Parures annulaires protohistoriques en schiste bitumineux de l’Allier, reprise des données et nouvelles perspectives


Alexandre Michel (Responsable d’opération, protohistorien, Service d’Archéologie Préventive du Département de l’Allier, Conseil Départemental de l’Allier, 1 avenue Victor Hugo BP1669, 03 000 Moulins. Chercheur associé Arar UMR5138, membre du PCR « Le pays de Gannat de la Protohistoire à l’Antiquité » sous la direction de David Lallemand et Pierre-Yves Milcent)

Le présent article se propose d’exposer les premiers et principaux volets d’un projet collectif de recherche portant sur la production, les modalités de consommation et la diffusion des parures annulaires en schiste bitumineux, issus des complexes artisanaux de l’Allier. Il constitue également l’occasion d’offrir une liste bibliographique relativement complète sur le sujet.

Introduction

Dans la continuité des recherches menées dans le cadre d’un Master (Michel 2006) et d’une activité d’archéologie préventive et programmée, en tant que spécialiste du sujet (Baucheron et al. 2009a ; Baucheron et al. 2009b ; Baucheron et al. 2009c ; Delrieu et al. 2022 ; Michel 2011 ; Michel 2015), est proposé d’engager une reprise des travaux sur les complexes d’ateliers de fabrication de parures annulaires en schiste bitumineux de Buxières-les-Mines et de Montcombroux-les-Mines, tous deux situés dans l’Allier. À une étude de la chaîne opératoire se couplera celle de la diffusion des anneaux, perles et bracelets sur les sites de consommation durant toute la Protohistoire, d’un point de vue local, régional et au-delà.

Parmi les différents matériaux employés en Europe occidentale pour la réalisation de parures annulaires, les artisans des âges des Métaux ont choisi une roche tendre, organo-minérale, d’origine fossile, souvent nommée à tort « lignite », désormais déterminée comme schiste bitumineux, ou sapropélite, que l’on regroupe sous le terme générique de matière organique fossilisée ou fossile (Ligouis 2006). Cette m.o.f. est exploitable à l’état naturel sous forme d’affleurements de surface, et se délite aisément en plaque.

Un grand nombre de gisements sont recensés en France. Plusieurs d’entre eux ont des âges géologiques différents allant du Carbonifère au Miocène. Par exemple, les gisements de schistes bitumineux du Massif Central qui nous intéressent ici, sont de l’âge Permien. On connaît également des gisements de schistes datés cette fois du Stéphanien dans les bassins de Vendes (Cantal), de Rayran (Var), et de Blanzy-Montceau (Saône-et-Loire). D’autres gisements sont présents de la Lorraine à la Franche-Comté et sur la bordure orientale du massif du Morvan : ces schistes sont à Posidonies et sont datés du Lias. Des schistes bitumineux du Crétacé supérieur sont également connus en Ardèche (Barrabe et Feys 1965).

En Europe, d’autres gisements de ce type ont été localisés en Écosse, en Estonie, en Allemagne et en Bohême (Venclova 1991 ; Venclova 1992) mais le plus connu étant le « charbon » de la baie de Kimmeridge sur le littoral sud de l’Angleterre (Cox et Mills 1991 ; Cunliffe et Phillipson 1955).

1. Géologie et techniques artisanales

La majorité des gisements de schiste bitumineux du département de l’Allier sont présents au sommet des bassins houillers. Ils forment des lambeaux circonscrits, généralement peu étendus. La nature des débris organiques conservés prouve que ses formations se sont cristallisées en eaux douces. Ils se sont déposés dans les dépressions plus ou moins profondes des terrains primitifs, délimitant des anciens lacs particuliers d’où le terme de « bassin » employé pour le mode de formation des terrains houillers. Les roches constitutives des bassins houillers sont quasi exclusivement composées de grès et d’argiles schisteuses. Le grès est généralement dominant à la base de la formation alors que les schistes se retrouvent plutôt en surface, dans les couches supérieures. Le terrain houiller dans le département de l’Allier forme six bassins principaux (Boulanger 1844), suivant l’axe du grand sillon houiller du centre de la France : le bassin de Commentry, de Doyet, de Buxières-les-Mines et de la vallée de l’Aumance, de Meaulne et la vallée du Cher, de la Queune, et de Bert-Montcombroux-les-Mines.

Le terrain houiller de Bert-Montcombroux-les-Mines renferme beaucoup de schistes bitumineux, analogues à ceux des autres bassins houillers. Comme eux ils sont noirs et assez consistants, ils se laissent aisément entamer au couteau. Sur la commune de Montcombroux-les-Mines, ils sont facilement observables à l’état naturel.

Dans la partie occidentale du département, la partie visible du bassin houiller de la vallée de l’Aumance forme une bande allongée de 9 à 10 km, depuis la forêt de Dreuille jusqu’à Gipcy. Les schistes bitumineux du bassin de l’Aumance sont présents dans la zone de confluence des rivières du Bandais et du Morgon.

Les schistes exploités dans l’Allier sont tous bitumineux, bien qu’il n’existe pas une homogénéité sur tout le territoire. Issus des filons de houilles, les matériaux sont visuellement variables. Les colorations varient aisément du noir au gris, avec des reflets parfois bleutés ou verdâtres. Plus encore, même si les litages internes sont identiques, les matières exploitables n’ont pas toujours les mêmes qualités plastiques, ce qui est fondamental pour un tailleur-artisan spécialisé dans le façonnage de parures annulaires de plus ou moins petites dimensions. Ces considérations techniques et esthétiques donnent des indices sur les éventuels lieux d’extraction privilégiés par les communautés d’artisans et donc sur les choix d’implantation des ateliers. La qualité d’un gisement en pente est différente de celle d’un gisement en cuvette, où les veines exploitables sont plus profondes. La volonté d’exploiter tel ou tel matériau dépend également de la destination finale des objets.

Des schistes sont utilisés dès le Néolithique pour la confection de parures annulaires (Auxiette 1989 ; Fromont 2008 ; Praud et al. 2003) mais ils ne sont pas d’origine métamorphique et non spécifiquement bitumineux. L’artisanat qui nous intéresse se développe au moins depuis l’âge du Bronze jusqu’à la toute fin du second âge du Fer. Si la technique de fabrication perdure au cours du temps, la typologie des bracelets, des anneaux et des perles a cependant évolué en fonction des goûts et besoins de chaque période.

D’une façon générale, six à sept phases successives de travail sont nécessaires à l’obtention d’un bijou susceptible d’être porté (fig. 1). On constate certaines variantes en fonction des différents degrés de finition des objets et s’ils sont décorés ou non (Chevillot 1976). Le procédé global est plutôt simple, mais le temps d’exécution et la précision des coups portés induisent tout de même une grande spécialisation des travailleurs (Abauzit 1959 ; Blanchet 1988 ; Buisson 1949 ; Coutil 1928 ; Pouenat et Vernet 2002 ; Venclova 1992).


Fig. 1 : Extrait de la chaîne opératoire des parures annulaires en schiste, site de « La Chassagne », Buxières-les-Mines, Allier (Dessin : A. Urgal, d’après Pouenat et Vernet 2002)

Pour rappel, une fois extraits, les bords des plaques en matière brute sont méthodiquement régularisés, notamment sur leurs tranches afin d’obtenir des objets rectangulaires.

C’est à partir de ces plaques travaillées que sont élaborés les palets ou disques primaires, véritables gabarits des futures parures. Le centre du palet peut maintenant être percé pour qu’il ne reste que la partie extérieure.

De façon rayonnante, l’artisan taille d’abord le palet de l’extérieur vers l’intérieur puis de l’intérieur vers l’extérieur. Le centre du palet se détache alors du jonc. Les nodules ou noyaux d’évidements correspondent à cette partie centrale, plus ou moins circulaire – objets les plus fréquemment rencontrés sur les sites d’ateliers. En suivant exactement le même procédé, les nodules sont creusés de façon rayonnante et de nouveaux joncs se détachent. Plus petits, ils constituent de simples anneaux. D’anciens nodules sont retravaillés avant de servir de palet de base pour la fabrication des perles.

Les joncs bruts obtenus après détachement des nodules demeurent très grossiers, très cabossés. Le façonnage s’effectue par petits impacts parallèles surtout sur la face interne du jonc, dans deux sens différents. Les traces de taille forment ainsi des sortes de chevrons réguliers. Il arrive que certains bracelets en cours de dégrossissement constituent, dès cette étape, des produits suffisamment aboutis pour être consommés, portés.

Les facettes du jonc sont alors lissées, les arêtes sont arrondies.

Vient alors l’étape de finition du jonc : le polissage. Les faces externes sont traitées à l’aide de polissoirs en grès rainurés. Ceux destinés au polissage des faces internes sont allongés, ont une extrémité dotée d’une préhension afin qu’ils puissent être en mouvement à l’intérieur de la parure.

Enfin, des décors en creux, en relief ou ciselés peuvent être appliqués sur le pourtour des joncs.

