Type de projet : fouille programmée (« Gergovie – 2006 – Fouille du sanctuaire »)
Conduite du projet : Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne
Responsable de l’opération : Magali Garcia, assistée de Sandrine Oesterlé
Notice et documents : Magali Garcia
Rapport : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2008 ; Notice : La Roche-Blanche (63) – Oppidum de Gergovie 2009
- I – Introduction
- II – Campagne 2006
- Tranchée A
- Sondage B
- Sondage C
I – Gergovie – 2006 – Fouille du sanctuaire. Introduction
Les connaissances de ce secteur du site reposent sur les investigations effectuées par les équipes franco-britanniques entre 1935 et 1937, les campagnes inachevées des années 1990 dans les temples et sur la dernière campagne depuis 2006 (M. Garcia, ARAFA, Université Lyon II et S. Oesterlé, ARAFA) dans les temples et le péribole. A l’époque romaine, le sanctuaire se compose de deux fana délimités par un péribole formant une galerie couverte, de 50 x 50 m environ. Dans le fanum nord, la cella comporte un sol en opus signinum et est entourée d’une galerie en colonnade. Dans le fanum sud, une colonnade plus restreinte, reposant directement sur le sol matérialisé par un dallage en basalte, encercle la cella. Les sols des galeries, de la cella du fanum sud ainsi que de la branche est du péribole, sont en terrazzo. Une entrée du sanctuaire est située à l’ouest, le long de la voie antique. Une colonnade ainsi qu’un dallage forment un portique amenant à l’entrée couverte. Le dallage se poursuit ensuite en direction des deux temples. A l’est (fouilles 2007), un porche monumental (daté du début du IIème siècle) de plus de 5 m de large, comportant des enduits peints et un sol construit en terrazzo, permet d’accéder à la cour, en face des temples. Plusieurs fosses à caractère votif ont été mises au jour, notamment le long du dallage ouest menant aux temples, et dans la cella du fanum sud.
Une grande favissa située dans l’angle nord-est du péribole a livré un mobilier très abondant (céramique, bronze, faune, antéfixe, verre). Entre les temples, sous les murs maçonnés, une grande fosse (ou un fossé ?) a été partiellement dégagée. Il s’agit d’une structure de taille importante, dont le fond se situe à 2,6 m sous le dallage romain, comprenant de la céramique, des amphores ainsi que de la faune (chien, mouton, cochon, bœuf) typiques des rituels gaulois tels qu’ils sont apparus sur le sanctuaire proche de Corent. Les premiers niveaux de comblement de cette structure sont datés de LT D2a (période située environ entre 140 et 110 av. J.-C. ; 140-130 : LT D2a ancienne, 130-110 : LT D2a récente), mais sa phase maximale de fonctionnement se place après la conquête. Le sanctuaire semble s’installer juste avant la conquête et est fortement remanié à l’époque augustéenne, quand les temples ainsi que le péribole sont mis en place. A la fin du Ier siècle ou au début du IIème siècle, il est monumentalisé et est abandonné au IIIème siècle. Après 50 ans d’interruption, la reprise des fouilles renouvelle considérablement la connaissance du site de Gergovie. Cette recherche, qui est amenée à se poursuivre, devra concerner la zone interne du site. Cet espace est potentiellement le plus à même de fournir des éléments de réponse quant à l’origine de l’occupation laténienne, sujet qui fait actuellement débat au sein de la communauté des archéologues.
II – Gergovie – 2006 – Fouille du sanctuaire. Campagne 2006
Les recherches nombreuses sur le site de Gergovie et ses alentours ont permis la mise au jour des éléments liés à la Guerre des Gaules mais ont aussi permis de voir que le plateau était densément occupé à l’époque romaine. Un des bâtiments les mieux connus du site pour cette période est sans doute la zone dite « du temple ».
Ce secteur, dégagé depuis 1934 par O. Brogan et Desforges comporte deux temples ou fana (pluriel du mot latin fanum) entouré d’une galerie ou péribole. Cette galerie était composée de colonnades. Celles-ci sont construites à l’aide de quart de rond en brique et recouvertes de stuc (mortier et poussière de marbre, voir ci-dessus). Il existe une entrée monumentale à l’ouest, sans doute en raison de la présence de la voie principale qui passe devant le sanctuaire.
Les temples présentent une forme architecturale que l’on retrouve essentiellement en Gaule romaine, c’est-à-dire une pièce centrale nommée cella, dans laquelle se trouvait la (ou les) statues de culte, entouré d’une galerie formée de colonnade. Ces temples sont maçonnés et les sols sont construits à l’aide de mortier et fragments de tuiles et amphores pilées : terrazzo). Le temple nord présentait un sol en opus signinum dans sa cella, c’est-à-dire un terrazzo incrustés de tesselles (cubes de pierre de couleurs différentes) formant un décor de rosace.
