de la couronne sont surlignés en rouge). Clichés : F. Chateauneuf
Fig. 2 : Vues du dolmen de Recoules (Joursac). A – Vue générale du dolmen et de son environnement depuis le sud-ouest. B – Vue depuis le sud. C – Vue depuis le nord-ouest. D – Vue depuis le nord-est. E — Vue depuis le sud-ouest. F – Vue du tertre (les blocs de la couronne sont surlignés en rouge). Clichés : F. Chateauneuf
Vues en plan et en élévations du dolmen de Recoules (Joursac). Document : F. Chateauneuf
Fig. 3 : Vues en plan et en élévations du dolmen de Recoules (Joursac). Document : F. Chateauneuf

Bibliographie

Barbier 1970-1971 : Barbier L. – Fouille du dolmen de Mons, rapports préliminaires, Clermont-Ferrand, Service régional de l’Archéologie, 16 p.

Barbier 1972 : Barbier L. – Le dolmen et le tumulus de Pierre-Levée 2 à Villedieu (Cantal), Revue archéologique du Centre de la France, t. 11, fasc. 1-2, p. 94‑111.

Barbier 1974 : Barbier L. – Dolmen dit “La tombe du Capitaine” à Villedieu (Cantal), Revue archéologique du Centre de la France, t. 13, fasc. 3-4, p. 279‑285.

Chevalier 1984 : Chevalier Y. – L’architecture des dolmens entre Languedoc et Centre-Ouest de la France, Bonn, Habelt, 287 p., 152 pl. (Saarbrücker Beiträge zur Altertumskunde ; 44).

Commission de la Topographie des Gaules 1875 : Commission de la Topographie des Gaules – Dictionnaire archéologique de la Gaule. Époque celtique, Imprimerie nationale, Paris, 476 p. (tome 1er : A-G).

Delort 1878 : Delort J.-B. – Notes pour servir à l’étude de la haute antiquité en Auvergne : dolmen et sépultures hallstattienne de Mons, Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme, 2e série, t. IX, p. 57‑66.

Delort 1885 : Delort J.-B. – Inventaire des monuments mégalithiques et autres observés dans le Cantal, in : Compte-rendu de la 13e session de l’Association française pour l’avancement des sciences, Blois, 1884, Paris, Secrétariat de l’association, p. 405‑407 (Seconde partie, Notes et mémoires).

Lagasquie 2003 : Lagasquie J.-P. – Le dolmen de la Crousette ou de Védernat, commune de Roffiac (Cantal), Rapport de fouille 2003, Clermont-Ferrand, Service régional de l’Archéologie, 21 p.

Lalande 1873 : Lalande P. – Note sur les dolmens du Cantal, Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’homme, t. 8, 2e série, p. 82‑85.

Martin 1880 : Martin H. – Inventaire des monuments mégalithiques de la France, Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris, t. 3, p. 64‑131.

Masseix 1973 : Masseix H. – Le dolmen de Touls à Coltines (Cantal), Revue archéologique du Centre de la France, t. 12, fasc. 1-2, p. 63‑67.

Surmely et al. 1996 : Surmely F., De Goër de Hervé, A., Murat R. et Liabeuf R. – Apport de l’étude de la localisation des monuments mégalithiques à la compréhension du phénomène mégalithique : exemples des environs de Saint-Flour (Cantal) et de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Bulletin de la Société préhistorique française, t. 93, n°3, p. 434‑441.

Surmely et Liabeuf 1998 : Surmely F. et Liabeuf R. – Les sépultures mégalithiques en Auvergne. Bilan des connaissances, in Ph. Soulier et C. Masset (Dir.) : La France des dolmens et des sépultures collectives (4500 – 2000 av. J.-C.), Paris, Éditions Errance, p. 38-44.

Surmely, Vautier et Miras 2005 : Surmely F., Vautier F. et Miras Y. – Utilisation d’un système d’information géographique pour l’étude de la localisation des dolmens et des menhirs. Application aux monuments de la Planèze de Saint-Flour, Revue des Sciences Naturelles d’Auvergne, t. 69, p. 42‑60.

Vergely 2006 : Vergely H. – Le dolmen de la Table du Loup (Sériers, Cantal), Rapport de fouilles programmées 2006, Clermont-Ferrand, Service régional de l’Archéologie, 57 p.