Le département de l’Allier offre ainsi un formidable potentiel pour l’étude des techniques artisanales des populations protohistoriques. L’obtention et la commercialisation des parures en schiste ont généré de vastes complexes artisanaux, notamment repérés sur les communes de Buxières-les-Mines et Montcombroux-les-Mines (fig. 2), et plus largement dans les vals de l’Aumance et de la Besbre. Grâce à l’ensemble des ramassages effectués depuis les premières découvertes, jusqu’aux investigations récentes en contextes de fouilles préventives, plus d’une trentaine de sites d’ateliers sont désormais localisés (Lallemand 2008 ; Michel 2006). Seulement quelques-uns d’entre eux sont actuellement datés, du second âge du Fer (Baucheron et al. 2009a ; Pouenat et Vernet 2002).

Fig. 2  : Localisation des principaux ateliers de fabrication de parures annulaires découverts dans le département de l’Allier (source : SAPDA)

2. Nouvelles perspectives, provenance et consommation

Un premier volet de recherche s’attardera sur la localisation la plus exhaustive possible des lieux d’affleurements, dans le cadre de prospections pédestres thématiques et systématiques. Il s’agira en effet de cartographier l’ensemble des sites attestés ou supposés, en procédant à des prélèvements de matériaux dans le but de déterminer et caractériser l’ensemble des micro-faciès géologiques exploités ou exploitables. Le ramassage de l’ensemble des artefacts complétera la collecte des données et permettra si possible de circonscrire les périodes d’activités de ces exploitations.

En France, les découvertes archéologiques regroupent plus d’un millier d’artefacts (Baron 2012). En France centrale et plus particulièrement en Auvergne, les découvertes archéologiques propres à cet artisanat concernent plus particulièrement l’âge du Bronze et l’âge du Fer. Elles sont issues de découvertes anciennes ou récentes et concernent l’ensemble des périodes internes à la Protohistoire (fig. 3). Les parures en m.o.f. sont documentées à la fois en contexte funéraire, sur l’ensemble des sites d’habitats mais aussi dans les sanctuaires (Buchsenschutz et al. 2000 ; Burgess et al. 2000 ; Deberge 2012 ; Deberge et al. 2007a ; Deberge et al. 2007b ; Deberge et Pertlwieser 2019 ; Delrieu et al. 2023 ; Demierre 2019 ; Krausz et al. 2021 ; Lallemand 2008 ; Lallemand et Orengo 2007 ; Mennesier-Jouannet et Deberge 2017 ; Mennessier-Jouannet et Dunkley 1996 ; Michel 2015 ; Milcent 2004 ; Moret 1900 ; Pasquier 2022 ; Ruffier et Troadec 1987 ; Vermeulen et al. 2006).

Le principal volet du programme de recherche portera donc sur les études de provenance des matériaux découverts en contextes archéologiques. Pour cela, une collaboration active est lancée avec le laboratoire de Géoarchéologie de l’Université de Tübingen – le laboratoire en pétrologie organique appliquée dirigé par Bertrand Ligouis. Sa méthode de caractérisation du micro-faciès organo-minéral est désormais éprouvée et permet une discrimination fiable des schistes bitumineux entre les gisements de Buxières, de Montcombroux, des sapropélites tchèques ou encore ceux du Dorset en Angleterre (fig. 4 ; Ligouis 2006 ; Ligouis 2017 ; Ligouis 2018). Il est ainsi avéré qu’aux périodes qui nous concernent, les parures noires de l’Allier sont diffusées bien au-delà des frontières du département actuel, sur l’ensemble du territoire arverne bien-sûr mais également en région Centre chez le peuple biturige, dans le sud de la France, en Suisse et jusque dans le sud de l’Allemagne (Kaenel et al. 1984 ; Ligouis 2010 ; Ligouis 2012 ; Wilhelm et Hopken 2018).

Les analyses menées à ce jour, aux résultats certes déjà spectaculaires, ne constituent néanmoins que les premiers pas de cet axe de recherche. Le présent projet s’inscrit donc méthodologiquement dans la continuité des travaux réalisés en région Centre, sous la direction de Caroline Millereux (Millereux et Ligouis 2023). Les futurs résultats sont donc très attendus en ce sens qu’ils confirmeront le rayonnement à petites et longues distances des complexes artisanaux de l’Allier, tout en précisant en retour les périodes de fonctionnement de ces ateliers ainsi que les rapports de concurrences existants entre les différents centres de production européens.

Fig. 3 : Localisation et extrait des lots de parures issus des principaux sites protohistoriques auvergnats. Document A. Michel

L’étude de provenance des parures se concentrera d’abord sur le territoire auvergnat actuel, suivant une liste sélective d’objets issus des principaux sites de consommation, s’échelonnant sur la quasi-totalité des phases d’occupation. Cette liste non exhaustive aura l’avantage de prendre en compte les données diachroniques issues de sites distincts mais aussi de contextes diachroniques à l’échelle des sites eux-mêmes. À ce jour, un inventaire minimal regroupe déjà une trentaine de sites d’habitats et une dizaine de sites funéraires, totalisant 40 à 50 objets ciblés (Varennes-sur-Allier, Hérisson, Bègues dans l’Allier, Aigueperse, Aulnat, Gergovie, Corent, Pontcharaud, Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, ou encore Saint-Georges et Charmensac dans le Cantal…). Quand bien même l’actualisation des inventaires est en cours, signalons qu’en l’état actuel, pour le seul territoire auvergnat, les découvertes de parures noires concernent plus de 100 contextes pour un total dépassant les 350 objets.

Fig. 4  : Exemples des points de prélèvements et section polie destinés à la caractérisation et à la détermination du microfaciès organo-minéral des schistes bitumineux, effectué en lumière blanche réfléchie et en mode fluorescence (excitation en lumière ultra-violette et violette). Méthodes d’analyse en pétrologie organique élaborées par B. Ligouis, Laboratoire LAOP, Géoarchéologie, Université de Tübingen

À terme il s’agit de travailler sur les aires culturelles de diffusion des parures en schiste afin de mettre en lumière les réseaux de consommation propres à celles-ci, durant toute la Protohistoire.

En parallèle, des investigations de terrain approfondies devront être menées directement sur les sites d’ateliers de confection des parures annulaires pour mieux en percevoir les structures d’extraction et de production, ainsi que l’organisation du circuit économique qu’ils représentent. Afin d’étayer la problématique, une campagne de sondages puis de fouille programmée est envisagée sur la commune de Montcombroux-les-Mines, où a été partiellement mise au jour, dans le cadre d’un diagnostic préventif, une occupation laténienne livrant de nombreux reliquats de fabrication et des produits finis, associée à des structures en creux, le tout au sein d’une stratigraphie bien conservée (Baucheron et al. 2009a). Ce site présente également l’avantage d’être à proximité immédiate d’un lieu naturel d’affleurement, situé en bas de la pente et entaillé par le cours actuel du Roudon. Une couverture géophysique élargie du secteur est également envisagée.

Des méthodes de fouilles adaptées à un atelier de taille seront mises en place le cas échéant. L’ensemble des objets, des plus petits éclats aux plaques brutes de matière première, seront géo-référencés en plan et en stratigraphie afin d’établir un zonage précis des aires de débitage, de stockage et/ou de finition des objets. La question de savoir comment s’opère l’insertion de ces « aires » artisanales au sein de modes d’occupations spécifiques ou non, sera au cœur des préoccupations et constituera l’un des objectifs majeurs des opérations.

Les problématiques soulevées par les concentrations d’ateliers sont multiples. La réalisation de phasages stratigraphiques est indispensable. Savoir combien d’ateliers ont pu fonctionner ensemble, d’un point de vue local, sur une seule et même zone, et d’un point de vue élargi d’une région productrice à l’autre, est fondamental. Seuls deux sites producteurs sont datés avec une précision acceptable : l’atelier de La Chassagne à Buxières-les-Mines (La Tène C2-D1) et celui des Chauvets à Montcombroux-les-Mines (La Tène D2b). D’après les prospections, les datations retenues jusqu’alors pour la grande majorité des ateliers de la région de Montcombroux-les-Mines étaient postérieures aux propositions faites sur ceux de Buxières-les-Mines. Néanmoins, les parures analysées sur le site de Délemont en Jura Suisse (Ligouis 2012) ainsi que celles du site funéraire de St Ingbert en Allemagne (Wilhelm et Hopken 2018) permettent déjà de dater les premières fabrications de parures à Montcombroux dès le premier âge du Fer. Les analyses menées en région Centre attestent également d’une activité développée des ateliers de l’Allier de La Tène C2b à La Tène D2b (Millereux et Ligouis 2023).

Ces deux bassins de production ont vraisemblablement pu fonctionner de manière synchrone, au sein d’aires culturelles régies par des peuples celtes différents, dont l’évolution des contours territoriaux fait encore débat, notamment du point de vue de leur genèse et de leur évolution dans le temps.