En 1990, J.-M. Sauget ouvre une tranchée centrale pour comprendre la stratigraphie du site (succession des couches dans le temps). Cette étude n’est pas menée à son terme et reste inachevée jusqu’à la reprise des travaux en 2006.
Ces temples ont été construits au Ier siècle de notre ère et fonctionnent jusqu’au IIème, puis semblent abandonnés et réoccupés jusqu’au IIIème siècle. L’occupation antérieure reste encore à définir plus précisément.
De nouvelles recherches ont été lancées sur ce secteur, qui ont vu la réouverture de la tranchée de 1990 et dont les résultats n’avaient pas été publiés, ainsi que l’ouverture de deux sondages dans le péribole. Le but était de tester la stratigraphie ainsi que l’état de conservation des vestiges, tout en permettant d’appréhender les techniques de fouilles des années 1930.
Tranchée A
Ce sondage est la reprise de la tranchée ouverte par J.-M. Sauget. Il s’agit d’une tranchée de 4 m de large environ, pour 40 m de long, recoupant les deux temples au centre de leur cella. Ce sondage a permis la mise au net des diverses stratigraphies ou empilement des diverses couches pour l’élaboration des temples. Il apparaît donc que la cella est le premier élément construit, puis vient ensuite la galerie, peut-être 10 ou 15 ans plus tard, avec peut être d’abord un état de la galerie en matériaux légers.
Dans la cella du temple sud, une favissa (fosse permettant le rejet d’élément appartenant au fonctionnement du sanctuaire) conservait différents éléments d’architecture et de sculpture.
Sondage B
Ce sondage dans l’angle nord-est du sanctuaire a permis de voir que la construction de la branche nord du péribole est très complexe et présente plusieurs phases de remaniements. Il a aussi permis de voir les techniques de fouilles utilisées dans les années 1930. Il s’agissait à l’époque de rechercher les murs et de les suivre jusqu’à leur base. Ces murs ne sont pas démontés mais leur dégagement complet ne permet plus à l’heure actuelle de voir la liaison entre ces murs et les niveaux de sols adjacents.
De plus, il faut préciser que différents états des murs étaient ainsi mis au jour sans distinction.
Le sondage B a vu la mise au jour de trois phases de construction, permettant la création d’une galerie présentant sans doute une colonnade entre la galerie et la cour. Cette galerie présente divers niveaux de sols qui se superposent.
À l’intérieur de la cour, le sol sans doute pavé est percé par une autre favissa dans laquelle se trouve un nombre important de céramique, ainsi que de la faune, dans élément de miroir et une fibule.
Sondage C
Ce sondage a été effectué dans l’angle sud-est du sanctuaire à un emplacement où aucune fouille ancienne ne semblait avoir été effectuée.
Ce niveau est très perturbé par les structures postérieures : l’installation d’un mur de terrasse sur le mur romain, ainsi qu’une fosse moderne n’ont permis de distinguer qu’un seul mur très clairement. Le niveau géologique étant très haut à ce niveau, la conservation n’est donc pas assurée.
Cet angle est bien moins conservé. Seules deux phases semblent pouvoir être distinguées, sans doute la construction des dernières phases a conduit à la destruction des structures antérieures. Néanmoins, ce secteur présente une originalité. En effet, le mur de façade Est est construit à l’aide d’assises de tuiles, ce qui plaide pour une élévation en matériaux légers, et non une colonnade telle que l’on peut voir sur la façade ouest.
L’ensemble est recouvert par le niveau de démolition de la galerie, niveau composé d’éléments de la toiture effondrée en place. Ce niveau recouvre le niveau de circulation de la galerie.
Pour en savoir plus
Sur le site de l’ARAFA :
- Toponymie et historiographie
- 1995-1996 – Les fouilles des camps de César
- 2001 – Fouille du rempart
- 2002 – Fouille du rempart
- 2003 – Fouille du rempart
- 2004 – Fouille du rempart
- 2004 – L’histoire d’une portion du rempart
- 2005 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du rempart
- 2006 – Fouille du sanctuaire
- 2007 – Fouille du rempart
Liens externes :
- Gergovie à tout prix… Émission de France culture, daté du 17 avril 2021. Avec Vincent Guichard (Protohistorien, directeur général du centre archéologique Européen du Mont Beuvray) et Yann Deberge (Protohistorien, archéologue à l’Inrap)
- Site web du musée de Gergovie