Enfin, la publication de l’important corpus de parures issu des fouilles de Gandaillat (Clermont-Ferrand) devrait être engagée à court terme (Deberge et al. 2007a ; Vermeulen et al. 2006). Il s’agit de présenter l’ensemble des contextes ainsi que la mise au net de l’ensemble des typologies concernées. Les lots de parures y sont abondants, diversifiés et issus d’assemblages mobiliers couvrant toute la séquence de ce site majeur, situé au cœur du peuplement arverne, qui se développe du début du IIIe siècle jusqu’à la toute fin du IIe siècle avant notre ère. Le site de Gandaillat fait partie du vaste complexe d’habitat ouvert dit « site d’Aulnat », et qui constitue à l’échelle européenne l’un des sites remarquables du second âge du Fer.

Conclusion

En conséquence, il est ainsi envisagé de mener dans les prochaines années un projet de recherche ambitieux mêlant étude de provenance, prospections géologiques, chrono-typologies, base de données, SIG et opérations de fouille programmée afin de suivre l’apparition, la diffusion et l’évolution des parures de l’Allier localement, régionalement et extra-régionalement. Ce programme prévoit de développer nos connaissances à la fois sur la chaîne opératoire des artisans, mais aussi et surtout sur l’évolution des réseaux commerciaux et plus largement sur les questions d’aires culturelles durant la protohistoire.

L’année 2024 servira donc à évaluer et à confirmer la faisabilité de la méthode d’analyses, pour déterminer la provenance géologique et géographique des matériaux.

Dans le cadre de ce programme, une mise en collaboration avec de nombreux acteurs de la recherche est d’ores et déjà en cours :

– Bertrand Ligouis (Directeur du laboratoire de Pétrologie Organique, Université de Tübingen)

– Caroline Millereux (Responsable d’opération, Orléans Métropole)

– Fabien Delrieu (Ingénieur d’étude, SRA Auvergne)

– David Lallemand (Chef du Service d’Archéologie du Département de l’Allier)

– Yann Deberge (Responsable d’opération, Inrap Auvergne)

– Christine Mennessier-Jouannet (AOrOc, ARAFA)

– Mathieu Poux (Université Lumière Lyon 2)

– Pierre-Yves Milcent (Université de Toulouse, Jean Jaurès)

Bibliographie

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Baucheron et al. 2009b : Baucheron F., Gauthier F., Horry A., Mennessier-Jouannet C., Michel A., Wittmann A., Montcombroux-les-Mines (Allier), Golf-Château de Montcombroux – Phase II et III, Rapport de diagnostic préventif, Clermont-Ferrand : INRAP, SRA Auvergne-Rhône-Alpes, 2 vols.

Baucheron et al. 2009c : Baucheron F., Cayrol J., Combes P., Deberge Y., Michel A., Montcombroux-les-Mines (Allier), Golf-Château de Montcombroux, La pièce Salée, Rapport de diagnostic préventif, Clermont-Ferrand : INRAP, SRA Auvergne-Rhône-Alpes.

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Ligouis 2017 : Ligouis L., « Reflected light », in Nicosia C., Stoops G., Archaeological Soil and Sediment Micromorphology, First Edition, John Wiley & Sons Ltd, pp. 461‑470.

Ligouis 2018 : Ligouis B., « Détermination de la matière de huit anneaux d’Onnens-Le Motti par les méthodes de la pétrologie organique : analyse du micro-faciès, annexe 2, analyses de pétrologie organique », in A. Schopfer (dir.), Les occupations de l’âge du Fer, Onnens-Le Motti (La colline d’Onnens, 3), Lausanne, 169, pp. 392‑402.

Mennessier-Jouannet et Deberge 2017 : Mennessier-Jouannet C., Deberge Y., Chronologie du Mobilier archéologique du second âge du fer en Auvergne, Vol. 1 : Monographie des ensembles de référence, Tours : FERACF, coll. « supplément à la Revue archéologique du Centre de la France », 65.

Mennessier-Jouannet et Dunkley 1996 : Mennessier-Jouannet C., Dunkley J., Le site laténien d’Aigueperse « Le Clos Clidor », Document final de synthèse, Clermont-Ferrand : AFAN/SRA Auvergne-Rhône-Alpes.

Michel 2006 : Michel A., La fabrication d’anneaux en schiste bitumineux dans le département de l’Allier, Master 1 Histoire et Archéologie des mondes anciens (Lyon, Université Lumière Lyon 2, sous la direction de Jean-Claude Béal).

Michel 2011 : Michel, « L’artisanat des parures en matières organiques fossilisées : la mode du bracelet noir », in Marie Beche (dir.), Carnet de fouilles, l’actualité de l’Archéologie dans l’Allier, Catalogue d’exposition, Lezoux : collectif MAB-SAPDA, pp. 42‑45.

Michel 2015 : Michel A., « Parures en lignite », in Poux M., Demierre M., Le sanctuaire de Corent (Puy-de-Dôme), Auvergne. Vestiges et rituels, Paris : CNRS éditions, coll. « suppléments à Gallia », 62, p. 290‑292.

Mikler 1997 : Mikler H., Die römischen Funde aus Bein im Landesmuseum Mainz, Montagnac : M. Mergoil, coll. « Monographies Instrumentum », 1.

Milcent 2004 : Milcent P.-Y., Le premier âge du Fer en France centrale, Paris : Société Préhistorique Française, coll. « Mémoire de la Société Préhistorique Française », 34.

Millereux et Ligouis 2023 : Millereux C., Ligouis L., « Des bracelets en lignite ? La nature et l’origine des parures en matières sombres organo-minérales fossiles dévoilées grâce à la pétrologie organique : l’exemple des parures de La Tène finale de Châteaumeillant-médiolanum (Cher) », in L. Valdes, Veronica Cicolani, Eneko Hiriart (dir.), Matières premières en Europe au 1ermillénaire av. n. è., Exploitation, transformation, diffusion, Actes du XLVe colloque de l’AFEAF (Gijón, 13-15 mai 2021), vol. 5, Paris : AFEAF, coll. « AFEAF », pp. 393‑413.

Moret (Abbé Jules-Jacques) 1900 : Moret (Abbé Jules-Jacques), Le tumulus de Saint-Menoux (Allier) et les sépultures de l’époque celtique, Moulins : Auclaire, pp. 23-25.

Pasquier 2022 : Pasquier D., Bransat, « Charendon », « La Contrée des Roches » (03-8683, Allier, Auvergne), Rapport de fouille préventive, Moulins : SAPDA, SRA Auvergne-Rhône-Alpes.

Perot 1891 : Perot F., « L’atelier de bracelets en schiste de Montcombroux (Allier) », Revue Scientifique du Bourbonnais.

Pouenat et Vernet 2002 : Pouenat P., Vernet G., « Un atelier de fabrication d’anneaux en schiste bitumeux à Buxières-les-Mines (Allier) », in Didier Maransky, Vincent Guichard (dir.), Les Ages du Fer en Nivernais, Bourbonnais et Berry oriental. Regards européens sur les Ages du Fer en France, Actes du XVIIe colloque de l’AFEAF, vol. 6, Glux-en-Glenne : Centre Archéologique Européen du Mont-Beuvray, coll. « Bibracte », pp. 151‑157.

Praud et al. 2003 : Praud I., Le Gall J., Vachard D., « Les bracelets en pierre du Néolithique ancien : provenance et diffusion des matériaux sur les sites Villeneuve-Saint-Germain du Bassin parisien », in René Desbrosse, André Thévenin (dir.), Préhistoire de l’Europe : des origines à l’Âge du Bronze, Actes du 125e congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « L’Europe », Lille, 2000, Paris : Editions du CTHS, pp. 491‑502.

Ruffier et Troadec 1987 : Ruffier O., Troadec J., « Bourges (Cher), Collège Littré », Revue archéologique du Centre de la France, 26‑1, pp. 89‑91.

Venclova 1991 : Venclova N., « Habitats industriels celtiques du IIIe siècle av. J.-C », in Études celtiques 28 – Actes du IXe Congrès international 1991/1992 – 1re partie : les Celtes au IIIe siècle av. J.-C., vol. 1, CNRS Editions, coll. « Études celtiques », 28, pp. 435‑450.

Venclova 1992 : Venclova N., « Un atelier de travail du sapropélite à Msescke-Zehrovice (Bohême centrale) », in Dominique Vuaillat (dir.), Le Berry et le Limousin à l’âge du Fer, artisanat du bois et des matières organiques, Actes du XIIe colloque de l’AFEAF (Guéret, 1988), Guéret : Association pour la recherche archéologique en Limousin, pp. 109‑116.

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Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi

Type de projet : fouille programmée (« Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi »)

Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne

Date : 2003-2009

Responsable : David Lallemand

Notices et documents : David Lallemand

I – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Présentation

Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi . L’oppidum est situé à près de 1,5 km au nord-ouest du bourg de Hérisson. (Nord-ouest du département de l’Allier).
À la fin de la période gauloise, la forteresse appartient aux Bituriges Cubi
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Vue générale de l’oppidum (D. Lallemand / ARAFA).

L’oppidum de Cordes-Chateloi est situé à près de 1,5 km au nord-ouest du bourg de Hérisson. (Nord-ouest du département de l’Allier).

À la fin de la période gauloise, la forteresse appartient aux Bituriges Cubi dont la capitale, Avaricum (Bourges), est distante de 67 km. Cette place centrale est implantée sur une importante voie reliant la capitale des Arvernes à celles des Bituriges.

Le site de la ville gauloise fait l’objet d’un important programme de recherche archéologique depuis 2001, projet soutenu par l’État (DRAC/SRA), le Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, le Conseil Départemental de l’Allier, la Communauté de communes du Pays de Tronçais et la Municipalité de Hérisson.

La forteresse gauloise, d’une superficie de 75 ha, occupe un promontoire qui surplombe la pittoresque vallée de l’Aumance, à 25 km au nord-est de Montluçon. Ses puissantes fortifications sont encore visibles sous la forme d’une imposante levée de terre longue de 800 m.

Le programme de recherche en cours constitue la première étude méthodique de cet important site du Ier s. av. J.-C. implanté sur la bordure sud-est du territoire des Bituriges Cubi.

II – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Le plateau de « Babylone »

Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Après un nettoyage soigné de la surface décapée, l’intervention a consisté au dégagement de vestiges archéologiques enfouis sous un amoncellement de grosses pierres. Sous ce puissant éboulis  ont été mis au jour les restes d’un mur construit avec des blocs taillés et un dallage monumental.
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Le mur monumental (D. Lallemand / ARAFA).

La fouille conduite à partir de 2003 est localisée sur le revers d’un petit promontoire naturel qui, depuis sa position, domine tout l’intérieur du site fortifié. Le talus massif gaulois, dans lequel est implantée la fouille, vient s’appuyer sur la partie orientale de ce plateau. Cette fouille a porté en priorité sur les vestiges monumentaux découverts dans le revers du plateau.

Après un nettoyage soigné de la surface décapée, l’intervention a consisté au dégagement de vestiges archéologiques enfouis sous un amoncellement de grosses pierres. Sous ce puissant éboulis (à gauche sur la photo), ont été mis au jour les restes d’un mur construit avec des blocs taillés et un dallage monumental.

L’étape suivante a consisté à dégager l’ensemble des pierres taillées qui semblaient correspondre au parement effondré du mur monumental. Ce travail achevé, nous avons pu confirmer que ceux reposant sur la voirie sous-jacente, étaient tous taillés et appartenaient bien au parement monumental effondré.

Les blocs du mur sont empilés sans ciment comme nous pouvons le voir sur le cliché. La règle du couvre-joint n’est pas non plus appliquée pour ce mur. À l’issue de cette étape de la fouille, sont apparus l’intégralité des vestiges : mur monumental et voie dallée.

III – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Le mur monumental

Très original dans sa conception, cet ouvrage épouse une pente très accentuée : la déclivité s’étalonne à près de 14,8 % ! Ce mur n’est pas seulement formé d’un parement, Il compte également, dans sa structure, un agglomérat de pierres informes situé en arrière des blocs taillés. Nous avons dégagé le sommet de cet empierrement sur environ 8 m pour connaître ses dimensions et pour comprendre sa structure.

Il mesure près de 2 m de large et se prolonge le long des alignements de blocs monumentaux. Son rôle semble donc lié à la stabilité de l’ouvrage final : épauler et amortir les poussées du parement La quantité de pierres utilisée pour cet empierrement est énorme, ce qui souligne encore l’intérêt apporté à cette construction. Nous estimons à plus de 15 m³ le volume de pierres rapportées pour le transect étudié !

Là encore, la fouille a montré l’utilisation de blocs dépassant le quintal !

Depuis les pavés situés dans la partie centrale de la fouille et jusqu’à ceux en limite de la fouille, le dénivelé ouest-est relevé atteint presque 0,50 m sur les 5,60 m de voirie, soit une pente de 8 %.

Il existe également une déclivité nord-sud pour ce dallage, dont le dénivelé oscille entre 0,05 et 0,12 m (soit une pente moyenne d’environ 2 %).

Remarques sur la technique de construction

Concernant le mur, la pente sévère observée et la technique de construction employée expliquent très naturellement son basculement vers le sud-est, en fait, vers l’intérieur de l’ouvrage monumental. Les blocs de la seconde assise ont glissé et ont basculé vers l’intérieur du site sous le poids des matériaux accumulés en arrière des vestiges, le tout dans le respect des lois de l’apesanteur.

À vrai dire, il semble que l’on doive la sauvegarde en élévation de ce mur au poids des blocs monumentaux, à l’orientation transversale des vestiges par rapport au talus massif, enfin à la faible accumulation des matériaux recouvrant ces vestiges. Signalons d’ailleurs que seules deux assises sont conservées en élévation. Il faut avouer que les plans de cet ouvrage sont en complète contradiction avec les règles de principe de la construction gallo-romaine : construction dans la pente, asymétrie des assises, absence de couvre-joints, telles sont quelques-unes des anomalies relevées’ Cependant, il faut admettre que cette construction a été planifiée, calculée et réfléchie. Nul doute que des plans ont été suivis pour son édification. L’existence du glacis taillé dans le substrat suggère aussi que la construction de l’ouvrage monumental a nécessité des aménagements préliminaires : terrassement, nivellement. En outre, La voirie dallée a été installée dans une tranchée de fondation, laquelle est nettement visible à la hauteur du glacis taillé dans le substratum.

IV – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. La voie dallée

La bordure sud du dallage a été découverte dès la phase de décapage, provoquant de grandes émotions. Ne subsiste que la partie nord de cette voirie (notamment les pierres bordières jouxtant un glacis taillé dans le substrat).

La partie méridionale de la voie a disparu, arrachée sans doute pour la réutilisation des dalles à d’autres fins.

Nous estimons que cette voie devait dépasser 5 m de largeur d’après nos premiers travaux !

Les dalles du summum dorsum reposent apparemment sur un cailloutis, qui pourrait être le rudus ou ruderatio des voies romaines. Cette construction sophistiquée et réfléchie complète l’ouvrage monumental. Toutes ces remarques démontrent donc que les techniques de construction employées, si elles ne sont pas parfaites, s’inspirent indubitablement de modèles exotiques, vraisemblablement méridionaux.

La bordure sud du dallage a été découverte dès la phase de décapage. Ne subsiste que la partie nord de cette voirie (notamment les pierres bordières jouxtant un glacis taillé dans le substrat).
La partie méridionale de la voie a disparu, arrachée sans doute pour la réutilisation des dalles à d’autres fins.
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Mur et voie dallée (D. Lallemand / ARAFA).

V – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Un murus gallicus sous les vestiges monumentaux

Nous avons observé que le mur monumental avait tronqué les vestiges d’un état antérieur. Une partie même de l’éboulis intra-muros masquait une partie de ces vestiges. Une limite transversale stricte est alors apparue, formant l’assise d’un petit parement de blocs calibrés. Le nettoyage attentif nous a cependant apporté des données pour interpréter ces vestiges.

Nous pouvons envisager que ces vestiges ont été délaissés, abandonnés, puis très vite recouverts et oubliés, au point qu’ils nous sont parvenus dans un état de conservation exceptionnel. L’éboulement de la porte et l’édification du talus massif en sont peut-être éventuellement des causes. Ajoutons qu’il est probable que la porte n’ait pas fonctionné après sa phase monumentale.

Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Angle du bastion construit avec la technique gauloise du murus gallicus (à l’image de la description donnée par J. César en 52av. J.-C.) Il n’existe pas en Europe de mur gaulois conservé de cette manière (ici, 2 m de hauteur)
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Angle du bastion construit avec la technique gauloise du murus gallicus (à l’image de la description donnée par J. César en 52av. J.-C.) Il n’existe pas en Europe de mur gaulois conservé de cette manière (ici, 2 m de hauteur) ; L’éventualité d’un classement au titre des Monuments Historiques est envisagée, d’autant que ce monument semble bien être contemporain de la Guerre des Gaules (58 / 52 av. J.-C.) (D. Lallemand / ARAFA).

D’emblée, il faut écarter l’idée d’une construction de type murus gallicus pour cet ouvrage. Nous n’avons observé ni poutrage interne ni alvéoles ménagées dans le parement, aucune fiche en fer et de fait, rien n’indiquant que ce mur soit un murus gallicus.

La technique de construction employée reste très originale, et l’on ne peut s’empêcher de la comparer avec celle décrite par César. Si les bois longitudinaux et transversaux sont inexistants en apparence – tout comme les fiches en fer d’ailleurs –, il convient de signaler que le parement de pierres sèches et l’agrégat sont quant à eux bel et bien présents.
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Détail de la construction, les trous correspondent aux emplacements des poutres de bois aujourd’hui disparues (D. Lallemand / ARAFA).

La technique de construction employée reste très originale, et l’on ne peut s’empêcher de la comparer avec celle décrite par César. Si les bois longitudinaux et transversaux sont inexistants en apparence – tout comme les fiches en fer d’ailleurs –, il convient de signaler que le parement de pierres sèches et l’agrégat sont quant à eux bel et bien présents. Cette dualité (agrégat-parement) est effectivement l’une des composantes du murus gallicus.

Les vestiges d’Hérisson restent toutefois hors normes : la largeur de l’agrégat atteint 2 m, alors qu’elle mesure moins d’un mètre dans le classique murus gallicus ; quant-au parement constitué de blocs taillés monumentaux, les références en Europe tempérée celtique sont quasiment inexistantes. En effet, les parements des murus gallicus sont le plus souvent construits avec de petits moellons informes (Bibracte, etc.).

La découverte de fragments de fiches en fer, la mise en évidence de vides entre certains blocs, des traces de poutrages et de traces ligneuses nous ont conduit à soupçonner l’existence d’un mur gaulois de type « murus gallicus ». Ce type d’ouvrage est décrit par César lors du siège de l’oppidum d’Avaricum par les légions romaines en 52 av. J.-C.

Après un nettoyage soigné de la surface décapée, l’intervention a consisté au dégagement de vestiges archéologiques enfouis sous un amoncellement de grosses pierres. Sous ce puissant éboulis (à gauche), ont été mis au jour les restes d’un mur construit avec des blocs taillés et un dallage monumental.

VI – Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Synthèse par campagne

Campagne 2005

Campagne 2006

Campagne 2007

Campagne 2008

Campagne 2009

La campagne 2009 « Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi.  » a permis de préciser la topographie du site et des fortifications grâce à la mise en œuvre d’une technique de prospection innovante par balayage laser aéroporté (technique Lidar), tandis que la prospection géophysique extensive a permis de mettre en évidence les traces de constructions très denses sur plus de 3 ha (réseau de voies dallées, îlots d’habitations, sanctuaire). Le volet le plus important de la recherche a néanmoins consisté à entreprendre la fouille intégrale de la principale porte de cette vaste fortification.

Soixante étudiants de différentes universités ont été accueillis sur les fouilles cet été. Après trois campagnes de travail méticuleux qui ont mobilisé chaque année plusieurs dizaines d’étudiants, et le déplacement de centaines de m³ de matériaux, la porte d’entrée de la ville révèle enfin sa physionomie, mais aussi toute son histoire.

Ces résultats parachèvent un programme d’étude débuté en 2001, avec des sondages (2002) et des fouilles de grande ampleur poursuivies ces dernières années (2003, 2005, 2007-2009), ceci grâce au soutien financier de l’État, du Conseil régional d’Auvergne, du Conseil général de l’Allier et de la commune d’Hérisson. Les découvertes sont à la hauteur des dimensions de la forteresse et de sa réputation grandissante chez les spécialistes. Cette porte donnant accès à la ville – passage obligé des chariots, marchands, cavaliers et autres troupes militaires – dispose d’une architecture très originale, à mille lieues de celle que les Romains ont apportée d’Italie il y a 2 000 ans et dont nous suivons encore les règles.

Les remparts gaulois mis au jour à Hérisson associent en effet plusieurs matériaux différents. L’ossature de ces remparts consiste en un assemblage de grandes pièces de bois horizontales entrecroisées (aujourd’hui disparues) assemblées par de grands clous en fer.

La façade des murs est habillée de grands blocs de grès soigneusement taillés, au sein desquels des vides signalent l’extrémité des « tirants » de bois. Cette architecture typique des oppida gaulois avait surpris César lui-même, qui s’était attardé à la décrire sous le nom de murus gallicus, en ajoutant même une appréciation d’ordre esthétique : ce genre de rempart, « n’est pas désagréable à l’œil ».
Les découvertes de Hérisson nous révèlent cette architecture qui avait impressionné le général romain. À l’échelle européenne, les vestiges de cette qualité sur des oppida, avec l’emploi de pierres soigneusement taillées, se comptent sur les doigts d’une main ; mais tous sont d’une conservation bien en deçà de Hérisson.

En 2009 a plus précisément été mis au jour un bastion de 4,5 m de largeur de façade pour 8 m de longueur, entièrement construit avec cette technique purement gauloise. Cet ouvrage limite au sud le large couloir d’accès à la porte. Préservé jusqu’à 2 m de hauteur ce qui constitue un fait unique en Europe, son intérêt réside dans son degré de préservation et la qualité de son bâti. Il associe plusieurs techniques de construction et des dispositifs qui n’ont encore jamais été observés sur d’autres fortifications celtiques. L’utilisation de blocs taillés dans le grès rouge local rehausse le caractère ostentatoire du monument.

Il y a de fortes chances que l’incendie qui a ravagé cette porte monumentale soit lié à l’un des épisodes célèbres contés dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César.
Hérisson (03) – Oppidum de Cordes-Chateloi. Traces d’incendie (D. Lallemand / ARAFA).

Le couloir d’entrée, large de 7 m, a encore conservé la surface de roulement d’origine, marquée des profondes ornières laissées par le passage répété des chariots. En outre, l’entrée porte les stigmates d’un incendie, sous forme de vestiges de bois carbonisés et de traces de feu sur le sol et les pierres. Les dizaines de clous et diverses traces retrouvées au cours des fouilles appartiennent sans doute aux ventaux de la porte massive qui fermait le couloir. Les empreintes de grands poteaux de bois conservées dans le sol suggèrent également l’existence d’une construction surélevée – un grand porche – qui permettait le contrôle de la circulation.

Il y a de fortes chances que l’incendie qui a ravagé cette porte monumentale soit lié à l’un des épisodes célèbres contés dans les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César. Le général romain écrit que vingt villes du peuple gaulois des Bituriges sont incendiées au printemps 52 sur les ordres de Vercingétorix, afin de priver les légions de ravitaillement, alors qu’elles se dirigent vers Avaricum (Bourges). Parmi les vingt villes bituriges à témoigner de ce sacrifice, l’oppidum de Hérisson serait le premier à être reconnu par l’archéologie.

Rares sont les sites qui ont livré des vestiges en rapport direct avec les événements militaires de la guerre des Gaules. On peut seulement citer Gergovia à La Roche Blanche près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Alésia à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) et Uxellodunum au Puy-d’Issolud (Lot). Hérisson pourrait bien rejoindre cette liste remarquable de sites historiques reconnus d’intérêt national (deux sont classés Monuments Historiques).

Bègues (03) – Oppidum de Bègues

Type de projet : fouille programmée (« Bègues (03) – Oppidum de Bègues »)

Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne

Date : 2010-2011

Responsable : Patrick Pion

Notice et documents : Patrick Pion

I – Présentation

Le site des Charmes (commune de Bègues, arrondissement de Gannat, Allier) est un éperon barré implanté à l’extrémité d’un promontoire rocheux constitué par un affleurement cristallophyllien de gneiss à mica du socle antécambrien
Bègues (03) – Oppidum de Bègues. Localisation de l’Oppidum de Bègues (P. Pion / ARAFA).

Le site des Charmes (commune de Bègues, arrondissement de Gannat, Allier) est un éperon barré implanté à l’extrémité d’un promontoire rocheux constitué par un affleurement cristallophyllien de gneiss à mica du socle antécambrien.

Ce promontoire, qui culmine à 426 m NGF, présente un sommet tabulaire formant une plate-forme rectangulaire légèrement inclinée vers le nord, d’une superficie d’environ 6 ha.

Il est ceint sur ses côtés nord-est et nord-ouest par un méandre de la Sioule qu’il surplombe par des pentes raides d’environ 130 m, sur son côté sud-ouest par la vallée encaissée d’un petit affluent. Un large ensellement relie son côté sud-est au plateau calcaire oligocène en bordure duquel est établi le village actuel (456 m NGF), qui se superpose à un oppidum laténien et à une agglomération secondaire gallo-romain.

II – Bègues (03) – Oppidum de Bègues. Résultats préliminaires

Relevé micro-topographique

La campagne 2010 « Bègues (03) – Oppidum de Bègues » a été consacrée intégralement au relevé micro-topographique de la plate-forme supérieure de l’éperon.

Micro-topographie de la plate-forme et localisation des fouilles et sondages
Bègues (03) – Oppidum de Bègues. Micro-topographie de la plate-forme et localisation des fouilles et sondages (P. Pion / ARAFA).

Ce travail poursuivait deux objectifs :

  • disposer d’un document planimétrique fiable qui permette de localiser précisément les découvertes anciennes et les travaux plus récents (document réclamé par la CIRA, et dont l’absence à ce jour était provisoirement palliée par la carte IGN 1/25 000 et le cadastre, totalement insuffisants à cet égard)
  • obtenir une vision cohérente de l’organisation générale du site en analysant le modelé détaillé de la plate-forme.

Le travail de relevé, que l’on ne pouvait réaliser par la technique Lidar en raison du couvert végétal, a été effectué manuellement au sol. Il a consisté à prendre les coordonnées de plusieurs milliers points répartis sur l’ensemble des 4,8 ha de la plate-forme. Ces mesures, pour lesquelles nous avons recourus aux services de la société Véodis (université de Clermont-Ferrand), ont été réalisées en 4 campagnes dont la dernière en décembre 2010.

Résultat

L’analyse préliminaire du rendu – un modèle numérique de terrain ou MNT – révèle l’existence de nombreux reliefs artificiels géométriquement organisés qui quadrillent la plate-forme. Leur étude détaillée est en cours, mais on peut d’ores et déjà assurer qu’ils sont antérieurs au cadastre napoléonien, car la mémoire n’en est que partiellement conservée dans la structure parcellaire de ce dernier.

Ces reliefs témoignent de l’aménagement ancien de l’ensemble de la surface de l’éperon en deux grands ensembles :

  • une partie haute (« acropole ») à l’ouest, constituée de 2 éminences accolées de plan rectangulaire (« plate-formes ») installées sur le point culminant (426 m), entourées de terrasses nivelées
  • une partie basse, de pente faible orientée à l’est, sur un replat de laquelle est installé l’enclos hallstattien sondé en 2008-2009 ; cette partie basse comporte notamment un vaste espace trapézoïdal ouvert à l’est, faisant figure d’ « avant-cour », bordé au sud par les puissants pierriers dans lesquels Guillon a détecté le rempart.
En brun, les plates-formes et terrasses de la partie haute du site ; en jaune et vert, l’ « avant-cour » et le replat de l’enclos ; en bleu, l’amorce des pentes
Bègues (03) – Oppidum de Bègues. En brun, les plates-formes et terrasses de la partie haute du site ; en jaune et vert, l’ « avant-cour » et le replat de l’enclos ; en bleu, l’amorce des pentes (P. Pion / ARAFA).

Le tracé supposé du rempart n’est détectable qu’au sud de la plate-forme, où le barrage de l’éperon est matérialisé sur environ 200 m par une rupture de pente abrupte, semble-t-il artificiellement retaillée dans le substrat (fig. 3). À l’est, cette arête vient mourir quelques mètres au-dessus du chemin ancien conduisant au gué de la Sioule, suggérant un retour de la fortification vers le nord où elle pourrait prendre appui sur l’affleurement naturel apparaissant en contrebas de l’enclos, ainsi qu’il a été pressenti lors de l’examen des clichés aériens anciens de l’IGN. Elle contrôlerait ainsi le passage obligé de ce chemin longeant le ravin ouest, au point où la bande disponible est la plus étroite.

À l’ouest, l’arête marquant l’emplacement du rempart est adoucie et moins nettement marquée, le secteur ayant eu probablement à souffrir de l’élargissement du chemin d’accès aux parcelles cultivées. Au centre, seul endroit où les vestiges du rempart semblent conservés, les deux puissants éboulis où furent implantées les fouilles Guillon et le segment de parement A étudié en 2009 forment une puissante masse trapézoïdale en retrait, qui suggère l’existence de bastions encadrant une entrée aménagée, voire précédant une seconde ligne intérieure de fortification. Cette hypothèse devra évidemment être vérifiée en fouille, mais il est clair que le segment de rempart observé en coupe par Guillon n’est pas dans l’alignement général de la rupture de pente artificielle marquant l’emplacement du rempart de barrage.

Le rempart de barrage et le contrôle du chemin ancien menant du plateau au gué de la Sioule (« voie romaine »)
Bègues (03) – Oppidum de Bègues. Le rempart de barrage et le contrôle du chemin ancien menant du plateau au gué de la Sioule (« voie romaine ») (P. Pion / ARAFA).

Ces relevés n’ont en revanche pas permis de détecter clairement le tracé du rempart de contour qui devait enclore le site, côté Sioule notamment où, dominant la plaine, il est impensable qu’il n’ait pas existé et donné toute sa visibilité au site. Quelques reliefs dans l’angle Nord-Ouest de la plate-forme, en deçà du chemin et dans un secteur qui livre en prospection du mobilier hallstattien, pourraient en constituer un témoin. Il est vraisemblable qu’il a été oblitéré par le chemin de contour, ses matériaux ayant été basculés anciennement dans la pente, comme il est fréquent sur des sites de même nature. Ou qu’il fût implanté en léger contrebas de la plate-forme. Seul un relevé micro-topographique des pentes couplé à une prospection électromagnétique et à des sondages est susceptible d’en révéler la trace, comme celle – pressentie – d’aménagements annexes.

III – Bègues (03) – Oppidum de Bègues. Perspectives

Le programme prévu pour « Oppidum de Bègues » 2011 est la poursuite et si possible (selon moyens financiers) l’achèvement du relevé pour avoir une idée claire des aménagements dans l’environnement de la plate-forme (pentes et ensellement joignant l’éperon à l’oppidum laténien sous le village), ainsi que des tests de prospection géophysique en divers points du site. Ces études achevées, on devrait être à même de lancer en 2012 le programme de fouilles proprement dit.

Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille

Type de projet : fouille programmée (« Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille »)

Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne

Date : 2010-2012

Responsable de l’opération : Jérôme Besson

Notice et documents : Jérôme Besson

  • I – Connaissance du site
  • II – Historique des recherches
  • II – Résultats des trois campagnes de fouilles 2010-2011-2012

I – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Connaissance du site

Le site de Cantilia est localisé au lieu-dit Chantelle-la-Vieille, sur la commune de Monestier, au sud du département de l’Allier. L’agglomération antique semble s’étendre à proximité d’un affluent de la Sioule, la Bouble. Cette rivière prend sa source dans le Puy-de-Dôme, à l’ouest du massif des Colettes et contourne ce dernier suivant de profonds ravins. La rivière débouche dans une petite plaine au niveau du lieu-dit l’Hermitage sur la commune de Monestier. Ce bassin marque en quelque sorte la transition entre les Combrailles, les Limagnes bourbonnaises et le Bocage

Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Carte de localisation du site de Cantilia (Chantelle-la-Vieille) (J. Besson/ ARAFA).

Le site de Cantilia est localisé au lieu-dit Chantelle-la-Vieille, sur la commune de Monestier, au sud du département de l’Allier. L’agglomération antique semble s’étendre à proximité d’un affluent de la Sioule, la Bouble. Cette rivière prend sa source dans le Puy-de-Dôme, à l’ouest du massif des Colettes et contourne ce dernier suivant de profonds ravins. La rivière débouche dans une petite plaine au niveau du lieu-dit l’Hermitage sur la commune de Monestier. Ce bassin marque en quelque sorte la transition entre les Combrailles, les Limagnes bourbonnaises et le Bocage.

Deux sources anciennes mentionnent l’existence de l’agglomération de Chantelle-la-Vieille. En effet, une lettre de Sidoine Apollinaire adressée à Vectius, datée de 470-471, évoque l’église de Cantilia: « J’ai visité tout dernièrement l’église de Chantelle à la prière du sénateur Germanicus » (« Nuper rogatu Germanici spectabilis uiri Cantillensem ecclesiam inspexi » (Sidoine Apollinaire, Lettres, livre IV, XIII, Traduction A. Loyen).

La seconde référence à l’agglomération antique de Chantelle-la-Vieille provient de la Table de Peutinger. Cantilia est mentionnée comme un lieu situé sur le passage de la voie antique reliant Augustonemetum à Limonum (Clermont-Ferrand à Poitiers).

À en croire F. Pérot, Chantelle serait attestée sur une monnaie du IVème siècle sous la forme de CANTILIACO VICO (Pérot 1889b : 197). Mais J. Corrocher insiste sur « l’extrême prudence » qu’il convient d’avoir à l’égard de cette hypothèse (Corrocher 1986 : 46).

II – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Historique des recherches

Historique des recherches

Les premières découvertes effectuées à Chantelle-la-Vieille sont connues par les écrits de l’Abbé Boudant (Boudant 1862). Cet érudit, passionné d’histoire et d’archéologie, occupait les fonctions de curé de la paroisse de Chantelle. Il est le premier à faire état de découvertes archéologiques dans les environs de Chantelle.

Les travaux les plus sérieux, s’appuyant sur des découvertes archéologiques concrètes, sont sans nul doute les recherches de H. Delaume (Delaume 1973 ; Delaume 1983 ; Delaume 1984). Après plus de dix ans de prospections, guidé par les agriculteurs locaux, il réussit à identifier l’emplacement de Cantilia près de l’actuel village de Chantelle-la-Vieille.

L. Fanaud est également l’un des premiers à apporter des preuves de l’existence de cette agglomération. Selon lui, « les innombrables vestiges gallo-romains, les restes de voies, découverts à Chantelle-la-Vieille, prouvent que cette bourgade était un nœud routier très important et qu’elle est bien la Cantilia » (Fanaud 1960 : 135).

Plus tard, alors que les travaux de H. Delaume, repris par D. Lallemand ont permis de cerner les limites de l’habitat groupé, et d’identifier une nécropole, l’analyse des collections de mobilier issues de Chantelle-la-Vieille révèle la présence d’habitats datés de La Tène D (Lallemand 2004 : 58). Situés sur un lieu stratégique, à proximité d’un des rares gués de la Bouble, les Bituriges donnaient probablement réponse aux Arvernes de l’oppidum de Bègues, à environ 13 km.

Les opérations archéologiques menées à Cantilia sont rares. La seule intervention récente est l’œuvre de D. Lallemand, qui effectue deux sondages exploratoires pour tenter d’appréhender les niveaux anciens de cette bourgade, en 2003. Ces opérations furent assez décevantes, puisque seul un sondage s’est révélé positif, avec un simple niveau d’épandage contenant du matériel céramique antique.

Deux sources anciennes mentionnent l’existence de l’agglomération de Chantelle-la-Vieille. En effet, une lettre de Sidoine Apollinaire adressée à Vectius, datée de 470-471, évoque l’église de Cantilia. La seconde référence à l’agglomération antique de Chantelle-la-Vieille provient de la Table de Peutinger. Cantilia est mentionnée comme un lieu situé sur le passage de la voie antique reliant Augustonemetum à Limonum (Clermont-Ferrand à Poitiers).
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Extrait de la Table de Peutinger

Historique des recherches sur le site concerné par l’opération archéologique

Suite à des travaux liés à une prospection thématique menée en 2007 et 2008 sur les agglomérations secondaires antiques du département de l’Allier (Besson 2008), des vestiges ont été observés sur le site « 9, rue du Vieux Bourg », à Chantelle-la-Vieille sur la commune de Monestier.

Une visite sur le terrain avec H. Delaume nous a permis de remarquer la présence de vestiges, visibles dans un talus situé à l’arrière d’une maison d’habitation. Il semblerait qu’une partie de la terrasse de la Bouble ait été reculée pour la construction de cette maison. Ces travaux, qui doivent dater au minimum du début du siècle dernier, ont alors probablement détruit une partie du site. Par la suite, après le changement de propriétaire en 2003, le talus surplombant la face nord de la maison a été repoussé de quelques mètres pour assainir les murs nord-est de la maison. Le site a, là encore, subi quelques dommages.

Ainsi, différentes strates contenant du mobilier archéologique ont été observées. La découverte de ces vestiges – datés de l’époque antique – a engendré la naissance d’une problématique axée sur l’identification et la datation de ces structures.

Pour ce faire, une campagne de sondages a été menée durant 5 semaines lors de l’été 2009. Les résultats ont été au-dessus de toute attente avec la mise au jour de substructions gallo-romaines dans un état de conservation remarquable. Le mobilier collecté a également permis l’identification d’une phase d’occupation très longue s’étendant de la période augustéenne au haut Moyen Âge, soit sur une durée d’environ 800 ans.

Différentes strates contenant du mobilier archéologique ont été observées. La découverte de ces vestiges – datés de l’époque antique – a engendré la naissance d’une problématique axée sur l’identification et la datation de ces structures.
Pour ce faire, une campagne de sondages a été menée durant 5 semaines lors de l’été 2009. Les résultats ont été au-dessus de toute attente avec la mise au jour de substructions gallo-romaines dans un état de conservation remarquable. Le mobilier collecté a également permis l’identification d’une phase d’occupation très longue s’étendant de la période augustéenne au haut Moyen Âge, soit sur une durée d’environ 800 ans.
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Plan des vestiges découverts en 2009 dans le sondage 1 (J. Besson/ ARAFA).

III – Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Résultats des trois campagnes de fouilles 2010-2011-2012

Afin d’aborder dans les meilleures conditions ces différents vestiges, une opération de plus grande ampleur a alors vu le jour en 2010 et s’est poursuivie jusqu’en 2012, pour aboutir à plus de 5 mois cumulés de fouille.

Des niveaux tardo-antiques et alto-médiévaux (IIIème – VIIIème siècle ap. J.-C.)

Les premiers niveaux repérés appartiennent au haut Moyen Âge, dernière occupation préservée dans ce secteur. Il s’agit d’une vaste zone empierrée constituant un solide radier de galets et de fragments de tuiles. Des trous de poteaux ancrés dans ces couches témoignent de la présence d’un ou plusieurs bâtiments dont le plan reste indéterminé. Un foyer domestique et des fosses-cendriers suggèrent qu’il s’agit de structures d’habitat. Ces observations sont corroborées par l’abondance du mobilier céramique collecté dans ces niveaux. L’étude céramologique de ces restes a par ailleurs permis de dater ces vestiges des VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Ainsi, avec un corpus de plus de 7000 fragments de poteries, le site de Cantilia constitue aujourd’hui un site de référence pour la période.

Les premiers niveaux repérés appartiennent au haut Moyen Âge, dernière occupation préservée dans ce secteur. Il s’agit d’une vaste zone empierrée constituant un solide radier de galets et de fragments de tuiles. Des trous de poteaux ancrés dans ces couches témoignent de la présence d’un ou plusieurs bâtiments dont le plan reste indéterminé. Un foyer domestique et des fosses-cendriers suggèrent qu’il s’agit de structures d’habitat. Ces observations sont corroborées par l’abondance du mobilier céramique collecté dans ces niveaux. L’étude céramologique de ces restes a par ailleurs permis de dater ces vestiges des VIIe et VIIIe siècles de notre ère.
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Vue générale de l’emprise du chantier de fouille (© S. Quattrocchi, Balloïde-Photo 2011)

L’occupation du Haut-Empire (Ier-IIIème siècle ap. J.-C.)

Sous ces niveaux, apparaissent les premiers murs gallo-romains, parfois conservés sur plus de 1,50 m de hauteur. Dès le IIe siècle, ils ferment des espaces qui semblent relativement sommaires. Les murs sont construits sans réelle fondation, avec des roches locales et relativement peu de mortier de chaux. Leur exceptionnel état de conservation n’est pas tant dû à leur solidité, qu’au colmatage du secteur par d’épais niveaux de remblais déposés entre le IIIe et le VIe siècles de notre ère. Ces travaux de remblaiement traduisent une certaine reprise du secteur durant l’Antiquité tardive.

Ces espaces bâtis sont desservis dès le Haut-Empire par des petits axes de circulation. Ces venelles grossièrement empierrées sont par ailleurs entretenues durant plusieurs siècles, indiquant ainsi l’importance de la structuration de ce secteur de l’agglomération. La présence et la position particulière de ces ruelles, ainsi que le caractère peu soigné des constructions mises au jour, laissent présager que nous nous situons à l’arrière de bâtiments d’habitation, probablement disposés le long de la voie principale (approximativement sous la route actuelle). Cette hypothèse est confirmée par la découverte, au sud-ouest de la fouille, de l’angle d’une pièce dotée d’un sol en béton appartenant vraisemblablement à une habitation, aujourd’hui quasi entièrement détruite par les aménagements des derniers siècles. Un autre indice tend à suggérer la proximité d’habitations dans le secteur. Il s’agit de la découverte d’au moins deux tombes de nourrissons. A l’époque antique, ces inhumations revêtent un statut particulier et sont aménagées au plus près des foyers. A l’instar de Cantilia, il n’est alors pas rare de les retrouver contre les murs des maisons. L’une d’entre elles est particulièrement bien conservée. Sa fouille a permis de déceler que le nourrisson avait été inhumé au sein d’un petit coffre en bois clouté. Disposé le long d’un mur, ce modeste cercueil a ensuite été recouvert d’offrandes, dont seules les céramiques (trois vases) nous sont parvenues. Contemporaine de ces bâtiments, une cave a été dégagée. Mesurant une surface au sol de plus de 12 m², elle est conservée sur une profondeur de 1,60 m. Les parois étaient probablement cuvelées à l’aide de bois, comme en témoignent des clous fichés dans le substrat, ainsi que des éléments retrouvés carbonisés. En effet, de nombreux indices indiquent que le bâtiment qui surmontait la cave a subi un fort incendie. Sous l’effet des flammes, le plancher en bois qui soutenait un sol en béton (du rez-de-chaussée) a cédé et s’est effondré dans la cave. Au-dessus, ont été retrouvés de très nombreux fragments d’enduits peints brûlés, des restes de torchis des cloisons du bâtiment, ainsi que des éléments architecturaux en calcaire, complètement fragmentés sous l’effet de la chaleur. Si cette cave faisait probablement partie d’une demeure située au-devant de la zone fouillée, la salle qui la surmontait interpelle par son décorum.

Enfin, évoquons maintenant les vestiges les plus anciens mis au jour dans ce quartier gallo-romain. Il s’agit de trois fours aménagés avant que le secteur ne soit bâti. Malgré un bon état de conservation, le premier n’est pas daté. Ses dimensions réduites laissent suggérer qu’il s’agit d’un four de potier. Le second est très mal conservé – abîmé notamment par les murs construits postérieurement –, mais il peut être rattaché à une période s’étendant du second quart du Ier siècle au début du IIe siècle de notre ère. Ce dernier est installé contre un four déjà existant, qui constitue une des découvertes-phares du site de Cantilia.

Four de potier découvert lors de la campagne 2012 
(S. Chabert, 2012)
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Four de potier découvert lors de la campagne 2012 (S. Chabert/ ARAFA, 2012).
Vue de la pièce semi-excavée fouillée en 2012 (S. Chabert, 2012)
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Vue de la pièce semi-excavée fouillée en 2012 (S. Chabert/ ARAFA, 2012).

Un dépôt funéraire atypique dans un four à chaux augustéen

Il s’agit d’un four à chaux de grandes dimensions, mesurant 2,80 m de diamètre pour 1,80 m de profondeur. De forme circulaire, ses parois sont uniquement constituées d’argile cuite. Au nord, un alandier donne accès à un cratère en argile, où s’effectuait la combustion. Les dimensions du four, des blocs de calcaire brûlés et des résidus de chaux contre les parois, indiquent qu’il s’agit d’un four de chaufournier. Il existe en outre de nombreuses similitudes entre cette structure et deux autres fours connus régionalement à Varennes-sur-Allier (Lallemand 2005) et Monteignet-sur-l’Andelot (Besson et alii 2018). A l’instar de Varennes, le four de Cantilia est daté de la période augustéenne (0-20 ap. J.-C.), ce qui constitue un développement précoce de l’artisanat de la chaux dans nos régions. Il témoigne également d’une importante politique de construction au début du Ier siècle de notre ère dans l’agglomération, peut-être pour l’édification de bâtiments publics.
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Vue du four à chaux, en fin de fouille (S. Chabert/ ARAFA, 2012).

Il s’agit d’un four à chaux de grandes dimensions, mesurant 2,80 m de diamètre pour 1,80 m de profondeur. De forme circulaire, ses parois sont uniquement constituées d’argile cuite. Au nord, un alandier donne accès à un cratère en argile, où s’effectuait la combustion. Les dimensions du four, des blocs de calcaire brûlés et des résidus de chaux contre les parois, indiquent qu’il s’agit d’un four de chaufournier.

Il existe en outre de nombreuses similitudes entre cette structure et deux autres fours connus régionalement à Varennes-sur-Allier (Lallemand 2005) et Monteignet-sur-l’Andelot (Besson et alii 2018).

A l’instar de Varennes, le four de Cantilia est daté de la période augustéenne (0-20 ap. J.-C.), ce qui constitue un développement précoce de l’artisanat de la chaux dans nos régions. Il témoigne également d’une importante politique de construction au début du Ier siècle de notre ère dans l’agglomération, peut-être pour l’édification de bâtiments publics.

Enfin, si le four en lui-même constitue une découverte remarquable pour le site de Cantilia, nous soulignerons qu’il contient également un dépôt funéraire tout à fait exceptionnel. En effet, sous un épais niveau de dépotoir daté du milieu du Ier siècle de notre ère, a été dégagé un ensemble de restes osseux. Ces restes correspondent au dépôt d’un homme, d’une femme, d’une carcasse de cheval et de quatre chiens. Les individus sont soigneusement disposés contre les parois et au centre du four. Cette structuration du dépôt montre qu’il s’agit d’un acte volontaire.

Enfin, si le four en lui-même constitue une découverte remarquable pour le site de Cantilia, nous soulignerons qu’il contient également un dépôt funéraire tout à fait exceptionnel. En effet, sous un épais niveau de dépotoir daté du milieu du Ier siècle de notre ère, a été dégagé un ensemble de restes osseux. Ces restes correspondent au dépôt d’un homme, d’une femme, d’une carcasse de cheval et de quatre chiens. Les individus sont soigneusement disposés contre les parois et au centre du four. Cette structuration du dépôt montre qu’il s’agit d’un acte volontaire.
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Fouille des restes d’une carcasse d’équidé présente au fond du four
(J. Besson/ ARAFA, 2011).

La femme, d’environ 60 ans, est inhumée sur le côté gauche. Elle est parée d’une perle en verre, et de deux fibules datées de l’époque augustéenne.

A côté d’elle, un chien est disposé contre la paroi sud.

Toujours le long de la paroi, une carcasse a été déposée. Il s’agit des restes d’un cheval mâle d’environ 13 ans, dont il manque les pattes, la mandibule et le postérieur.

A l’entrée du four, face à l’alandier, l’individu de sexe masculin est inhumé sur le côté gauche. Son bras droit présente une torsion volontaire, de sorte que sa main repose sur des fragments de céramique. Devant ses genoux, un crâne de chien a été retrouvé. Enfin, deux autres canidés sont disposés tête-bêche au centre du four.

La femme, d’environ 60 ans, est inhumée sur le côté gauche. Elle est parée d’une perle en verre, et de deux fibules datées de l’époque augustéenne. A côté d’elle, un chien est disposé contre la paroi sud. Toujours le long de la paroi, une carcasse a été déposée. Il s’agit des restes d’un cheval mâle d’environ 13 ans, dont il manque les pattes, la mandibule et le postérieur. A l’entrée du four, face à l’alandier, l’individu de sexe masculin est inhumé sur le côté gauche. Son bras droit présente une torsion volontaire, de sorte que sa main repose sur des fragments de céramique. Devant ses genoux, un crâne de chien a été retrouvé. Enfin, deux autres canidés sont disposés tête-bêche au centre du four
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Vue du premier individu fouillé en 2011, au sein du dépôt funéraire présent dans le four (J. Besson/ ARAFA, 2011).
La femme, d’environ 60 ans, est inhumée sur le côté gauche. Elle est parée d’une perle en verre, et de deux fibules datées de l’époque augustéenne. A côté d’elle, un chien est disposé contre la paroi sud. Toujours le long de la paroi, une carcasse a été déposée. Il s’agit des restes d’un cheval mâle d’environ 13 ans, dont il manque les pattes, la mandibule et le postérieur. A l’entrée du four, face à l’alandier, l’individu de sexe masculin est inhumé sur le côté gauche. Son bras droit présente une torsion volontaire, de sorte que sa main repose sur des fragments de céramique. Devant ses genoux, un crâne de chien a été retrouvé. Enfin, deux autres canidés sont disposés tête-bêche au centre du four
Monestier (03) – Chantelle-la-Vieille. Vue du second individu, disposé contre la paroi du four
(J. Debard/ARAFA, 2012)

Le dépôt est indubitablement organisé de telle façon qu’il suit la paroi circulaire du four.

Cette mise en scène témoigne de l’existence de rites funéraires complexes, qui trouvent pour partie écho sur des sites plus anciens de Gaule septentrionale. Si ce type de dépôt dans un four à chaux reste inédit, il n’est effectivement pas sans rappeler les inhumations de Wettolsheim (Ve-VIe siècle av. J.-C., Méniel 1988) et de Varennes-sur-Seine (La Tène ancienne, Méniel 2005), également associées à des chevaux et/ou des chiens. Nous noterons cependant l’important écart chronologique qui existe entre ces parallèles.

A Cantilia, comme le confirme le mobilier recueilli et une datation C14 obtenue sur un ossement, le four semble bien dater de la période augustéenne. Cette structure revêt donc deux singularités majeures, avec la précocité même du four à chaux – qui, avec Varennes-sur-Allier, en fait l’un des plus anciens de la région – et la pérennité de pratiques funéraires d’origine celtique.

Bibliographie

Besson et alii 2018 : Besson (J.), Ducreux (A.), Garcia (N.), Gonon (I.), Guillon (R.), Jaouen (G.), Legagneux (M.), Lorenzo-Martinez (M.), Médard (F.), Pasquier (D.), Petit (M.), Schaad (D.) – L’évolution d’un habitat rural de l’époque gauloise à l’Antiquité tardive au cœur de la Limagne bourbonnaise, à Bassat, Monteignet-sur-l’Andelot, Rapport final d’opération, 2018, Clermont-Ferrand, SRA Auvergne – Rhône-Alpes – SAPDA – APRR, 3 volumes, 1040 p.

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Besson 2011 : Besson (J.), avec la collaboration de S. Chabert, M. Dacko, A. Ducreux, S. Goudemez, L. Pruneyrolles, A. Sérange et J. Viriot, Monestier (03), Chantelle-la-Vieille, 9 rue du Vieux Bourg, Rapport de fouille archéologique programmée (campagne 2010), DRAC, SRA Auvergne, 2011, 2 volumes.

Besson 2009 : Besson (J.), avec la collaboration de Chabert (S.) et Ducreux (A.) – Monestier (03), Chantelle-la-Vieille, 9 rue du Vieux Bourg, Rapport de sondages archéologiques, DRAC, SRA Auvergne, 2009, ill.

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Boudant 1862 : Boudant (M. l’Abbé) – Histoire de Chantelle, Monographies des Villes et Villages de France, Paris, Le Livre d’Histoire, 1862, nouv. éd. en 2004, 262 p.

Corrocher 1986 : Corrocher (J.) – Contribution à l’étude du peuplement du Bourbonnais à l’époque romaine, Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais, 63, 1986, ill., p. 41-80.

Delaume 1973 : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille, 1973, p. 49-51.

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Delaume 1984a : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille à l’époque gallo-romaine, Le Pays Gannatois, 63, 1984, p. 7-12.

Delaume 1984b : Delaume (H.) – Monestier et Chantelle-la-Vieille à l’époque gallo-romaine, Le Pays Gannatois, 64, 1984, p. 2-6.

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Sidoine Apollinaire, Lettres, Tome II, Livre IV, XIII, Collection des Universités de France, Paris, Les Belles Lettres, 1970. Texte établi et traduit par A. Loyen.